British Airways stigmatise les gens trop gros

On le sait l’obésité, et notamment l’obésité morbide, est un des fléaux de santé publique de notre société. Mais quand en plus viennent se greffer aux soucis du quotidien pour les obèses l’impossibilité de se déplacer, la situation devient intolérable. C’est la mésaventure que vient de vivre Kevin Chenais un jeune Français de 22 ans. Kevin pèse 230 kg, et vient de subir un traitement lourd aux États-Unis, à Chicago pour être exact. Pour rentrer en France le jeune homme devait emprunter un vol avec la compagnie britannique British Airways. Seulement voilà celle-ci refuse de le transporter.

Nulle question d’argent là-dessous? Pas si sûr car la famille de Kevin avait payé les billets pour lui et sa maman. Mais la compagnie britannique a refusé d’allouer à Kevin les deux ou trois sièges nécessaires à son transport. Deux ou trois sièges pour le prix d’un seul, ça ressemble furieusement à un problème bassement matérialiste et financier. Quoi qu’il en soit la famille Chenais a été remboursé mais Kevin est désormais obligé de traversé l’Atlantique en bateau. Les paquebots eux peuvent l’accueillir mais au prix d’une traversée bien plus longue qu’avec un avion de ligne.

Donc voilà mon coup de gueule contre une compagnie aérienne qui se permet de rejeter des passagers pour cause de handicap. Mais dans quelle société vit on ? Le rêve des frères Wright de voir l’aéronautique au profit du plus grand nombre est bafoué par les dirigeants de British Airways. Pis ces financiers ajoutent à la difficulté de vie de Kevin une médiatisation dont le jeune homme se serait sûrement fort bien passé. Mais ce fait divers n’est malheureusement pas un cas isolé, chaque année des cas similaires sont relevés, alors même que l’obésité continue de frapper de plus en plus de gens. Des passagers qu’il faut bien transporter dignement. Sommes nous tous devenus de simples numéros de sièges ?

Même si je ne peux pas me mettre à la place de Kevin avec mes mensurations assez classiques (1 m 96 pour 105 kg) je reconnais que parfois les compagnies aériennes poussent le bouchon un peu loin au niveau place d’avions. J’emprunte parfois les vols intérieurs français, et je me souviens récemment d’un Paris-Hyères sur A319 et d’un Toulouse-Paris sur A321 où je peinais à trouver de la place pour mes gambettes. Alors j’imagine que les gens obèses doivent vivre le voyage comme un parcours du combattant. Nous devons, nous passagers, nous battre pour faire changer ça. Que tout le monde puisse, au même tarif, et quelque soit notre poids, emprunter les vols dans les mêmes conditions. Ce coup de gueule est dédié à Kevin Chenais et à toutes les personnes qui parce qu’elles sont obèses ont eu à subir les affres du transport aérien contemporain.

Photo (c) AFP

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

7 réponses

  1. Bonjour,

    Juste une précision, on croit souvent que l’obésité est dû à un excès de mauvaise nourriture. Dans le cas de Kevin ce sont des dérèglement hormonaux qui ont causé cet obésité ( beaucoup de médias ont oublié de citer ce détail ).

    Sur tout ça, surtout continuez à mettre des pages sur ces « drôles de machines » qui nous font toujours rêver et à nous tenir informer de ce qui se passe dans le monde de l’aviation.

    Un gamin de 40 ans qui rêve toujours de monter dans le cockpit d’un SR71 ( surnommé « Habu » si ma mémoire est bonne )

    1. Oui en effet il est nécessaire d’apporter la précision sur l’origine de l’obésité de Kevin. J’ai lu d’ailleurs sur certains sites de presse et sur des réseaux sociaux des réactions d’internautes que j’ai jugé largement honteuses, prenant la défense de la compagnie aérienne et non celle de ce jeune homme.

      Concernant votre envie de monter dans un cockpit de Habu (du nom d’une vipère qui vivait à proximité de la base où étaient stationnés les Blackbird) je la partage pleinement.

  2. J’ai bien peur qu’on me taxe de propos honteux et d’être l’avocat du diable…

    Je ne connais pas tous les tenants et les aboutissants de cette affaire, mais comme vous dites dans vos commentaires vouloir apporter des précisions sur cette affaire, en voici quelques-unes.

    British Airways a officiellement refusé l’accès à bord à Kevin pour raisons de sécurité. Cela me semble inconcevable qu’on lui ait dit « vous êtes trop gros ». Quel intérêt aurait BA à se faire une aussi mauvaise pub pour économiser deux ou trois sièges? Ca n’aurait aucun sens. Il est évident que BA a perdu quelques clients dans cette histoire, qui choisiront une autre compagnie suite au scandale. On peut donc exclure que BA l’ait refusé pour économiser le prix d’un ou deux sièges. Ca n’a aucun sens.

    Il serait par contre bien utile de préciser d’autres facteurs qui ont probablement joué dans la décision de BA: en effet, Kevin se déplace en chaise roulante, est sous assistance respiratoire et requiert une surveillance médicale constante.

    La règlementation en matières de transport aérien n’autorise que certains appareils d’assistance respiratoire agréés à être embarqués, pour des raisons de sécurité évidente. La presse ne mentionne nulle part ce « détail ».

