Quelles sont les bonnes proportions de la cocarde française ?

Voilà une question farfelue que je me suis posé récemment. Lors de mes créations graphiques de la série « French Air Force » qui m’ont amené à réaliser le poster du Rafale ou l’affiche du Mirage 2000, je me suis interrogé sur le ratio précis de la taille des disques concentriques de la cocarde de l’Armée de l’Air.

De la question aux abords purement techniques, je me suis lancé dans la recherche des dimensions ou proportions officielles de la cocarde tricolore apposée sur les avions de combat français. A vrai dire, je n’ai pas trouvé grand chose, enfin pour la période actuelle. Car dès qu’il s’agit de remonter dans l’histoire de l’aviation, on trouve finalement beaucoup plus de choses. Chose étonnante, on obtient également plus de résultat en langue anglaise, car la cocarde britannique est souvent associée et comparée à celle de notre armée, mais j’y reviendrai.

Du coup, afin de vérifier les données glanées ça et là, j’ai tout simplement calculé les rapports avec les clichés de cocardes françaises que j’avais sous la main. En prenant ma règle numérique et en faisant mes produits en croix (pardon, il faut dire « tableau de proportionnalités » maintenant), j’ai pu confirmer les bons ratios.

proportions-cocarde-francaiseAlors qu’ai-je conclue de mes recherches ? En fait, les proportions de la cocarde tricolore de l’armée de l’air française sont aujourd’hui extrêmement simples : le ratio est le suivant 3:2:1. C’est-à-dire que pour un cercle bleu central, le cercle blanc à un rayon 2 fois plus grand et celui extérieur en rouge un rayon 3 fois plus grand.

Tadaaa !

Alors oui, j’en entends déjà dire : « Tout ça pour ça ?! » ou « Tu parles d’une nouvelle, c’était évident !« . Peut-être, mais attention ! Je dirai dans un premier temps que cela n’a pas toujours été le cas dans l’histoire de l’aviation militaire française. Mais j’ajouterai aussi que toutes les cocardes à trois ronds n’ont pas les mêmes proportions dans d’autres forces aériennes. Et ça, on ne s’en rend pas vraiment compte au premier coup d’oeil.

Evolution de la cocarde tricolore de 1912 à 1944
Evolution de la cocarde tricolore de 1912 à 1944 – © cocardes.com

Historiquement, la cocarde de l’armée de l’air a peu évolué. Je ne rentrerais pas dans les détails (vous pouvez lire cet article fort intéressant) mais les proportions 1/3, 1/3 et 1/3 pour chacune des trois couleurs datent tout de même de 1933 (cocarde n°2 ci-dessus). Ainsi la cocarde mise en application en 1912 et qui est restée utilisée jusque dans les années 20 possédait des proportions différentes. La cocarde de Vichy avait un liseré blanc et bande horizontale (3). Une cocarde RAF avec couleur inversée peinte sur de nombreux avions français sous comandement RAF fit son apparition progressivement à partir de 1943 (4) avec quelques variantes (5). Celles-ci furent repeintes avec le « vrai » bleu français (6) sur les avions de chasse français ex-RAF après 1945.

cocarde-france-dimensions
Cocarde Mirage F1C époque 1974

A partir de 1945, la cocarde française adopte un liseré jaune qui deviendra le standard de l’après-guerre. J’ai retrouvé à cette période un document précisant les proportions exactes: « R étant le rayon de la circonférence extérieure de la cocarde, bordure jaune non comprise, les rayons de circonférences séparant les bandes de couleur différentes sont: R/3, 2R/3, R ». C’est pourtant clair, non ?! Dans ce cas le ratio est le suivant : 13:12:8:4.

A partir de 1984, le liseré jaune disparaît pour laisser place à la cocarde actuelle. Mais on le retrouve encore sur certains appareils encore aujourd’hui, comme les Transall et les Alphajet. Toutefois la taille du liseré n’est plus celle que l’on pouvait voir dans les années 60-70 sur les Ouragan par exemple.

cocarde-transall
Cocarde arborant le liseré jaune apposée sur le fuselage d’un Transall – Photo prise en mai 2015 !

