CIWS Phalanx, le cauchemar des pilotes de chasse

Depuis que l’aviation militaire existe, les fantassins et les marins ont tout fait pour abattre les machines volantes. C’est comme ça qu’est née la défense contre-aviation (ou DCA). Si l’arme la plus représentative actuellement demeure le missile sol-air, il ne faut pas non plus oublier les canons. Et dans ce domaine l’industrie américaine a su accoucher d’une arme redoutable, spécialement conçue pour la protection des navires de guerre : le CIWS mieux connu sous son nom de baptême de Phalanx. Focus sur une des pires menaces existant actuellement sur l’aviation de combat.

C’est dans les années 1970 que l’US Navy chercha à développer un canon-mitrailleur à grande cadence de tir destiné à la défense anti-aérienne de ses bâtiments de guerre, autant que de ses navires de soutien. Cette nouvelle arme devait être efficace et relativement bon marché. C’est à la branche armement de l’industriel General Dynamics que le marché fut confié. Ainsi naquit le CIWS Phalanx.

Les premiers canons-mitrailleurs CIWS (pour Close-In Weapons System ou système d’armes d’autoprotection) sont apparus au début des années 1980 sur les navires américains et se sont rapidement retrouvé à bord de la majorité des unités de surface de la marine des États-Unis, y compris ses puissants porte-avions, dispose d’armes de ce type.

CIWS Phalanx à bord du porte-avions USS Nimitz.
CIWS Phalanx à bord du célèbre porte-avions USS Nimitz (CVN-68).
Mais au fait comment ça marche un CIWS Phalanx ?

Ce type d’arme n’est pas servi par des artilleurs comme la majorité des canons anti-aériens mais par des marins se trouvant dans un poste de tir à l’écart du canon-mitrailleur, généralement proche du central opération. Surtout le CIWS Phalanx est couplé à un radar antiaérien, qui à l’instar des missiles sol-air et air-air accroche l’aéronef jugé hostile. Le radar de bord de ce dernier sait donc qu’il est « dans le collimateur » de cette arme.

L’arme en elle-même est un canon multitube type Gatling M61, directement dérivé de celui équipant les avions de combat McDonnell F-4E Phantom II et Republic F-105D Thunderchief. Sa cadence de tir, monstrueuse il faut bien le reconnaitre, est de 4500 coups à la minute alors même que la réserve de munitions n’est « que » de 1550 obus de calibre 20mm. Sa portée opérationnelle oscille entre 25 et 3500 mètres.

Armuriers américains approvisionnant un CIWS Phalanx.
Armuriers américains approvisionnant un CIWS Phalanx.

Si on retrouve aujourd’hui des Phalanx sur près 80% des navires américains, on en trouve aussi dans les marines d’une vingtaine de nations étrangères comme le Canada, la Grèce, ou encore le Portugal.

Ce système d’arme a récemment été mis sous les feux des projecteurs quand deux avions de combat russes ont simulés (de très très près) une attaque aérienne contre un destroyer américain. Les deux jets avaient été accroché au radar par le Phalanx de bord.

Arme finalement assez connue, le Phalanx s’est vu affublé de quelques surnoms plutôt imagés dont les deux plus imagés sont (assez étrangement) liés à la SF. Il est ainsi souvent appelé « killer R2-D2 » et « American Dalek« , en référence respectivement avec le droïde vedette de la saga Star Wars et avec les fameux extraterrestres ennemis du Doctor Who. L’architecture générale du Phalanx n’y est sûrement pas pour rien.

L'un des deux CIWS Phalanx armant l'USS Tortuga (LSD-46)
L’un des deux CIWS Phalanx armant le navire de projection USS Tortuga (LSD-46)

Avec ce petit sujet espérons que désormais vous en saurez un peu plus à propos de cette arme qui a su depuis plus de 35 ans donner des sueurs froides à bien des généraux et amiraux de par le monde. Le CIWS Phalanx est toujours en production en 2016.

