Les hélicoptères russes sont-ils vraiment sûrs ?

Voilà une question qu’on est en droit de se poser. Ou pour développer un peu plus la question, les autorités russes contrôlent-elles vraiment le parc de voilures tournantes dans le pays, notamment les machines civiles ? Aux vues des récents drames qui en ont endeuillé la Russie on est vraiment en droit de s’interroger sur le sujet.

Alors disons-le très clairement les accidents d’hélicoptères n’intéressent généralement pas grand monde, et notamment dans les médias. Ils sont moins impressionnants que les crashs d’avions de ligne, générant moins de victimes. Pour autant ils n’en sont pas moins meurtrier. En effet si un avion de ligne peut se poser en urgence en cas d’avarie majeure, une voilure tournante elle n’a pas d’autres possibilités que de chuter. On a jamais vu planer un hélicoptère après tout.

Cet Eurocopter EC130B4 représente la percée des hélicoptéristes occidentaux en Russie, une percée encore faible cependant.
Cet Eurocopter EC130B4 représente la percée des hélicoptéristes occidentaux en Russie, une percée encore faible cependant.

Et force est de constater que depuis quelques semaines les hélicoptères russes ont une fâcheuse tendance à s’écraser. Rien qu’au cours des six dernières semaines trois accidents majeurs ont causé la mort de onze personnes, et en a blessé au moins autant. Bon d’accord ces accidents se sont passés dans des régions reculées, loin de toute exposition médiatique. Cependant il n’en reste pas moins qu’ils ont bel et bien eu lieu.

Ainsi le 2 novembre 2014 un Mil Mi-8 civil s’écrase au beau milieu de la péninsule sibérienne de Yamal causant la mort de ses quatre membres d’équipages. L’hélicoptère transportait du fret destiné à ravitailler des populations nomades de la région. Moins de trois semaines plus tard, le 20 novembre c’est un autre Mi-8 appartenant cette fois ci au ministère des situations d’urgence qui se crashe près de la ville de Nijni-Novgorod dans l’ouest de la Russie, à moins de 500 kilomètres de Moscou. L’accident tue les deux membres d’équipage et trois des six passagers de l’appareil. Enfin ce 7 décembre 2014 un troisième Mil Mi-8 s’est écrasé dans le nord du pays tuant deux des six personnes à bord.

Selon l’ONG russe Memorial le niveau de sécurité des hélicoptères civils serait catastrophique. Cependant il faut savoir qu’aucun chiffre officielle ne semble exister, ou alors ils sont ahurissants. En effet les causes de ces accidents semblent toujours liées à la météo ou alors à l’inexpérience des pilotes. À aucun moment le ministère russe des transport ne semble incriminer des défauts d’inspection, voire des carences propres aux appareils.

Toujours selon Memorial la Russie entretiendrait entre 1150 et 1250 hélicoptères civils privés, dont plus des trois quarts seraient des machines issues de l’ère soviétiques et dont l’état réel reste un mystère. Il faut cependant voir que depuis quelques années des constructeurs comme AgustaWestland, Airbus Helicopter (et auparavant Eurocopter), ou encore Bell semblent conquérir ce marché. Au point même qu’Eurocopter avait vendu des EC145 à ce même ministère des situation d’urgence. Des hélicoptères qui localement servent à l’évacuation sanitaire et aux interventions lors de catastrophes naturelles.

Il est à noter que bon nombre des Mi-8, mais également des Mil Mi-4, Mi-26, ou Kamov Ka-26 civils russes sont d’anciens appareils militaires, ou bien des hélicoptères ayant porté jadis les couleurs de la compagnie nationale soviétique Aeroflot. D’après l’ONG les accidents d’hélicoptères civils auraient tué plus de 400 personnes au cours des cinq dernières années en Russie, soit l’équivalent du crash d’un Boeing 747-400. un crash qui pour le coup aurait été relaté par tous les médias dans le monde, et ce pendant plusieurs jours.

Un Mil Mi-8 civil russe qui masque bien mal son ancien appartenance à l'Aeroflot. Son état général donnerait des sueurs froides à plus d'un expert aéronautique européen.
Un Mil Mi-8 civil russe qui masque bien mal son ancienne appartenance à l’Aeroflot. Son état général donnerait des sueurs froides à plus d’un expert aéronautique européen.