    Pour ma part, il me semble que British Airways a probablement refusé d’embarquer Kevin car sa sécurité et celles des autres passagers ne pouvait pas être assurée correctement. Si c’est bien le cas, elle a eu parfaitement raison. L’accepter à bord simplement pour éviter le buzz et la mauvaise image aurait été irresponsable vis-à-vis des autres passagers du vol.

    Si je tiens ces propos, c’est parce qu’en lisant l’article, j’ai souhaité en savoir plus sur le sujet. Quelques recherches sur Google m’ont permis d’en apprendre et de me faire une idée différente.

    Quelques liens au sujet des restrictions concernant les personnes sous assistance respiratoire, pour ceux qui jugeraient que la question mérite un approfondissement:

    http://www.rirlorraine.org/rirlor/jsp/site/Portal.jsp?page_id=76
    http://seniortravel.about.com/od/airtravel/a/PortableOxygen.htm

    On peut bien sûr discuter des problèmes que cela pose pour les personnes concernées, mais il me semble que ces règles existent pour assurer la sécurité de tous les voyageurs, et qu’elles ont leur raison d’être…

    Conclure, sans se pencher plus sur la question, que British Airways « stigmatise les gens trop gros » me semble être un raccourci fort regrettable.

    1. Bonsoir,

      Globalement je suis d’accord avec toi, j’imagine que la bouteille servant à alimenter l’appareil respiratoire est le noeud du problème ( de par les possibilité de fuite et d’explosion de la bouteille souvent remplie d’oxygène un gaz inflammable ) et les gars qui ont repris l’article d’origine ont oublié de vérifier ce « léger » détail.

      Mais la discrimination des « gros » n’est pas une science fiction dans le monde aérien.

      http://abcnews.go.com/Travel/fat-fly-passenger-sues-southwest-airlines-discriminatory-actions/story?id=16271932
      http://news.softpedia.com/news/United-Airlines-Announces-Fat-Tax-for-Obese-Passengers-111231.shtml
      http://www.economist.com/blogs/gulliver/2012/11/obese-flyers

    2. Je conçois votre point de vue Bertrand, mais même votre argumentaire, ne m’enlèvera pas de la tête que cette compagnie, comme d’autres avant elle, a été en premier géner pour des raisons financières. Trois places pour le prix d’une, dans un monde aussi mercantile que le notre, c’est du gâchis pour BA et ses actionnaires. Bien sûr que cela pose des questions en matière de sécurité, mais notre société ne doit elle pas aider au maximum ceux qui souffrent ? Ma mentalité me pousse à penser qu’il ai plus important d’aider les gens en difficulté que de faire enfler le compte en banque des grandes entreprises et des actionnaires. Pour moi Kévin est plus important dans cette affaire que la finance de BA.

      1. @Arnaud:

        Je suis d’accord avec vous sur le fond: si (et seulement si) BA a interdit l’accès à bord à Kevin pour des raisons financières, c’est déplorable.

        Mais cette hypothèse ne me semble pas crédible pour une raison simple. Mettons-nous à la place de BA en refusant l’accès à bord à Kevin:

        Avantage: économiser le prix d’un seul siège, peut-être deux. Ils n’auront gagné que quelques centaines d’euros, en supposant que ces places aient été vendues (ce qui est incertain). Le gain est dans le meilleurs des cas de quelques centaines d’euros.

        Désavantages: « buzz » et répercussions désastreuses en terme d’image de marque, très dommageable pour BA. Etant donné le battage médiatique autour de cette affaire, il me semble évident qu’un certain nombre de personnes vont boycotter BA, au moins temporairement. Ce manque à gagner est par définition impossible à chiffrer exactement, mais sera dans tous les cas plus important que la maigre économie réalisée en refusant l’accès à Kevin. Il suffit qu’une ou deux personnes boycottent BA à cause de cette affaire pour qu’ils y perdent, et je pense qu’il y en aura bien plus que deux.

        Conclusion: La solution de facilité, celle qui aurait couté le moins cher, était de laisser Kevin embarquer… Posons-nous donc la question: pourquoi ne l’ont-ils pas fait?

        De mon point de vue, deux possibilités:

        * incompétence flagrante et manque de clairvoyance du personnel et de la direction de BA, incapables d’imaginer des répercussions pourtant évidentes. Ca semble très peu probable.

        * on a refusé Kevin pour une autre raison, probablement une question de sécurité et de règlementation, ce qui serait légitime et logique.

        Je penche donc pour la seconde hypothèse…

        Les medias, qui ont fait grand cas de cette affaire, ne donnent que peu de détails et cherchent surtout à vendre en générant de l’indignation. S’il faut s’en prendre au mercantilisme de certains, je commencerais volontiers par eux. Rien n’est plus facile que de « présenter » les faits d’une certaine manière, au détriment de la vérité.

        Pour le reste, je suis bien conscient que certaines compagnies aériennes font payer au poids et/ou ont des pratiques discutables. Mais dans ce cas précis, je trouve injuste de ranger BA dans cette catégorie au vu d’une affaire dont on ne connaît qu’une partie. J’ai l’impression que cette compagnie s’est retrouvée « coincée » entre une règlementation nécessaire et un situation humaine délicate.

        Bertrand

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