200px-RAF_roundel_svgComme je le disais plus haut, la cocarde anglaise (appelée « roundel« ) que l’on retrouve sur les appareils de la Royal Air Force est quasiment identique à celle de l’Armée de l’air. Adoptée depuis 1947, cette cocarde se différencie par l’emploi du bleu-blanc-rouge de façon inversée à la nôtre, mais aussi par un bleu bien plus foncé que sur celle de l’Armée de l’air. Par contre, le ratio reste identique pour les deux pays : 3:2:1. Pour une fois que l’Angleterre et la France utilise un système de calcul identique c’est à souligner tout de même.

Type B
Type B
Type A1
Type A1

Toutefois cette cocarde a connu une multitude de versions entre 1939 et 1945. Ainsi, les proportions ont parfois radicalement changées durant cette période :

  • Le type A avec un rapport de 5:3:1
  • Le type A1 avec un rapport de 7:5:3:1
  • Le type B avec un rapport de 5:2
  • Le type C avec un rapport de 9:8:4:3
  • Le type D (actuel) avec un rapport de 3:2:1

Oui, mais la France et le Royaume-Uni ne sont pas les seuls pays à disposer d’une cocarde ronde et tricolore pour identifier leur force aérienne. Qu’en est-il pour les autres ?

Chez nos partenaires européens, nombreux sont ceux à disposer d’une cocarde ronde à 3 cercles : Italie, Espagne, Belgique, Grèce, Roumanie…  (voir notamment notre dossier sur les cocardes du monde). Mais les proportions diffèrent pour certains.

es_af_roundelL’exemple le plus concret est la cocarde espagnole. Ainsi les aéronefs de l’Ejército del Aires arborent une cocarde Rouge-Jaune-Rouge qui a un ratio de 5:3:1. Cela donne un disque central d’aspect plus petit que sur la cocarde française ou britannique. Pour les autres, je ne suis pas certains des proportions officielles. A mon avis, l’Italie et la Belgique reste dans le même rapport que la France, mais cela reste à confirmer.

Pour terminer sur ce sujet, il est à noter qu’au MAE, il existe « Le Hall de la Cocarde » qui présente les avions majeurs dont s’est servie l’armée de l’Air à partir des années 50 aux années 70. Il a été rouvert au public en juin 2015, pendant le Salon du Bourget. Au sol, une gigantesque cocarde bleu-blanc-rouge est peinte. Reste à savoir si les proportions ont pu être respectées sur cette grande surface.

Le hall de la cocarde au Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget
Le hall de la cocarde au Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget

 

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Gaëtan
Gaëtan
Passionné d'aéronautique et formateur en Web et PAO, il est le fondateur, en 1999, de l'encyclopédie de l'aviation militaire www.avionslegendaires.net. Administrateur et rédacteur en chef du blog, il vous fait partager ses avis et coups de coeur (ou de gueule) sur l'actualité aéronautique.
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Commentaires

13 réponses

  1. Quand j’étais petit, je croyais que c’est une cible peinte pour aider les adversaires à bien tirer.
    Ensuite avec l’age de raison j’ai compris que c’était pour les narguer 😉