Mais l’un des silences les plus assourdissants est sûrement celui qui provient de Montréal, du siège de l’OACI. L’Organisation de l’Aviation Civile Internationale ne semble pas particulièrement prendre le cas des hélicoptères civils russes très au sérieux. Ou alors peut-être sont-ce là les limites de cette organisation dont la Russie est membre, mais surtout représentée au Conseil, l’organe central de direction.

Alors la Russie respecte t-elle les règles élémentaires en matières de sécurité aérienne ? Je serais tenté de dire oui, mais jusqu’à quel point ? La Russie est-elle transparente sur ses accidents aériens ? Là par contre je pense que non, les vieilles habitudes héritées de l’URSS semblent bien tenaces. Les hélicoptères civils évoluant actuellement en Russie sont-ils inquiétants ? En l’absence d’une expertise indépendante je m’abstiendrais d’émettre des hypothèses. Irais-je faire un tour à bord d’un de ces appareils si on me le proposait ? Même pour tout l’or du monde ce serait non, courageux je veux bien l’être, mais certainement pas téméraire.

Photos © AFP & Memorial.

 

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Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

10 réponses

  1. L’OACI semble ne concerner que les vols internationaux, ce qui élimine une bonne partie des hélicoptères. C’est peut-être la raison.

    1. le souci de la Russie c’est que c’est une fédérations de « républiques » supposées indépendantes les unes des autres, c’est pourquoi je parlais de l’OACI. 😉

  2. J’ai vu évoluer un MiL Mi-17-V5 sous la dénomination CH-178, utilisé par les forces canadienne en Afghanistan et ces appareilles sont extrêmement solide, si bien entretenu… Et la est le problème. Si ceux louer par les FC était entretenu comme les notres, il n’est pas certains que les pme russes en fasse de même. En 2008 j’ai eu la chance de discuter avec 2 ex pilote russe immigré au Canada, et si leurs dirent sont vrai, jamais vous me verrez monté a bord d’un hélico civil en Russie.

    Toutefois, il faut relativisé cela car au Canada, malgré des normes stricte sur le papier, les écrasement d’hélicoptères et de petits avions privé causé par la négligence du proprio ne sont pas si rare.

    Pour finir, si l’hélico ne plane pas, il peut se mettre en auto rotation et réussir un atterrissage douloureux mais pas mortel.

    1. J’irais pas mettre un Hip en autorotation, déjà avec un hélico américain ou européen c’est la mort quasi assurée à bord, ou alors des lésions très graves, mais avec un appareil russe ou ex-soviétique, autant aller directement se vautrer dans une fosse commune.

      1. mon cher Arnaud, j’ai déjà effectué une autorotation en Ecureuil monturbine lors de vols de controles après visites régulières et tout se passe bien: certes les hélicos russes, ont la réputation d etre mal entretenus car le matériel est souvent martyrisé comparé à nous autres occidentaux, et j’ai déjà vu des Antonov 2 colt dans de piteux états et cela ne les empechent pas de voler! il ne faudrait jeter l’eau du bain et le bébé avec!))

  3. La mort assurée en auto-rotation, si c’était le cas, on en entendrait parler beaucoup plus souvent.
    Les manoeuvres d’auto-rotation sont un passage obligé pour les pilotes d’hélicoptères passant une licence ,notamment mono-turbine.

    L’auto-rotation consiste à convertir l’altitude en vitesse horizontale. Si la chute continue, la vitesse horizontale permet de créer un flux d’air porteur qui freinera la descente. Arrivée près du sol, le pilote doit ralentir sa vitesse horizontale et verticale, pour poser en relative douceur. Pour cela un arrondi bien appuyé sera nécessaire. La difficulté c’est le timing. Arrondi trop tard, c’est le crash. Trop tôt, c’est le décrochage et la rechute.

    1. voilà tout est dit et expliqué par Seb ,apparemment Arnaud laisse ses préjugés sur l’hélico influencer son article c’est dommage! quand à mon autorotation ,elle s’est effectuée sans crash car dans mon commentaire j’avais indiqué « tout se passe bien »(je dois parler le québécois ou le belge). De plus, dans le cas contraire , je ne serais pas là pour en parler(ou l’écrire).

  4. Les hélicoptères Russes sont robuste. Le problème, c’est qu’ils ne passent pas autant de temps dans les garages que nos hélicoptères, sont beaucoup moins bien entretenus, et sont utilisés dans des conditions climatiques bien plus extrêmes qu’en Europe.

    1. C’est clair que les hélicos russes ne donnent pas envie de monter à bord. Je préfère un Eurocopter EC-225 à un Mil Mi-17, je me sentirais plus en sécurité.

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