Il y a 50 ans naissait la dissuasion nucléaire française

Il fait encore assez beau en ce matin du 8 octobre 1964 lorsque sur la Base Aérienne 118 de Mont-de-Marsan décolle un bombardier biréacteur supersonique Dassault Mirage IV-A, accompagné d’un ravitailleur en vol Boeing C-135F. Tous deux sont alors parmi les avions les plus modernes de l’arsenal de l’Armée de l’Air.
Le bombardier français n’emporte qu’une seule et unique arme, une bombe AN-11 semi-encastré sous son fuselage. La portée historique, militaire, et politique de ce décollage est alors énorme. En effet l’AN-11 est une arme nucléaire d’une puissance de soixante kilotonnes. La dissuasion nucléaire française est désormais opérationnelle.

Pour s’arracher du plancher des vaches le Mirage IV-A utilise dix fusées d’appoint JATO installées sous la voilure. Il faut imaginer le bruit de ceux ci couplés aux deux puissants réacteurs Atar 9K développant chacun sept tonnes de poussée avec la postcombustion allumée : ça devait vous exploser les tympans !!!

Dans le même temps un Boeing C-135F (F pour France) prend également les airs. Il doit pouvoir le cas échéant ravitailler le bombardier avant que celui-ci ne se jette dans sa mission offensive : frapper l’Union Soviétique ou un de ses état satellites au moyen de sa bombe nucléaire. Selon les standards français de l’époque la bombe AN-11 aurait été létale pour une population civile de 80 millions de personnes.
C’était aussi ça la guerre froide.

Bien évidemment ce 8 octobre 1964 la France n’a pas bombardé l’Union Soviétique, ni d’ailleurs les années suivantes. Mais la dissuasion nucléaire française initiée par le Président de la République René Coty est devenue une réalité sous la présidence de son successeur Charles de Gaulle. Et depuis tous les chefs d’état de la Cinquième République ont su faire fructifier cette arme. Alors certes sous la présidence de François Mitterrand, en 1990, la guerre froide s’est finie mais pas la dissuasion nucléaire.

Aujourd’hui elle existe encore, les Mirage IV-A ne volent plus, les Boeing C-135F sont devenus des C-135FR et ce sont donc désormais des Mirage 2000N et des Rafale B qui prennent l’alerte, toujours depuis Mont-de-Marsan. Les bombes ont laissé la place à des missiles. Mais la dissuasion demeure une mission à part.

Pour l’occasion, Mirage 2000N et Rafale se sont parées d’une livrée spéciale « 50 ans des FAS ».

Photo © Photothèque du Musée de l’Air et de l’Espace & Blog le mammouth

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

7 réponses

  1. C’est bien la preuve qu’avant la France avait des couilles d’avoir un bombardier nucléaire pour tuer les communistes.

      1. Rien,juste rire un bon coup xD Il devient quoi Mickael ? On l’entend moins l’ouvrir depuis un moment .
        C’est pas qu’il me manque mais ses commentaires étaient ridiculesement drôles xD

  2. Bonsoir,

    savez-vous pourquoi le Mirage IV à besoin d’autant de fusées pour décoller? N’est-il pas capable de décoller et de soulever le poids de la bombe tout seul? Est-ce lié à un impératif de rapidité?

    Merci pour vos précisions

    1. Bonjour

      Les décollages JATO sur les Mirage IVA et ensuite les Mirage IVP sont pour les Alerte, ils devaient décoller très rapidement
      Cordialement

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