  2. Cet article réjouira les modélistes et les passionnés d’histoire et de patrimoine aéronautique comme moi! La représentation de notre d’érable a évolué sur cocarde de l’Aviation royale canadienne et sur les aéronefs de Air Canada est la plus grande compagnie aérienne nationale du Canada. « En 1965, la feuille d’érable stylisée à 11 pointes qui orne le nouveau drapeau national remplace l’ancienne feuille d’érable d’allure plus naturelle au centre de la cocarde canadienne. » référence http://www.rcaf-arc.forces.gc.ca/fr/sur-des-sommets-balayes-par-les-vents-2/84-patrimoine.page Notre cocarde sur le chandail porté une équipe professionnelle de hockey sur glace. Les Jets de Winnipeg, qui évoluent dans la Ligue nationale de hockey. Le logo principal représente un F-18 stylisé en gris au devant d’une feuille d’érable rouge, le tout encerclé de blanc, bleu et gris. Le design reprend une partie du drapeau de l’Aviation royale du Canada et a été conçu en collaboration avec l’Aviation royale du Canada mais également la marque Reebok et la LNH.
    ‎Jhttps://upload.wikimedia.org/wikipedia/fr/6/67/Jets_de_Winnipeg_%28logo%29.svg?download Ce logo rappelle également l’effort énorme que le Canada consentit à la formation des pilotes alliés durant la seconde guerre mondiale. Le pays devint ainsi l’« aérodrome de la démocratie ». selon les mots du président Roosevelt.

  3. Amusant -et intéressant- article !
    Dommage que les fautes d’orthographe soient aussi nombreuses que les cocardes !

    1. Ce qui pourrait être constructif dans ce genre de commentaires, c’est de nous donner quelques exemples de fautes. Comme cela on pourrait progresser dans l’usage de la langue française 😉 Ainsi les rédacteurs pourraient en faire moins à l’avenir

      1. Remarque à l’évidence constructive : je présume que ces fautes ne sont que d’inattention et que le texte n’a pas été soumis à une relecture.
        Je n’ose imaginer que, lors de l’embauche de collaborateurs pour ce type d’activité, un test en la matière ne soit pas fait.
        S’imposer une discipline dans ce domaine n’est que l’expression du respect dû au lecteur.

        1. Ici, on « embauche » personne. Les « collaborateurs » sont de simples bénévoles qui donnent de leur temps pour alimenter et faire vivre ce site. Désolé si la qualité des écrits n’est pas au niveau de journalistes professionnels que nous ne sommes pas !

        2. Désolé de vous avoir vexé !
          Rassurez-vous, dans ce cas vous êtes plus excusable qu’un « journaliste professionnel » qui, outre ses carences en orthographe, est souvent moins connaisseur dans son domaine de compétences que vous-même et que vos contributeurs.

        3. Pas de souci, pas le moins du monde vexé. Mais j’essaie de rappeler dès que possible que ce site est « amateur » (dans le bon sens du terme) animé par des passionnés qui essaient de proposer des contenus originaux et de qualité, qui sortent de l’ordinaire des sites plus officiels ou professionnels. Nous sommes largement perfectibles je l’admet (surtout sur l’orthographe grammaticale), on essaie de faire au mieux avec nos ressources.
          Bien à vous

        4. Bon courage et longue vie !
          À mon programme demain : Jean Salis agrémenté du passage d’un 747-400 (Corsair) au ras des pâquerettes !
          Bon WE !

        5. J’invite à rédiger un commentaire de plusieurs lignes sur ce site à tous ceux et celles que les fautes de français énervent. Ils constateront la difficulté connue depuis les débuts de l’écriture du passage de la parole à l’écrit. Et cet autre passage du papier à l’écriture numérique instaure d’autres difficultés que certaines personnes maîtrisent difficilement comme moi qui est né dans les années 1950. Le mot amateur tire son origine du mot latin amator, celui qui aime. Cette définition correspond parfaitement à moi: j’aimes, je suis passionné, je suis un maniaque, comme nous disons au Québec, par les avions et les bateaux depuis ma tendre enfance. Votre site est rédigé par et pour des amateurs d’aviation comme moi. Voilà pourquoi j’aime fréquenter votre site et à l’occasion y ajouter mon petit grain de sel d’Outre-Atlantique.
          P.S. Lisez les pages du courrier des lecteurs de nos journaux sur le web…sidérant.
          Bonne fin de semaine!

  4. Qui s’y collent pour aller « mesurer » la cocarde du Musée de l’Air et de l’Espace ?

    1. On pourrait se débrouiller avec la photo dans l’article mais avec une avec un peu de recul ou mieux en vue de dessus, en comparant aux dimensions des zincs en présence

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