Photos © US Navy.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

6 réponses

  1. Est ce que l’on peut considérer que le ZSU-23 est un équivalent ?
    Je crois avoir lu que Daech en aurait capturé en Irak ou Syrie.
    Si c’est aussi dangereux que le Phalanx, je comprends mieux l’emploi des SCALP par l’Armée de l’air !

    1. Le « vieux » ZSU-23/4 est une arme de génération bien plus ancienne que le CIWS Phalanx, néanmoins il demeure très dangereux entre les mains de bons artilleurs anti-aériens. Mais pour autant considérer le quadritube soviétique comme équivalent au canon-mitrailleur américain est peut être un peu exagéré. Il est en effet moins précis et son radar de guidage ne traite que par « beau temps ».
      Le ZSU-23/4 sera d’ailleurs traité de la même manière au travers d’un mini-sujet comme celui-ci dans les prochaines semaines. 😉

  2. Bravo pour cet article! Le ZSU-23-4 fut conçu pour les besoins de l’armée de terre de l’Union Soviétique; il ne fut jamais installé sur des navires de guerre. Il est constitué d’un montage de 4 canons de 23 mm montés sur le châssis d’un char léger PT-76. Celui-ci a démontré sa redoutable efficacité lors de la guerre du guerre du Kippour en octobre 1973. Le Phalanx est la réponse de la marine américaine pour contrer la menace des redoutables missiles mer-mer de type Exocet. Son installation soulève des problèmes aux architectes navals: un seul Phalanx ne peut couvrir tout l’azimut du bateau. Sur les CVN américains, ceux-ci sont disposés de façon à couvrir tout l’azimut et ils sont associés à des missiles sol air à courte portée de type RIM-162 ESSM e Sea Sparrow Missile. Ce système d’arme est l’objet de constantes améliorations. Le point faible est son faible calibre(20mm) et sa portée comparativement aux canons de 30 mm des Goalkeeper CIWS britannique ou des modèles russes AK-630 ou CADS-N-ou Kashtan. La seule fois où un canon de type CIWS aurait pu être en mesure de s’affronter réellement à un missile mer-mer en situation de combat est le 17 mai 1987 dans le golfe arabo-persique. L’USS Stark (FFG-31) était une frégate lance-missiles de l’US Navy de la classe Oliver Hazard Perry. Etrangement, la frégate ne détecta pas l’avion irakien ni le tir de 2 missiles Exocet en sa direction. Ceux-ci touchèrent le navire par bâbord avant et 37 marins marins furent tués et 21 blessés. Et pourtant la frégate était convenablement armée dont un Phalanx pour faire face à cette menace. Très cordiales salutations d’Outre-atlantique.

    1. Peut-être que pour des raisons de discrétion la frégate n’avait pas allumé l’intégralité de ses radars, ou du moins en avait réduit la puissance. L’Exocet étant plutôt discret puisqu’il vol très bas pourrait tout à fais passer inaperçu dans cette situation. Les marins du Sheffield ne l’ont détecté qu’à vue quand plus rien ne pouvait plus l’arrêter.

      Et puis les phalanx bien qu’utiles en dernière ligne de défense, ne sont pas faites pour stopper seules une salve de missile, tout au mieux un phalanx peut abattre un missile une fois la salve à portée de tir. Il faut organiser le tir de défense de tous les CIWS du groupe de combat dans le temps imparti ce qui n’est pas forcément évident.

      C’est pour ça que la marine française ne s’en équipe pas, sa doctrine est plutôt tournée vers l’interception au missile aster pour la longue distance et crotale une fois à courte portée. Pour la même raisons les flottes américaines sont dotés de navire spécialisés dans le déploiement de missiles anti-missiles, ce qui permet de combiner les deux systèmes et leur assure une protection quasi impénétrable (sans compter les sous-marins d’escorte et les F18 du PA). En revanche quand c’est le cas d’un navire isolé c’est sur que la donne n’est pas la même.

    2. Il me semble que le système était en maintenance au moment de l’attaque, ce qui explique pour quoi la frégate n’a pas pu se défendre. Le Phalanx n’était pas en fonction et le système est automatique, c’est à dire qu’il tire sans intervention humaine (ce qui a causé la perte d’un hélico des Marines, si mes souvenirs sont corrects).

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