70ème anniversaire de l’US Air Force : le Boeing B-52 Stratofortress

Ça y est cette fois ci nous y sommes, aujourd’hui lundi 18 septembre 2017 l’US Air Force est officiellement une septuagénaire. Et pour marquer le coup nous refermons notre petite saga autours de certains aéronefs actuels de celle-ci au travers d’un de ses avions les plus emblématiques : le bombardier stratégique Boeing B-52 Stratofortress. Les mauvaises langues disent de lui qu’il est aussi vieux que l’aviation militaire américaine elle-même, et pour le coup ils n’ont pas totalement tort.

Car rappelons-le son programme de développement remonte à immédiatement après fin de la Seconde Guerre mondiale et son prototype a volé pour la première fois en avril 1952, c’est à dire il y a un peu plus de 65 ans ! Le premier Boeing B-52A Stratofortress de série entra en service opérationnel au sein de la jeune US Air Force en février 1955. Ce bombardier est donc bel et bien un véritable dinosaure volant.

Et il est l’avion de tous les superlatifs. Il a participé aussi bien aux patrouilles nucléaires de la guerre froide, sillonnant les cieux de la Terre entière avec ses armes nucléaires à bord, qu’aux dévastateurs bombardements de la guerre du Vietnam où il délivrait les bombes lisses par grappes entières. Par la suite il a démontré toutes ses capacités contre les forces baasistes de Saddam Hussein où ils étaient capable de tenir la dragée haute à des avions conçus bien souvent vingt ans après lui. Au fur et à mesure de sa très longue carrière opérationnelle le Boeing B-52 Stratofortress a mué : d’arme pure et dure il s’est transformé en véritable outil de la diplomatie américaine. Une sorte de main de fer dans un… gant de fer.

La version en service en cette fin d’été 2017 est le B-52H, l’ultime en fait. Et pourtant elle n’est pas si jeune que ça puisque le premier des 102 exemplaires assemblés a réalisé son premier vol en mission en mai 1961 tandis que le dernier quittait les chaînes d’assemblage en octobre 1962. Pour mémoire John Fitzgerald Kennedy présidait alors les États-Unis.

Les Américains ont souvent coutume de dire que les Boeing B-52H Stratofortress volaient déjà à une époque où la majorité de ses pilotes et équipages n’était pas née. Et c’est en fait assez vrai. Mais du coup les jeunes pilotes qui sont actuellement formés dans les écoles de pilotage de l’US Air Force, à l’ère de la furtivité et du tout-numérique doivent forcément ressentir un choc en montant pour la première fois dans l’exigu cockpit du monstre. Comme une sensation de remonter le temps. Car même si au cours des 55 dernières années les B-52H ont été fréquemment rajeunis il n’en demeurent pas moins des avions d’un autre âge.

Piloter un B-52H Stratofortress ce n’est pas de l’aéronautique c’est bel et bien de l’aviation ! Oubliez donc les commandes de vol électrique et les cockpits tout-écran, ici c’est encore le «bon vieux temps» malgré les chantiers de modernisations cités plus hauts. Et ce ne sont pas les huit turboréacteurs Pratt & Whitney TF33 qui iront démontrer le contraire, eux qui ne sont plus produits depuis 32 ans. Autant dire que ce que leurs mécanos font dessus s’apparente plus à de la micro-chirurgie ou à de l’horlogerie de précision qu’à fourrer ses mains dans le cambouis.

Comme pour les autres avions traités dans cette mini-série souvenons-nous de ceux qui ont précédés (ou dans le cas précis été ses contemporains) ce mythique bombardier lourd au sein de l’US Air Force.

Il est bon de se souvenir que le Boeing B-52H Stratofortress s’est même payé le luxe d’enterrer certains de ceux-ci qui furent conçu après lui, sans compter les avions d’attaque General Dynamics FB-111 Aardvark et Lockheed F-117 Night Hawk qui tentèrent de l’éclipser. Et puis bien entendu le North American XB-70 Valkyrie conçu lui directement pour le remplacer et qui ne dépassa pas le stade du prototype.
Aujourd’hui d’ailleurs il est amusant de se souvenir que le Boeing B-52H partage le statut de bombardier lourd avec deux avions eux-aussi conçus à une époque où on pensait sincèrement que l’un comme l’autre pourrait remplacer efficacement le vénérable octoréacteur : le Rockwell B-1B et le Northrop B-2A.

Gageons que les ennemis de l’Amérique entendront gronder le Stratofortress encore pour quelques années au-dessus de leurs têtes !

Photos © US Air Force.

PARTAGER
ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
articles sur les mêmes thématiques
Commentaires

21 réponses

  1. Au sein de l’U.S.Air Force il est question de faire durer le B-52 jusqu’en 2050 !
    A ce titre un remplacement des moteurs est envisagé.
    Pratt et Whitney propose une version améliorée du TF33 d’origine alors que Rolls-Royce propose son BR725. Ce dernier est plus moderne, mais il impliquerait une modification des ailes puisque le B-52 passerait de 8 à 4 moteurs.

