La Marine Nationale fait ses adieux au Super Étendard

C’est un triste jour autant pour les passionnés d’aviation comme nous que pour la Marine Nationale elle-même, la mise à la retraite d’un de ses plus fidèles serviteurs, d’un de ses plus valeureux combattants. Ce mardi 12 juillet 2016 la Flottille 17F a fait décollé pour la dernière fois de son histoire l’avion de combat Dassault Super Étendard après près de trente-huit années de bons et loyaux services, plus aucun de ces avions ne sert désormais en France. Pour espérer en voir encore voler, il faudra donc traverser l’Atlantique sud et se rendre en Argentine.

Entrés en service opérationnel en septembre 1978 le Dassault Super Étendard aura été de toutes les campagnes de l’Aviation Navale. Du moyen-Orient dans les années 1980 avec les bombardements et les attaques au sol contre les forces syriennes aux frappes aériennes de précision ces dernières semaines contre les positions de l’État Islamique il savait à peu près tout faire. Mieux, en 1999 au-dessus du Kosovo les Super Étendard de la Flottille 11F réalisent un tiers des missions assignées aux avions français (Armée de l’Air et Marine Nationale confondue) avec un taux de réussite de 73%, le plus élevé de la coalition internationale. Leurs pilotes ont donc fait mieux que ceux volant sur A-10A Thunderbolt II ou sur F-117A Night Hawk. Pas mal pour des Frenchies volant sur un avion rustique.

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Il savait même apponter sur les porte-avions américains.

Car voilà certainement un des adjectifs qui colla le plus souvent à l’image du Super Étendard, même après sa transformation en tant que Super Étendard Modernisé : un avion rustique. Une sorte de couteau suisse de l’aviation embarqué conçu pour l’attaque au sol et l’appui aérien rapproché qui sut se muer en chasseur de défense aérienne plus que correct, en plateforme de reconnaissance aérienne, et même en ravitailleur en vol au moyen de la fameuse nounou. Pas mal pour un avion qui fut si longtemps dans l’ombre des autres.

D’abord dans l’ombre du Vought F8U Crusader durant la première moitié de sa carrière, celle au vingtième siècle, il fut ensuite dans celle du Dassault Rafale M. Deux avions qui s’ils ne se ressemblaient absolument pas avaient le point commun d’être bien plus médiatisés que le petit monoréacteur clodoaldien.
On en arrive finalement à se demander pourquoi ?

Le SEM dans son élément.
L’avion embarqué dans son élément naturel.

Il faut dire que même s’il a un charme indéniable le Super Étendard n’est pas forcément ce qu’on pourrait qualifier de bel avion, pas à la manière d’un Mirage 2000 ou d’un Rafale deux autres grands succès de la société Dassault. N’oublions pas qu’il tire ses origines du l’Étendard IV M, un avion particulièrement daté en matière architecturale et plutôt inélégant. Malgré tout c’est avec un certain pincement au cœur que personnellement je rédige cet article. Le Super Étendard a toujours été un de mes avions favoris.

Dassault Rafale M, le successeur.
Dassault Rafale M, le successeur.

Désormais le pont d’envol du Charles de Gaulle ne vibrera plus que sous les rugissements des réacteurs M88 du Rafale M, fini d’entendre le sifflement si caractéristique de l’Atar 8K50. Mais bon le progrès est à ce prix.
Comme on dit du côté de Landivisiau : Kénavo Super Étendard.

Photos © Marine Nationale & US Navy.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

24 réponses

  1. « qui sut se muer en chasseur de défense aérienne plus que correct »

    J’aime beaucoup vos articles, mais là en revanche, je ne suis pas vraiment d’accord, j’ai connu un pilote de Super Etendard qui volait justement avec cet appareil dans les années 90 et qui avait notamment fait la transition Crusader/Rafale, lorsque la Marine a expérimenté le Super Etendard en tant qu’intercepteur, il ne m’en a dit que du mal !

    Sous motorisé, autonomie restreinte, radar plus que moyen….

    Si l’Argentine l’utilise actuellement comme tel, c’est parce qu’ils n’ont pas le choix.

    1. Bonsoir.
      j’ai connu le SEM, et surtout son moteur l’ATAR 8k50.
      C’est un avion qui a subi d’énormes modifications tout au long de sa carrière, donc, l’on peu parler du SUper Etendart dit SUE, première version de cet avion, puis arrive le Super Etendart Modernisé dit SEM, et ses standards.
      J’ai connu a partir du SEM standard 3 (1999), 4 (2003 si mes souvenirs sont bons), 4+ et 5 (2006~2007) ( mise a niveau effectué en partie sur la base de landivisiau ).
      Et comme tu le dit, c’est un pilote qui a volé probablement sur un SUE, ou un SEM st2.
      -Sous motorisé, oui, pas de poste combustion, ce n’est pas un avion d’interception.
      -Autonomie restreinte, oui, mais du au moteur ATAR 8K50, l’ensemble compresseur/turbine dispose de 3 paliers, l’huile des paliers 2 et 3 ne revient pas dans le circuit de lubrification, et est récupéré par aspiration dans la tuyère (drain à effet venturi), de ce fait, le moteur consomme de l’huile. Le réservoir d’huile a une capacité fixe, ce qui implique de limiter le temps d’utilisation du moteur à 5h30 (ndrl: de mémoire).
      Oui, le SEM a des défauts, oui, tapoter le boitier de démarrage au maillet pour lancer le micro-turbo c’est mal, mais ça reste une excellente machine, très précise et fiable.
      Bye bye l’ancien…
      PS: les argentins ont des SUE, et ils en sont très fière.

