Forces Aériennes Stratégiques vs Air Force Global Strike Command

L'affiche du film "Strategic Air Command"Si vous n’avez pas encore pas vu « Strategic Air Command » alors il est encore temps pour vous d’aller voir ce  classique de l’aviation. James Stewart y interprète Robert Holland un pilote rappelé par l’US Air Force pour servir au sein du très réputé Stratégic Air Command (SAC). Le film de 1955 se déroule en plein dans un contexte de Guerre Froide soit 9 ans après la création de cette composante aérienne nucléaire aux États Unis. Si la force nucléaire aérienne américaine a commencé avant celle française, cette dernière n’en demeure pas moins importante sur la scène internationale.  On parlera aujourd’hui plus spécifiquement de « dissuasion nucléaire » côté France et comme outre-Atlantique afin d’établir un comparatif entre ces deux puissances.

La France a lancé la dissuasion nucléaire aérienne en 1964 avec la création des Forces Aériennes Stratégiques (FAS) représentées par le Mirage IV et sa bombe AN11 dont la létalité pouvait atteindre 80 millions de personnes. Cette volonté de disposer d’une force aérienne nucléaire autonome a été lancée par René Coty puis appuyée par la suite par le Général de Gaulle afin de marquer son indépendance d’un point de vue militaire face aux USA dans un contexte de Guerre Froide. Cette composante aérienne a été complétée par une force océanique au sein de la Marine Nationale, encore opérationnelle à l’heure actuelle.

Décollage d'un Mirage IV avec les fusées Jato.
Décollage d’un Mirage IV avec les fusées Jato.

Comme nous le mentionnions plus haut, les USA disposaient de 18 ans d’avance par rapport à la France, en créant le Strategic Air Command (SAC) qui avait pour but de centraliser les unités de bombardement de l’US Air Force. Par ailleurs, les USA avaient déjà fait usage de l’arme nucléaire et montré les dégâts qu’elle engendrait à travers les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945. Les avions symboliques de cette dissuasion nucléaire aux US ont sans doute été le B-29 Superfortress et le B-36 Peacemaker ainsi représenté dans le film Strategic Air command. En 2009, une réorganisation de taille a été opérée au sein de la force de dissuasion américaine donnant lieu à une nouvelle force aérienne : l’Air Force Global Strike Command qui a succédé au traditionnel SAC. Après cette présentation historique des deux forces de dissuasion nucléaire, intéressons nous désormais aux moyens mis en place de part et d’autre pour affirmer cette dissuasion nucléaire.

La France quant à elle consacre 11,6% du budget de la défense à la dissuasion nucléaire, soit 0,15% PIB donc 2 et 3 milliards d’euros par an. Le coût de la composante aéroportée ne représente qu’une faible part du budget total (7% du total soit environ 245 millions d’€). Ce montant consacré à la dissuasion nucléaire avait été en constante hausse jusque dans les années 90 où il a commencé à décliner par la suite. Les FAS ont été modernisés avec l’arrivée du Rafale troisième génération, le standard F3. Le coût de la modernisation des FAS a été établi à 2,6 Mds d’€.

Patrouille de Mirage-2000N avec leur fidèle et indissociable C-135FR
Patrouille de Mirage-2000N avec leur fidèle et indissociable C-135FR

En 2015, les FAS comptaient 20 Rafale F3 et 23 Mirage 2000N-K3 répartis sur deux escadrons : l’escadron de chasse 1/91 Gascogne sur la base aérienne 113 Saint-Dizier-Robinson et l’escadron de chasse 2/4 La Fayette sur la base aérienne 125 Istres-Le tubé. La France dispose de 54 missiles nucléaires ASMP-A. Ces missiles d’une portée de 600 km ont pour objectif d’être un ultime avertissement avant une frappe nucléaire réelle sur les centres politiques du pays concerné par une éventuelle attaque. Au total, on estime à environ 300 le nombre de têtes nucléaires Françaises en ajoutant également les missiles de la composante océanique. Tous les ans, des exercices ont lieu en France afin que la composante nucléaire aérienne soit toujours opérationnelle sur un aspect aussi sensible de la défense nationale.

