Vers un remplacement du plus célèbre avion espion au monde

S’il est bien un vecteur de reconnaissance aérienne qui peut sembler anachronique c’est le Lockheed U-2 Dragon Lady. À l’heure des drones à long rayon d’action ce vénérable avion piloté continue pourtant d’avoir les faveurs de l’état-major américain. Malgré cela sa cellule s’use et son remplacement est désormais à l’ordre du jour, avec pourtant une question quasi existentialiste : avion piloté ou non-piloté ? La réponse finale pourrait bien en surprendre plus d’un.

Même si outre-Atlantique chacun sait qu’il n’est pas invulnérable, le Lockheed U-2 demeure un des « chouchous » des décideurs du renseignement américain. La très puissante CIA elle-même continue d’avoir recours aux images captées par ce vieux monoréacteur.

Car ne l’oublions pas le U-2 est un reliquat de la Guerre Froide, beaucoup se souviennent qu’il est même à l’origine d’un des plus gros scandales diplomatiques américano-soviétiques de cette époque quand un d’entre eux fut descendu le 1er mai 1960 au-dessus du territoire de l’URSS. Son pilote, Francis Gary Powers fut incarcéré pendant près de deux ans avant d’être « échangé » avec un agent secret du KGB.

Par la suite, et malgré que le monde entier avait connaissance de son existence, le célèbre avion espion vola partout où les agences américaines de renseignement avaient besoin de lui. On aurait pu croire que la fin du péril communiste voici vingt-cinq ans allait sceller le sort du Lockheed U-2. Il n’en fut rien. L’avion vola encore au-dessus de l’Irak, de l’ex-Yougoslavie, de l’Afghanistan, j’en passe et des meilleurs. Même la Russie post-soviétique eut certainement droit aux régulières visites de cet espion atmosphérique.

Mais voilà le Lockheed U-2 vieillit. Et pas forcément si bien que ça.En même temps il a volé pour la première fois il y a soit soixante ans, en 1955, et a commencé à servir l’Amérique deux ans plus tard.

D’où l’idée des Skunk Works, le célèbre mais ultra-secret bureau d’études de Lockheed-Martin de plancher sur un remplaçant du vénérable avion. Au passage certains soufflent aux États-Unis que l’US Air Force pourrait profiter de ce futur avion pour envoyer au rencard ses magnifiques mais sous-employés drones Northrop Grumman RQ-4 Global Hawk. Et les informations qui filtrent de Burbank en Californie laissent à supposer que le nouvel aéronef pourrait bien être… piloté.

Oui oui la puissante aviation militaire américaine qui ne jurent presque plus que par les drones pourrait bien faire machine arrière dans le cadre du remplacement du U-2. Il faut dire que ses déconvenues avec le RQ-4 sont telles que les généraux n’ont pas dû être bien difficiles à convaincre.

Alors quelle forme pourrait prendre ce futur avion ? On parle de plus en plus d’un avion « mixte », c’est-à-dire capable d’être piloté ou télépiloté suivant la configuration. Une version pilotée de la très secrète aile volante furtive sans pilote RQ-170 Sentinelle est aussi avancée. D’autres envisagent la possibilité d’un U-2 totalement rétrofité. En gros personne ne semble savoir, mais beaucoup ont leur propre opinion.

Réponse ? Quand le Pentagone et Lockheed-Martin se seront mis d’accord sur la question. Il ne faut pas oublier que Boeing, General Atomics, ou encore Northrop-Grumman pourraient vouloir jouer les trouble-fêtes dans cette histoire.

Photo © Lockheed-Martin

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

5 réponses

  1. Je le mettrais au même niveau de célébrité que le SR-71, du même constructeur d’ailleurs.
    Moi, je me pencherais pour un prolongement de ce vénérable soldat de la guerre froide, avec des travaux de rénovation côté structures.

  2. Ce sujet revient périodiquement dans les états majors US mais le U2 est toujours opérationnel et le sera encore longtemps puisque, comme le B52, il est modernisé au fil des décennies.

    1. En fait le taux de disponibilité de ces drones s’avère bien moins élevé que ce qu’espéraient les dirigeants de l’USAF. C’est entre autre pour ça que le Triton (sa version « navale ») a mis autant de temps a être développée. Au final sans être un total plantage opérationnel, le Global Hawk a beaucoup déçu ceux qui en attendaient tant de lui.

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