  2. Question: pourquoi attendre le 12 juillet pour retirer officiellement le SEM de service alors que le dernier vol a eu lieu le 12 février ? Cela fait quand même 5 mois d’écart. A t-il servit entre temps ?

    1. Il s’agissait d’une coquille de ma part, il fallait bien sûr lire 12 juillet. Il aurait eu du mal à être retiré du service en février, sachant qu’en mars et avril il frappait encore les positions de Daech.

        1. Donc en mars il catapultait encore CQFD. Ravi de voir que malgré l’été et ses chaleurs certains n’ont pas perdu leur capacité à pinailler et à reprendre les autres. Vark vous êtes et demeurez à la hauteur de vos réponses. Merci à vous.

        2. Dois-je le prendre au second degré Arnaud ? Je m’efforce d’être le plus factuel possible dans mes réponses, très souvent documentées et étayées dans de nombreux sujets, et là j’ai l’impression que vous me taxez de polémiste parce que je vous ai contredit sur ce point. C’est assez vexant pour le fidèle du site que je suis.

          Il se trouve que réagissais à votre intervention pour clarifier auprès de Dimitri, vous lui disiez qu’en Mars et Avril les SEM bombardaient encore Daesh, et du coup ce dernier pensait que le SEM frappait depuis la terre ferme vu que son dernier catapultage avait eu lieu mi-Mars. Dans les faits, le temps du retour en rade de Toulon, la campagne contre Daesh avait pris fin dans les premiers jours de Mars, donc les vols offensifs du SEM idem, c’est l’info que je voulais faire passer à Dimitri. C’était donc une précision utile, non une agression à votre encontre 🙂

        3. C’était bien évidemment du second degré, je pensais que vous l’aviez saisi mon cher Vark. 😉
          Vous devriez savoir que je suis bien moins aimable avec les donneurs de leçons et les polémistes, en outre j’apprécie toujours vos interventions. Franchement je croyais que vous aviez saisi le second degré dans mon propos. Désolé si je vous ai heurté.

        4. Ah, ouf ! 😉
          Pas de mal donc, mais merci d’avoir clarifié (mon côté parano internautique qui ressort parfois, car c’est bien plus simple de saisir le sarcasme de visu que derrière un écran ^^).

    2. « L’événement » de sa fin de carrière pieds mouillés (en somme dernier cata / appontage) a eu lieu sur le CdG lors de la fin de la campagne de notre porte-avions contre Daesh, vous faites surement référence à cela, mais ce n’était pas en février.
      Or, s’il n’allait jamais revoir un pont d’envol tricolore, il n’en restait pas moins encore en service jusqu’à aujourd’hui :).

      1. C’est ce que je ne comprenait pas. Le SEM a effectué son dernier catapultage le 16 mars mais il a continué à frapper Daesh ensuite. Donc c’est forcément depuis la terre ferme.

    1. On ne peut pas inclure un avion retiré du service dans la revue des troupes, ce serait un anachronisme. En outre il a souvent été présenté.

      1. Un gros merci pour votre réponse. Ce n’est pas dans nos traditions au Canada et au Québec de présenter un tel défilé. A vous monsieur Arnaud et à tous les cousins français, je vous souhaite un joyeux 14 juillet!

      2. Quid des Mirage F1 qui ont été retiré en juin 2014 et qui ont pourtant participé au 14 juillet de la même année ?

  3. Peut on envisager vendre des SEM à l’Argentine ? Seulement les meilleurs appareils(les moins usés)

    1. L’argentine ne veut pas récupérer les appareils français, uniquemement ameliorer les siens qui ont un potentiel d’heures plus important, donc radar etc…

  4. Sans oublier ses capacités d’attaques des navires, la royal navy en sais quelque chose!
    Le super étendard fait parti des rare avions à avoir coulé des navires depuis la seconde guerre mondiale je crois?

    1. Ce n’est pas le seul aéronef qui a coulé des navires! Plusieurs navires de guerre furent coulés et maints marins ont payé de leurs sang lors des guerres suivantes: la guerre des Malouines ou Falklands War ou Guerra de las Malvinas en 1982 et la première guerre du Golfe ou des A-6 Intruder et des CF-18 canadiens ont coulé des vedettes de type OSA irakiennes en 1991. Il existe un excellent livre sur la participation du Canada à cette première guerre du Golfe. Dans celui-ci les opérations aériennes menées par les CF-18 sont très bien relatées: Opération Friction,c1997 Sa Majesté La Reine du Canada ISBN 1-55062-258-X

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