[Histoire] Il y a 70 ans les pilotes de la France Libre affrontait la Luftwaffe

Cette fin de mois d’avril 2012 marque le 70ème anniversaire de l’engagement du N°340 Squadron, une unité très particulière de la Royal Air Force puisque composée exclusivement de pilotes français ayant pu fuite après l’invasion allemande de leur pays. Après une période d’acclimatation qui les conduisit bien souvent à totalement réapprendre les bases du pilotage d’un avion de chasse ils furent envoyés à Turnhouse en Ecosse où leur unité fut créée. Nous sommes alors en novembre 1941.

A cette époque, le N°340 Squadron volait sur Supermarine Spitfire Mk-I et les pilotes devaient s’habituer à ce nouvel avion assez différent des machines sur lesquelles ils avaient volés au sein de l’Armée de l’Air. Leur entraînement dura plusieurs mois, de longs mois pour des pilotes qui souhaitaient vivement en découdre avec la Luftwaffe, et notamment ses Messerschmitt Bf-109 qui leur avaient fait tant de mal dans le ciel de France de 1940.

Aussi quel ne fut pas leur soulagement quand l’unité fut enfin déclarée opérationnelle le 8 avril 1942 sur la base de Redhill dans la banlieue sud de Londres. Pour la petite histoire, ce terrain d’aviation existe toujours actuellement puisqu’il abrite l’aéroport international de Gatwick. Les pilotes français y commencèrent leurs vols de protection de l’espace aérien britannique. Les Spitfire du N°340 Squadron subirent plusieurs pertes dès les premières semaines d’engagement, mais pas plus qu’une unité classique de la RAF. En juillet 1942, ces Français firent mouvement vers la célèbre base aérienne de Biggin Hill, à quelques kilomètres seulement de Redhill.

Ce saut de puce changea pourtant en profondeur la mission du N°340 Squadron puisque cette unité était désormais chargée, non plus de protéger Londres, mais le sud de l’Angleterre et les ports britanniques sur la Manche. Lors de leurs missions, de nombreux Français libres survolaient leur pays occupé par les Nazis. Pourtant en mars 1943, l’escadrille fut renvoyée à Turnhouse, non pour de nouveaux entraînements mais pour des escortes des appareils du Coastal Command qui réalisaient des missions de lutte contre les navires et submersibles de la Kriegsmarine en mer du Nord. Ces missions souvent longues et harassantes permirent cependant aux pilotes français d’engranger de précieuses heures de vol, loin de tous chasseurs allemands.

Leur sort changea lors de leur retour à Biggin Hill en avril 1944. En effet, trois ans quasiment jour pour jour après sa mise sur pied, le N°340 Squadron fut chargé d’une nouvelle mission qui consistait à harceler les aérodromes allemands installés le long du littoral français de la Manche. Les pilotes de la France Libre prenaient ainsi part aux préparatifs du Débarquement qui devait libéré leur pays du joug nazi. Au matin du 6 juin 1944 les pilotes français étaient, aux côtés de leurs frères d’armes britanniques, dans le ciel normand à affronter les rares chasseurs allemands qui résistaient encore.

Par la suite, l’unité déménagea sur plusieurs terrains aménagés ça et là, tout en conservant son « pied à terre » de Biggin Hill. Le 25 novembre 1945, soit environ six mois après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les pilotes furent enfin « rendus » à l’Armée de l’Air et le N°340 Squadron fut démantelé. Ils rejoignirent tous l’Escadron de Chasse 2/5 Ile de France, lequel reprit immédiatement les traditions de leur ancien « squadron ». Ils en profitèrent pour troquer leurs Spitfire LF Mk-XVI pour des Bell P-63 Kingcobra à peine plus modernes.

Pour son action durant la Seconde Guerre mondiale, et notamment sa contribution à la Libération de la France, le N°340 Squadron reçut, après guerre, la Légion d’Honneur, la Médaille Militaire, et la Croix de la Libération. Le Squadron est crédité de 37 à 42 avions allemands abattus, et un demi millier de véhicules terrestres détruits, le tout en un peu plus de 7 800 sorties de combat opérationnelles. Durant le conflit, trente pilotes français de cette unité perdirent la vie du fait de combat contre l’aviation allemande. Cet hommage est dédié à leur mémoire, et à celle de tous les pilotes français libres.

De nos jours, la mémoire de ces hauts faits d’arme reste vive dans l’Armée de l’Air, même si l’Escadron de Chasse 2/5, actuellement sur Dassault Mirage 2000-C, vie des heures difficiles avec la mise en sommeil de deux de ses trois escadrilles.

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Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

3 réponses

  1. Ah Biggin Hil ! Ça me rappelle l’autre groupe, le 341. Plus vieux mais avec de sacrés bons pilotes. Avec Mouchotte, Bourdier, Martell et sans oublier évidemment le duo Remlinger Clostermann. D’ailleurs ce que j’aime beaucoup chez Clostermann c’est sa traversée du désert après la mort de Mouchotte. Ou il est « viré » du Alsace pour se retrouver avec les pilotes du Commonwealth et où il devient un chef d’escadrille. Son parcours force le respect.

  2. Entièrement d’accord avec Brian et Tonton coïncidence je viens de relire « Le grand Cirque »un chef d’oeuvre pourtant je l’avais déjà lu par le passer et en rangeant ma bibliothèque d’aviation je redécouvert cet excellent livre
    .Et dans la foulée je relis « Normandie-Niemen » autre chef d’oeuvre . Comme dit Tonton Respect à tous ces hommes pilotes ,mécaniciens et j’en oublie vous m’excuserez.

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