La Turquie va t-elle rejoindre la coalition internationale contre Daech ?

Alors que le pouvoir d’Ankara a longtemps été taxé de laxisme (et même parfois de largesses) vis à vis des djihadistes de Daech, il semble bien qu’il ait changé son fusil d’épaule. Non seulement trois de ses avions de combat viennent de réaliser un raid aérien au-dessus de la Syrie contre l’autoproclamé État Islamique, mais de surcroit les dirigeants turcs viennent d’apporter une aide politique et diplomatique de premier plan aux États-Unis dans cette guerre. Les aéronefs en question sont bien entendu des General Dynamics F-16C Fighting Falcon. Ces frappes ont notamment visé un poste de commandement avancé de l’organisation terroriste.

C’est ce vendredi 24 juillet 2015 au matin que les trois F-16 ont mené ce raid non loin de la frontière commune entre la Turquie et la Syrie , mais dans l’espace aérien de ce dernier pays. Il s’agit officiellement de la première action de guerre de l’aviation turque contre Daech depuis le déclenchement de l’opération internationale en septembre dernier. Il semblerait qu’elle ait été décidé par les autorités centrales suite à l’assassinat par les terroristes islamistes d’un sous-officier de l’armée turque il y a quelques jours.

Les trois avions de combat ont tiré plusieurs missiles air-sol, peut être des AGM-65 Maverick, contre les forces ennemies regroupées dans le village syrien de Havar à quelques kilomètres seulement de la frontière turque. On ignore encore actuellement le nombre exacte de missiles lancés, et si des bombes guidées ont également été tirées.  Outre un poste de commandement avancé, l’aviation turque revendique la destruction d’un point de ravitaillement en armes et en carburant, névralgique pour les forces terroristes.
Bien évidemment les chasseurs-bombardiers sont rentrés à leur base sans avoir rencontré la moindre résistance.

Dans le même temps on a appris que le parlement turc avait donné son aval pour que les Américains puissent utilisés les installations de Incirlik AB. La célèbre base de l’OTAN était jusque là resté absente des opérations contre Daech, pour des raisons diplomatiques. L’US Air Force pourra donc y stationner certains de ses avions de combat mais aussi les avions de transport et de soutien opérationnel.
C’est un confort supplémentaire pour les équipages américains qui seront à bonne distance de la sphère d’influence des djihadistes. En effet Incirlik est une des bases de l’OTAN les mieux protégées, un véritable sanctuaire.

Il reste une inconnue : jusqu’où la Turquie ira t-elle dans sa guerre contre l’autoproclamé État Islamique ? Rejoindra t-elle la coalition internationale aux côtés des Américains, Britanniques, Canadiens, et Français pour ne citer qu’eux, ou bien décidera t-elle de jouer cavalier seul, un peu comme les Iraniens. Les semaines à venir seront décisives pour répondre à cette question.

Photo © OTAN.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

3 réponses

  1. Certaines sources parlent également d’objectifs du PKK bombardés lors de ces 2 premières séries de raids aériens, en corrélation avec les coups de filets antiterroristes qui eux ne se sont pas limités à Daesh.
    C’est là toute l’ambivalence de la chose, car l’inaction (voire le soutien suspecté) du gouvernement turc durant les dernières années a permis au PKK et à l’EI de prospérer, car une intervention affirmée contre l’EI en Syrie allait de fait profiter au régime de Damas qu’Erdogan ne soutient absolument pas (preuve en est les tensions latentes et les quelques appareils abattus dans des disputes d’espace aérien entre les deux pays depuis quelques années…). « Laisser faire les ennemis de nos ennemis », en somme.

    Mais il semblerait que l’actualité chaude avec les attentats de l’EI puis du PKK sur son propre sol ait enfin forcé le gouvernement turc à choisir le moins mauvais parti, du moins vis-à-vis de son opinion publique et ses alliés de l’OTAN qui restaient, il faut le dire, comme deux ronds de flan devant cette passivité.
    A suivre, surtout vis-à-vis du contingent qui sera déployé sur la base d’Incirlik ; car tous les pays de la Coalition ne bombardent pas en Syrie. La France en faisant partie.

    1. Vu les objectifs des avions français, l’Armée de l’Air et la Marine Nationale n’ont aucun intérêt en effet à déplacer leurs forces vers Incirlik. Pour frapper l’Irak cette base n’est pas des plus aisées, moins en tous cas que celles que nous possédons en Jordanie et aux EAU.

  2. Il serai temps que la Turquie se décide ENFIN à rejoindre la coalition.
    La Turquie est avec la Syrie le pays le plus menacé par la progression de Daech.
    C’est bien gentil de laisser les autres faire le travaille alors que aucun des pays européens n’est directement menacé par les troupes de Daech (pour l’instant…)

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