Un quinquennat placé sous le signe de l’aéronautique

Ce dimanche 14 mai 2017, une page de l’Histoire de France s’est tournée, celle d’un Président de la République le plus impopulaire auprès de ses concitoyens. François Hollande, un homme d’état qui aura su tout de même faire briller l’aéronautique française et européenne aussi bien dans les ciels de guerre que sur les marchés internationaux. Retour sur cinq années pas comme les autres pour l’industrie aéronautique autant que pour les pilotes français.

En fait ce quinquennat n’avait pas forcément très bien commencé pour François Hollande. Si vous vous souvenez bien l’avion présidentiel qui l’emmenait à Berlin rencontré la chancelière Merkel avait été foudroyé quelques minutes seulement après le décollage. Le pilote du Falcon 7X avait du faire demi-tour avant de redécoller au bout d’un gros quart d’heure. C’était en effet mal parti.

Pourtant ce non-évènement n’allait en rien entamer la relation que le désormais ex-Président de la République allait nouer avec le monde aéronautique. Et en cinq années, François Hollande a su se muer en représentant de l’industrie aéronautique française, avec bien entendu comme point d’orgue la vente à l’export de 84 Dassault Aviation Rafale à trois clients différents : l’Égypte, l’Inde, et le Qatar. Là où ses deux prédécesseurs Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy avaient réussi le tour de force de ne pas en vendre un seul !

L’une des autres vedettes à l’export, malgré quelques couacs, restera l’Airbus Helicopters H225M Caracal. Des contrats militaires ont été signés avec l’Indonésie, le Koweït, et Singapour dans des contrats souvent très disputés face à la concurrence américaine, européenne, et russe.

Durant ces cinq années les pilotes militaires français se sont aussi illustrés, notamment lors d’un historique raid aérien de 4000km entre la France et la Mali afin de soutenir ce dernier pays dans sa guerre contre le fondamentalisme djihadiste. L’opération Serval était née. Les avions et hélicoptères de combat allaient massivement traqué les terroristes d’AQMI. Plus tard elle prendrait la forme qu’on connait actuellement avec Barkhane où là encore nos aviateurs brillent aux côtés des fantassins et des commandos des forces spéciales.

L’aéronautique française durant ces cinq années, ça a bien entendu aussi été Chammal. C’est François Hollande lui-même qui a décidé de l’engagement des forces aériennes et aéronavales françaises d’abord pour soutenir l’armée et l’aviation irakiennes puis pour traquer l’autoproclamé État Islamique jusque dans ses caches syriennes. De jour comme de nuit depuis l’été 2014 les Mirage 2000D et Rafale, mais aussi les Atlantique de la Flottille 23F ont porté le feu contre nos ennemis.

Et puis il ne faut pas oublier le futur Phénix ainsi que les H160M qui entreront en service dans les années à venir et dont les commandes ont été passées durant le quinquennat Hollande.

Comment aussi passer sous silence l’apparition et le développement des drones et des mini-drones au sein des forces de l’ordre et des services de lutte contre l’incendie. Une volonté des différents gouvernements au lendemain des (trop) nombreuses attaques terroristes contre Charlie Hebdo, l’hyper-casher, le Stade de France, le Bataclan, les terrasses de café, Nice, Saint-Étienne du Rouvray et tant d’autres. Une modernisation commencée au sein des forces spéciales que sont le GIGN, le RAID, et la BRI et qui désormais touche une plus grande partie de nos policiers et gendarmes.

Alors certes tout n’a pas été « rose » mais dans le concert général de reproches faits à celui qui est désormais l’ancien Président de la République (et puisque l’inventaire est un droit bien connu des Français) il est bon de rappeler certains faits.
Et de dire que sa politique industrielle sur l’aéronautique a permis de consolider de manière pérenne un secteur phare de l’économie hexagonale.
Désormais ayons le regard tourné vers l’avenir, en espérant que son successeur saura faire fructifier les chantiers lancés sous l’ère Hollande notamment certains contrats Rafale pour les années à venir. Nous saurons très vite si Emmanuel Macron sera à la hauteur des attentes. Rendez-vous dans cinq ans pour le même devoir d’inventaire aéronautique.

Photo © Armée de l’Air.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

10 réponses

  1. N’oublions pas non plus l’excellent travail effectuée par Jean-Yves Le Drian dans le domaine de la défense en général.

  2. Rien a voir avec Hollande. Déjà les projets aéronautique ont une inertie considérable et se négocient sur des durées plus important qu’un quinquennat donc toutes les ventes de Rafales faites sous Hollande ont été négociées avant le quinquennat, donc plutôt sous Sarkozy.

