L’aviation alliée peut-elle contrer l’emploi de l’ypérite par Daech ?

La nouvelle a été officiellement annoncée ce lundi 15 février 2016 : les troupes de l’autoproclamé État Islamique ont eu recours au mois d’août 2015 à des frappes au moyen d’armes chimiques à l’encontre de fantassins kurdes dans la nord irakien. Le gaz utilisé est du sulfure de dichlorodiéthyle, utilisé pour la première fois durant la guerre des tranchées en 1916. Alors une question survient : comment l’aviation internationale peut-elle combattre une telle arme, et dispose t-elle dans son arsenal de la réponse adaptée ?

Mais au fait c’est quoi l’ypérite ?
Cette arme chimique est universellement connue sous deux noms : ypérite ou gaz moutarde en raison de la couleur de son nuage. C’est l’arme chimique qui dans l’inconscient collectif représente le mieux la Première Guerre mondiale et ses outrages. Utilisée aussi bien par les Allemands, les Britanniques, ou les Français (même si ces derniers s’en sont longtemps défendus) dans les tranchées l’ypérite faisait des ravages sur les systèmes pulmonaires autant que sur les dermes et épidermes. Car là est le secret de cette arme : elle n’est pas complètement létale, mais avant-tout extrêmement incapacitante.

Alors l’arsenal aérien connait un certain type d’armes destiné notamment à contrer les armes bactériologiques et chimiques, sans pour autant tomber dans le recours à l’arme atomique : les armes à surpressions thermobariques.
Longtemps appelées à tort bombes de « mélange air-carburant » ce sont les armes non nucléaires (mais tout autant non conventionnelles) les plus puissantes disponibles dans les arsenaux des grandes puissances de ce monde. Si Américains et Russes ont toujours reconnu en posséder, Britanniques et Français ne l’ont jamais publiquement admis. Il faut dire que ce sont des munitions particulièrement destructrices et au pouvoir mortel très élevé. Les deux plus (tristement) célèbres sont la FOAB russe et la MOAB américaine.

Justement l’US Air Force dispose t-elle de MOAB dans la guerre contre Daech ? Rien n’est moins sûr. Même si les bombardiers lourds Rockwell B-1B Lancer sont parfaitement adapté à son emploi, il ne semble pas que les bases américaines et/ou alliées de la région aient reçu un tel équipement.

Reste alors la Russie, mais là nous plongeons dans l’inconnu tant Moscou est toujours aussi « timide » dans sa communication sur son effort de guerre aux côté de la dictature de Bachar El-Assad.

Au final il faut bien reconnaitre que pour beaucoup d’analystes et d’experts le recours à une arme à surpression thermobarique pour détruire un stock de gaz moutarde reviendrait à chasser le sanglier au canon-mitrailleur de calibre 30mm : fun mais sans aucun intérêt stratégique tant le coût de la première est nettement plus élevé que celui de la seconde. Alors ils reste quoi ? Mystère, à moins qu’il ne reste rien.

En fait l’annonce de cet emploi d’ypérite par Daech soulève plus de questions encore qu’il n’y semble. Mais bon ce n’est pas le lieu pour cela. Sauf bien sûr quand les aviations alliées y auront trouvé une réponse adaptée.

Photo © US Air Force.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

13 réponses

  1. Dur dur de lutter contre cet ennemi sans nous transformer nous même en bouché, où est la limite à ne pas franchir tout en luttant efficacement contre IE? Cet article aéronautique souléve la question .

  2. Avec quelle avion les russes tirent ils leurs bombes Foab ? Leurs vieux Tu-26 et Tu-95 ou leurs un peu moins vieux Tu-160 ?

    1. C’est tout le problème des images en N&B des tranchées, elles ne montrent pas que les nuages sont de couleur… moutarde. Ce que vous appelez l’odeur est en fait l’irritation que provoquait ce gaz sur les bronches des poilus.

    2. Si il s’agit du gaz moutarde, il est plus connu sous le nom « ypérite »(nom de la ville d’Ypres où il a été utilisé pour la première fois en 1916 ou 17, je suis plus sur lors le « grande guerre »). Ce gaz attaque non seulement le système respiratoire mais aussi la peau en provocant de graves brûlures et des éruptions cutanées. Une bonne saloperie comme toutes les armes chimiques.

  3. Bonsoir les amis,
    Juste pour vous faire partager ma joie car je viens d’obtenir mon brevet de pilotage cette après-midi !
    Je suis comme un gosse.
    Autant le permis moto c’était quelque chose mais piloter seul, c’est quelque chose d’indescriptible.
    Je vais pouvoir emmener ma petite famille en balade, bon pas ce week-end car il est pourri mais le plus tôt possible !

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