BAe Systems est-il vraiment dans le creux de la vague ?

La société de défense britannique vient de lancer un des plus importants plans sociaux de son histoire : 2000 postes seront supprimés dont 70% dans sa branche aéronautique. Ce sont donc 1400 ingénieurs et techniciens qui vont très bientôt se retrouver sur le carreau sur cinq sites de l’avionneur, et ce malgré la bonne santé du programme Eurofighter. Car ne l’oublions pas l’industriel britannique assure 33% du programme du Typhoon.

Pour mémoire des Typhoon (ou EF2000 dans sa désignation constructeur) sont en attente de livraison auprès de l’Allemagne, de l’Espagne, du Koweït, d’Oman, et du Royaume Uni. Ce qui implicitement démontre que les chaînes de production ont encore de beaux jours devant elles. Et pourtant ce sont trois sites directement liés au programme de l’avion de combattant européen qui figurent sur la liste noire du constructeur.

Les deux autres bureaux d’étude et usines concernées sont notamment rattachés aux programmes de drones. Ainsi les programmes militaires HERTI (pour High Endurance Rapid Technology Insertion), Mantis, ou encore Silver Fox risquent bien d’être directement impactés. Le célèbre avion d’entraînement avancé Hawk pourrait lui aussi voir une de ses chaînes d’assemblage touchée.

Ce qui dans cette décision de réduire la masse salariale du groupe reste difficilement compréhensible c’est que BAe Systems prévoit une hausse de son bénéfice par action ajusté de l’ordre de 7 à 9.5%, c’est à dire un seuil tout à fait acceptable. Et surtout qui ne justifie en rien un tel dégraissage dans les ressources humaines.

Toujours est-il que cette décision semble bien plus financière que réellement industrielle. En effet dès l’annonce de cette suppression de postes l’action britannique du constructeur est montée en flèche à la bourse de Londres. Alors même qu’elle stagnait depuis plusieurs mois. Quand l’actionnaire est plus important que celui qui se retrousse les manches et plonge les mains dans le cambouis !

Pour information, les 600 futurs postes supprimés non liés à l’aéronautique sont dans le secteur de la défense navale. En effet, BAe Systems est également présent dans le domaine des navires de guerre notamment au travers des destroyers Type 45 ou encore des navires de débarquements de classe Bay.

Photo © UK Ministry of Defence.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

5 réponses

  1. Il est vrai que cette annonce peut surprendre notamment aux vues de la dernière commande du Katar portant sur 24 Typhoon et sur 6 Hawk. Mais n’oublions pas qu’il ne s’agit là que d’une lettre d’intention et que ce ne serait pas la première fois qu’en matière d’armement le Qatar ne confirme pas un tel accord. Par ailleurs le consortium BAE/AIRBUS attends toujours la confirmation d’une commande supplémentaire de la part de l’Arabie Saoudite. De surcroit, de part les obligations de répartition de plan de charge entre les différentes nations participantes, il faut bien dire que la chaine de production des Eurofighter n’est pas des plus rationnelles, avec notamment quatre chaines d’assemblage finale, ainsi qu’une usine pour la fabrication de l’aile droite et une autre pour l’aile gauche.

  2. Ça sent le début de la fin, l’actionnaire se dit que la société à des produits qui marchent bien, donc on peut virer les développeurs et garder uniquement le personnel nécessaire pour la production. Et puis quand sera venu le temps de développer un nouveau produit, on réengagera de nouveaux développeurs qui pondront un nouvel avion et le cycle recommencera.
    Bref c’est le moment de se casser et de trouver une société où l’on espère que la gestion soit plus rationnelle.

      1. Depuis que j’ai commencé à travailler, il y a 30 ans, la gestion des « Ressources Humaines », est de plus en plus que de la gestion de ressources tout court, comme des locaux, des machines outils, ou un PC.

  3. L’industrie britannique de défense se saborde méthodiquement depuis vingt ans. Il semble que, contrairement à chez nous, le principe d’outil industriel souverain ait été depuis longtemps abandonné.

    Les industries sans usines, rêve de gestionnaire, d’autres ont essayé avant eux, ils ont eu des problèmes.

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