Attaquons-nous maintenant aux moyens mis en oeuvre par les USA dans leur dissuasion nucléaire. En 2011, le budget de ce pays consacré à la dissuasion nucléaire était de 55 milliards d’euros soit environ 20 fois plus que la France. D’autre part, le coût pour le renouvellement de l’arsenal nucléaire a été évalué à au moins 179 milliards de dollars US sur une durée de 9 années. Les USA devancent également de loin la France pour ce qui du nombre de têtes nucléaires avec un nombre évalué à 7700 têtes. Un chiffre à relativiser car, depuis 1945 le stock de têtes nucléaires américaines s’est vu démanteler 59000 têtes. Les B-52 Stratofortress et les B-2 Spirit sont les avions qui jouent un rôle de premier plan dans la dissuasion nucléaire américaine. L’armement nucléaire est plus diversifié qu’en France avec la présence de Missiles B61 et B83 ainsi que des bombes de gravité et des AGM86 et autres ALCMS.

B-52 Stratofortress et B-2 Spirit, deux générations au service de l'Air Force Global Strike Command
B-52 Stratofortress et B-2 Spirit, deux générations au service de l’Air Force Global Strike Command

La dissuasion nucléaire constitue donc un aspect essentiel de la défense de ces deux pays. La composante aérienne en particulier permet de disposer de moyens rapides et efficaces face à une éventuelle attaque extérieure nécessitant le recours ultime à cette arme nucléaire. Bien heureusement, la seule dissuasion a suffit jusqu’à présent pour intimider des menaces extérieures importantes. La possession d’armes nucléaires par des pays tels la Corée du Nord pourrait appuyer le fait qu’il est nécessaire de maintenir la dissuasion nucléaire au premier plan de la défense nationale.

© Photo : Armée de l’Air et USAF

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Théo
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Commentaires

9 réponses

  1. Merci Théo pour l’article
    Étant donné que le Rafale M (et jusqu’à sa retraite le SEM), peut aussi délivrer l’ASMP, les FAS possèdent une composante aéronavale. Fait unique au monde il me semble non ?

    1. Bonsoir James,

      Je me suis renseigné et je tiens de source sure ( commandant de l’armée de l’air) la réponse : Effectivement la France est le seul pays à disposer d’un groupe aéronaval embarqué pouvant délivrer l’ASMP. Les USA ont opté plutôt pour une politique de dissuasion avec des bombardiers basés à terre et à long rayon d’action.
      Il y a donc bien une spécificité française !

      Merci pour votre question

      Cordialement

      Théo

  2. Il faut noter également que la Marine nationale met en oeuvre les rafale M au standard F3 équipés également de l’ASMP-A. cette composante Aéronavale n’est, à ma connaissance, pas mise en oeuvre par l’US Navy…

  3. Merci pour vous commentaires !!! je vais me renseigner concernant la spécificité française de posséder une composante aéronavale et je vous dirais ! 🙂

  4. Même si cela fait des générations que nous vivons avec cette épée de damocles au dessus de nos têtes, tout cela n’est pas très rassurant surtout en ce moment où le contexte international risque fort de changer. Mais bon, article très intéressant merci beaucoup, Theo !

  5. Bonjour,
    Ou l’on s’aperçoit que la France n’a pas à rougir avec une composante nucléaire semble t il équilibrée.
    Merci pour cet excellent article.

  6. Les États-Unis ont teinté les B-1 Lancer dans le Global Strike Command il y a quelques mois. Pour la Marine US, elle n’a plus de bombes nucléaires a bord de ses navires hors SNLE depuis une décision unilatérale de Georges Bush a la disparition de l’URSS (le père de Georges HW Bush).

    1. Oups, je recommence, Les États-Unis ont placé les B-1 dans le GSC il y a quelques mois…

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