Dragon Star : laboratoire volant des Skunk Works et objet de fantasmes complotistes

Voilà un avion qui a fait couler beaucoup d’encre depuis son apparition en mars 2009. Sous le nom de Dragon Star c’est en fait un ancien jet d’affaire Gulfstream G.III transformé par Lockheed-Martin pour divers essais de reconnaissance aérienne et de guerre électronique, un avion particulièrement scruté par les nombreux théoriciens du complot qui aux États-Unis voient en lui la nouvelle plateforme d’espionnage aéroporté de l’US Air Force et de la CIA. La réalité des faits est cependant moins sexy, ce biréacteur n’étant au final qu’un simple avion de soutien aux essais en vol.

Il faut dire que le Dragon Star a tout pour enflammer l’imagination des théoriciens du complot. Malgré une immatriculation civile N30LX et le logo de Lockheed-Martin bien visibles ce Gulfstream passe plus souvent pour un avion militaire que pour autre chose. Il faut dire que ses nombreux capteurs ainsi que sa «baignoire» d’intrados de fuselage pourrait laisser supposer qu’il s’agit en effet d’un énième espion volant.
Que nenni.

En fait le Gulfstream III Dragon Star préfigure certains systèmes qui se retrouveront un jour sur les avions de reconnaissance et les drones de surveillance de l’US Air Force, de l’US Navy, ou même pourquoi pas de la CIA et de la NSA.

Pourtant avant 2009 le N30LX était un avion d’affaire totalement normal. Il avait été construit en 1984. Équipé pour assurer des missions charters au profit de clients fortunés ou de sociétés privées il était configuré pour transporter jusqu’à 21 passagers sur des destinations allant jusqu’à 5000 kilomètres. Ce n’est qu’en mars 2009 que l’avionneur l’a racheté pour en faire ce qu’il est aujourd’hui : une plateforme d’essais en vol. Avant de réaliser son premier vol en temps que tel en mai 2011 le biréacteur est passé entre les mains des techniciens et ingénieurs des Skunk Works. Ces experts l’ont littéralement désossé puis reconstruit.

Il faut dire que les gens de chez Lockheed-Martin ont tendu le bâton pour se faire battre. Entre 2011 et 2012 le Dragon Star était fréquemment vu lors de meetings aériens notamment en Australie, au Canada, et en Italie. Une folle rumeur a même parcouru la toile annonçant que l’avion avait été prêté à l’Aeronautica Militare Italiana durant un an afin de réaliser des missions d’espionnage aéroporté au-dessus de l’Afghanistan et de la Russie pour le compte de l’OTAN. Ce qui bien évidemment relevait du fantasme le plus ahurissant.
Depuis 2012 ce Gulfstream G.III se fait plus discret.

Au point même qu’en 2015 la presse aéronautique américaine annonça qu’il ne volait plus. Ce que Lockheed-Martin démentit au moyen d’images de l’avion en vol, ayant fuitées comme par magie.
Aujourd’hui on ignore la fréquence exacte avec laquelle vole cet avion. On sait cependant que l’avion devrait quitter le service actif à la fin de l’année 2018, son remplacement ayant été annoncé sans pour autant qu’on connaisse le type d’avion qui lui succèdera.
Aux États-Unis certains parlent pourtant d’un Alenia C-27J Spartan italien, un avion conçu en partie avec l’aide de Lockheed-Martin.

Tout juste sait-on que depuis son entrée en service il a permit de développer des équipements qui se retrouvent aussi bien à bord des hélicoptères de soutien aux forces spéciales Boeing-Vertol MH-47F Chinook autant que sur le chasseur multirôle de nouvelle génération embarqué Lockheed-Martin F-35C Lightning II, ou encore à bord des hélicoptères de sauvetage Sikorsky MH-60T Jayhawk.

Quoiqu’il en soit le Dragon Star risque bien de demeurer un objet de fantasmes pour ses détracteurs longtemps après son retrait du service. Mais à nos chers théoriciens du complot je poserais cette question : quel serait l’intérêt pour l’US Air Force de posséder un avion espion ultra-secret basé sur un jet d’affaire désormais obsolescent ? Bien entendu peu de chances qu’ils aient une réponse construite et argumentée…

Photos © Lockheed-Martin.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

6 réponses

  1. « ayant fuitées » ouille, ca pique.
    « ayant fui ». Le verbe fuiter n’existe pas et le participe passé ne s’accorde pas après le verbe avoir.

    1. Bravo monsieur Caillol vous venez de démontrer le concept même des néologismes. D’autant que le verbe fuiter s’emploie très couramment dans la presse et le langage courant même si en effet il n’est reconnu ni par l’Académie Française ni par les éditions Larousse. Mais bon il faut savoir s’adapter au monde qui change.

      1. merci.
        « fuiter » n’est pas un néologisme mais un anglicisme très disgracieux venant d’une mauvaise traduction de « leaks » et « leaked ». Pourquoi ne pas utiliser lr mot qui existe, le verbe « fuir » et son participe passé « fui ». L’eau du robinet fuit ou fuite ? un Reste la faute d’accord.
        Cela n’enlève rien a l’intérêt de l’article.

        1. Heureusement que nous faisons (presque tous) des fautes d’accord et/ou d’orthographe, ça vous donne une bonne raison de donner votre avis.

        2. A Olivier Caillol, Vous vous trompez l’expression à dénoncer est « Made for sharing » slogan employé pour promouvoir la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2024. L’utilisation éhonté des expressions anglaises en France hérisse au plus haut point les québécois. A lire les commentaires des québécois dans l’article du Devoir au sujet de ce slogan http://www.ledevoir.com/sports/actualites-sportives/491454/made-for-sharingdontj'a for sharing

  2. Monsieur Arnaud avec  » ayant fuitées » vous avez utilisé un très beau néologisme! La langue est un outil de communication qui appartient à tous! Le verdit final pour qu’un mot et/ou expression fasse partie de la langue est son usage par tous!
    Des rives enneigées du fleuve Saint-Laurent, je vous écrit ce bonjour!

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