    1. Oh, le stock de pièces détachées à Davis-Monthan est tellement important et ce projet soulevé il y a déjà plusieurs années commence à s’éterniser, qu’à mon avis cela n’a guère de chances de se faire. Un TF33 amélioré passerait encore, mais passer de 8 à 4 me semble tout à fait exclu vu les modifications importantes que cela induirait sur chacune des +/-70 cellules (refonte du cockpit, modification des pylones supports, voire même carrément des ailes).

  2. Bruyant, fumant, des ailes en flèche si particulières et une gueule de guerrier. Il ne laisse pas insensible.Et dire que 3 générations de pilotes l’ont pilotés depuis sa mise en service voir bientôt 4 si il est prolongée comme prévu jusqu’en 2040-50. C’est véritablement le descendant des B17 et B29 dont il ressemble plus qu’à a un avion du 21e siècle. Si bien que à ses début il était équipé d’un mitrailleur de queue et 4 mitralleuse de 12.7mm, remplacé par un canon de 20mm puis par un vulcan commandable à distance. Mais a part en faire un outil de diplomatie sert-il encore vraiment a quelque chose? L’USAF ne pourrait-elle pas s’en passer ? Car pour le coté dissuasion nucléaire, il y a les SNA, B2, B1…, les tapis de bombes ne sont plus d’actualités et les chasseurs se chargent des frappes aériennes.

    1. On ne s’en sert pratiquement plus pour les tapis de bombes, il s’est adapté avec le temps aux missiles et bombes guidées, il peut emporter d’avantage et plus loin qu’un chasseur et il doit couter moins cher que les bombardiers furtifs.

      Bon y en a quand même un qui a perdu un moteur début janvier faudrait pas que ça se renouvelle trop souvent !!!

      1. D’une manière générale sachant que les avions datent de 1961, les cellules des avions doivent commencer a fatiguer, tout comme ceux des kc-135 qui sont de la même génération. Ils vont avoir du boulot pour les maintenir jusqu’en 2050.

        1. La majorité des cellules encore volantes sont tout de même plus récentes (modèles G et H), Dimitri, mais le maintien en état de vol restera en effet une gageure pour l’USAF (c’est un peu par comparaison comme si les C47 volaient encore aujourd’hui pour des missions militaires ^^).

          Sinon pour appuyer les dires de François, exit le tapis de bombes (la dernière fois qu’il fut employé c’était en Irak pour Desert Storm), actuellement -Afghanistan / Syrie / Irak- un B52 emporte généralement entre 6 et 12 bombes (JDAM / GBU) par mission, soit l’équivalent de 3-4 chasseurs, avec une autonomie sur zone décuplée (moins de ravitaillements en vol, moins de rotations), et en plus son heure de vol est la moins coûteuse du trio stratégique US.
          Ajoutons à cela sa capacité à lancer des missiles de croisière, antinavires, mouiller des mines (comme récemment en exercice dans la Baltique), autant d’arguments en faveur du maintien du vénérable octoréacteur.

  3. 32 ans les derniers moteurs fabriqués?? Pour les réparer certaines parties de ces moteurs sont toujours produits ou c’est du bricolage de haut niveau que font leurs mecanos?

    1. L’US Air Force possède un beau stock de pièces détachées et est championne du monde de la cannibalisation grâce à Davis Monthan AFB.

      1. Prélever des pièces sur des appareils stockés et les monter sur un appareil en service pour qu’il le soit encore longtemps. En gros, faire voler un avion grâce à plusieurs autres.

  4. Je voulais demander sur la photo en haut, sous le premier paragraphe, ce sont des bombes ou des missiles de croisières qu’on voit sous les ailes du B-52 ? Et sinon la photo du bas est super top avec les 3 bombardiers actuels, dommage qu’on puisse pas la voir en grand comme les autres.

        1. Pour la gbu-31 c’est un guidage par centrale à inertie et GPS. Plus precis que le laser surtout lors de mauvaises conditions météorologiques.

  5. Vous n’avez pas évoqué le futur Northrop Grumman B-3 qui est sensé remplacé le B-52 a partir de 2025. Peut-être que lui aussi se fera enterrer par le vénérable stratofortress 🙂

    1. En effet il n’est pas évoqué dans le sujet car pour l’instant le Northrop-Grumman B-21 Raider (aussi parfois appelé B-3) n’existe en fait pas encore.

  6. Paradoxalement ce sont souvent les aéronefs les moins évolués technologiquement qui durent le plus longtemps, comme le B-52 ou le A-10, alors que les appareils hyper technologiques se démodent plus rapidement. Ainsi si le B-52 dure jusqu’en 2050 il aura servi pendant 89 ans alors que le F-117 par exemple n’a été en fonction que 26 ans. Il aura été furtif autant par sa signature radar que par sa durée de vie !!

  7. Ce « vieux » coucou a gardé toutes ses dents….Il me renvoie à Dr Folamour de Kubrick, avec les effets spéciaux d’époque et bien sûr le saut à dos de bombe (et stetson) du chef de bord….. Bonne journée.

Sondage

"Si la France devait mettre une des personnalités aéronautiques suivantes au Panthéon, laquelle vous semblerait la plus logique ?

Voir les résultats

Chargement ... Chargement ...
Dernier appareil publié

S.A.I. KZ II Træner

En 1945 la totalité des pays libérés de l’occupation allemande par les Alliés, et notamment par les Américains et le Commonwealth en Europe occidentale, avait

Lire la suite...