    Ensuite, suite à l’affaire des Mistrals, on risque de perdre des clients, je m’explique : Ce qui fait que les pays sont intéressés par l’achat de matériel Français, c’est généralement une volonté d’indépendance face aux américains ou aux Russes, ainsi que la confiance dans le fournisseur Français, et en la fiabilité de son matériel. Avec l’affaire Mistral, notre président a non seulement démontré que la France n’était pas indépendante mais vassale des américains, mais en plus qu’elle n’était pas un partenaire de confiance. Cela nous plombera pendant des décennies… Donc non, Hollande n’est pas le super commercial de l’aéronautique, au contraire…

    1. Concernant les Mistral, c’est la Russie qui est en faute en envahissant un pays qui, je le rappelle, est un important soutien logistique de la France avec ses Antonov.

      Poutine a montré qu’il ne tenait pas sa parole, pourquoi donc l’aider a modernisé sa marine dans ce cas.

      Doit on rappeler que depuis 1989 nous avons également bloqué les ventes à la Chine, et qu’en 1967, nous avons mit un embargo contre Israël ?

      Cela a t’il gêner nos exportations à long terme ? Niet, tovarich.

    2. Bonjour, je suis entièrement d’accord, le seul fait bénéfique fut la nomination de M Le Drian à la défense, pour le reste le mandat de M Hollande ne laissera pas de trace…….

    3. Les seuls clients que l’on pourrait perdre sur l’affaire Mistral, la décision de la France de ne pas livrer des navires de soutien à un pays violant le droit international en annexant un territoire souverain, sont les pays inféodés à l’autocratie russe.
      Pas une grosse perte donc.

  3. N’oublions pas non plus la signature du « contrat du siècle » avec les 12 sous-marins australiens (bon évidemment, un sous-marin, ça n’est pas un très bon avion, c’est certainement pour cela que vous n’en avez pas parlé :P)

    Il reste pour le nouveau Président au moins un dossier épineux : celui du renouvellement du navire-amiral de la Marine Nationale, le Charles-de-Gaulle, ainsi que la question du renouvellement de tout (ou presque) l’arsenal nucléaire français, afin qu’il reste compétitif (nouveaux SNLE, nouveaux SNA, remplacement des missiles ASMP-A, etc). Des besoins régulièrement repoussés parce que tout ça, ça coûte un paquet. Ah, et on aurait besoin d’un remplacement pour le Leclerc dans pas longtemps, aussi 😛

    1. Pour le Charles de Gaulle, il est actuellement en pleine rénovation, qui va durer un an. Suite a ça il sera en service jusqu’en 2035-40 au moins. Le dossier du PA2, qui devait remplacer le Foch, ayant échoué la construction d’un porte-avions remplaçant le Charles de gaulle (s’il y a) ne sera pas lancé avant 2025-30.
      Pour les leclerc maintenant, pas du tout besoin d’un remplaçant. Leur fabrications a débuté en 1993 pour finir en 2008 pour le dernier exemplaire sorti d’usine. Ce sont des véhicules récents qui n’ont jamais été envoyé en combat mis a part du maintien de la paix comme au Liban. Pas de Mali ou autre Afghanistan pour eux donc. Ce sont donc des vehicules pas du tout à bout de souffle. On pourrait dire presque inutile pour l’armée de terre. D’ailleurs elle a lancé un programme de modernisation qui portera sur 200 véhicules sur les 400 que possède la France. Ils seront nommés « leclerc rénové », et cherche a en vendre plusieurs dizaines sur le marché de l’occasion, en vain. Suite a ça, ils seront en service jusqu’en 2040. L’armée a l’embarras du choix pour dépenser son argent: SNA classe suffren, FREMM, phenix, vehicules griffon et jaguar, A400m, remplacement des gazelles, des P4, des alphajets… Ça fait un paquet d’argent.

      Ps: désolé pour le HS.

      1. Pour le remplacement du Leclerc, on y songe déjà, mais il sera certainement plus germano-français que franco-allemand. On a abandonné la chenille au profit des roues dans l’industrie de l’armement français. Un dernier HS, il faudra surveiller la remise en état de la production de munitions de petits calibres abandonné inconsidérément il y a 20 ans et qui est censé reprendre en Bretagne en 2020.

  4. Dans tous les cas les contrats d’armements sont négociés sur de longue période, la signature n’est qu’une étape, et c’est surtout aux hommes et aux femmes de nos industries (si si il en reste) de défense que nous devons ces succès, alors chapeau bas à eux, leurs patiences et les efforts ont largement contribué à l’aboutissement des ces divers contrat en aéronautique et autres…..

  5. Bravo Arnaud pour cet article rendant hommage à un président qui a été bien plus à la hauteur que ce que les médias en ont dit.. Nous sommes les champions de l’auto-flagellation alors qu’on a toujours une belle aviation, une grande industrie aéronautique, qu’on essaie beaucoup plus que nos voisins de garder une défense crédible et qu’on l’utilise à bon escient.
    L’Histoire est un bon juge, elle fera la part des choses

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