L’Armée de l’Air au cœur d’une polémique autour de Nungesser et Coli !

Voilà le genre d’approximation qui personnellement me met hors de moi, surtout de la part de gens qui sont sensés être des professionnels de l’aéronautique. D’où ce coup de gueule de ma part ! Au moment où la ville de Paris inaugurait une rue au nom des aviateurs français Nungesser et Coli, les communicants de l’Armée de l’Air réalisaient une bourde XXL en leur déclarant la paternité du 1er vol transatlantique, oubliant au passage les pilotes britanniques Alcock et Brown. Un tweet qui n’a pas mis bien longtemps à faire réagir, grâce notamment à la réactivité des journalistes du Fana de l’Aviation.

Car même si cette polémique naissante peut sembler assez anodine elle révèle aussi un fait beaucoup plus grave : l’amateurisme des communicants de l’Armée de l’Air qui visiblement n’avaient fait aucune recherche avant de tweeter. Visiblement la traversée le 14 juin 1919 des deux pilotes de Sa Majesté aux commandes de leur bombardier Vickers Vimy leur était totalement inconnue. Un premier vol transatlantique sans escale réalisé entre l’île canadienne de Terre Neuve et la côte occidentale de l’Irlande, donc entre l’Amérique du nord et l’Europe. Dommage car cela démontre au moins deux choses : la grave méconnaissance de l’histoire aéronautique et la très grande propension de ces communicants à tomber dans un manichéisme exacerbé.

Mais surtout ce tweet discrédite totalement l’Armée de l’Air alors même que les deux aviateurs français sont d’anciens as de la Première Guerre mondiale. C’est à dire que notre aviation militaire se plante dans les grandes longueurs en accordant cette paternité à deux pilotes déjà entrés dans la légende mais auxquels aucun historien digne de ce nom de les relie à un tel exploit. Certes aux commandes de leur Oiseau Blanc, un biplan Levasseur PL.8 en partie dérivé du célèbre bombardier-torpilleur PL.7 alors en service sur le porte-avions Béarn, les deux aviateurs ont bien tenté de traverser l’océan entre Le Bourget et New York. Cependant ils ont échoué. Leur avion a été perdu corps et âme, sans que l’on ne sache vraiment où ils se sont écrasés ou bien abîmés en mer.

Au final on voit clairement que les communicants de l’Armée de l’Air sont bien plus prompts à tweeter qu’à prendre attache avec leurs collègues historiens du Service Historique de la Défense. Dommage cela aurait évité qu’ils passent pour des amateurs, au sens le moins noble du terme ! J’ai été profondément déçu par ce manque de professionnalisme et de connaissances.

Pour l’anecdote c’est dans le très chic 16ème arrondissement de la capitale que la rue Nungesser et Coli a été inaugurée, à proximité du stade Jean Bouin (l’antre du club de rugby parisien le Stade Français !!!) et de la célèbre piscine Molitor.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

16 réponses

  1. Petite question, depuis quand on apprend à l’école l’histoire, la vraie??? pas depuis 40 ans au moins, alors il n’y a rien d’étonnant à ce genre de bourde……. Suivre les commentaires lors du défilé aérien de 14 juillet est déjà un supplice, alors là, rien d’étonnant. Mais il y a encore et c’est heureux des admirateurs (stop au mot anglais de type fan..sic) pour rétablir la vérité. 😉

    1. Alors là je ne vois pas ce que vous reprochez à l’enseignement de l’histoire dans les manuels scolaires des quarante dernières années ? Justement depuis près de cinquante ans elle s’est recentrée sur l’humain et non plus uniquement sur le fait. Mais bon passons, peut-être m’expliquerez-vous. Ensuite il faut savoir que si certains ont tendance à penser que le français est envahi par l’anglais, qu’ils s’intéresse de près à l’évolution de cette dernière langue qui depuis au moins un bon siècle est totalement envahie par les mots français devenus hyper tendances au Royaume Uni et aux États-Unis. Une forme de réciprocité. Enfin comme toutes langues l’anglais s’est nourri des mésaventures de son pays et possède énormément de mots français plus ou moins anglicisés au fil des siècles à l’exemple du cul-de-sac qui comme chez nous désigne là bas des voies sans issu.
      Et ça moi j’en suis super fan !

  2. @tonton
    Le mot « fan » est effectivement utilisé par les anglophones, pour parler de « ventilateur » … et accessoirement en tant que diminutif de « fanatic »… qui se traduit par « fanatique » en Français… qui a « fan » pour diminutif. Mais il y a encore et c’est heureux des gens pour rétablir la vérité. 😉

  3. En effet, sacrée erreur, les responsables comm’ de l’Armée de l’Air semblent malheureusement occuper leur poste sans vraiment accorder d’importance a l’histoire de l’aéronautique. Et ne pas etre au courant qu’ils se sont en plus abimes, encore mieux. Le mystere de leur disparition est quand meme l’un des plus connu dans le monde de l’aero.

    Petite anecdote, lors de leur tentative, les journalistes americains de l’époque avaient publiés en gros titre que Nungesser et Coli etaient arrivés avant meme quils se soient posés. Grosse désillusion apres lannonce de leur dispariton.

  4. Du coup Paris aussi a fait la faute? Hidalgo aussi elle a pas d’historiens qui connaissent un peu l’aéronautique?

  5. Certains pensent que l’Oiseau Blanc aurait été abattu à Saint Pierre et Miquelon par des contrebandiers, qui auraient confondu l’appareil avec un avion des garde-côtes américains. A l’époque de la prohibition au USA, la contrebande d’alcool battait son plein dans l’archipel. L’avion n’ayant pas été retrouvé ce n’est que pure supposition.

    Si Alcock et Brown ont été les premiers a traverser l’Atlantic sans escale, pourquoi attache-t-on tant d’importance à Lindbergh, qui il faut le reconnaître, est bien plus connu du grand public que ces derniers ?

    1. Car lindbergh a effectué ce vol entre New-York et Paris sans escale et en solitaire alors que les anglais eux était 2 et « seulement » de Terre-Neuve jusqu’en Irlande (3000 km). Moins prestigieux.

      1. Oui mais Lindbergh avait un avion spécialement pensé pour ce raid longue distance quand Alcock and Brown utilisaient un bombardier de série. Et puis huit années séparent les deux exploits.

  6. Si en effet les faits donnent tort à cette publication de l’Armée de l’air, il ne faut pas trop en vouloir au community manager. Il n’est pas là pour connaître l’histoire sur le bout des ongles, ce n’est pas son job. Le CM suit d’abord une stratégie de communication dictée par sa hiérarchie et se doit de la mettre en œuvre.

    Quant à la réalité du vol de l’Oiseau Blanc, les recherches continuent et l’un des héritiers Decré de Nantes appuient depuis longtemps la thèse de la disparition de l’OB au dessus de Terre Neuve. Je ne suis pas assez calé pour infirmer ou confirmer sa thèse mais, le fait est qu’elle existe et que le chercheur suit une méthodologie assez proche d’un historien professionnel (d’ailleurs qu’est-ce qu’un historien professionnel ?). D’autant que si l’avion n’est pas le premier a avoir effectué un vol Transatlantique, il semble bien être le premier à l’avoir réalisé d’Est en Ouest.

    1. Vous avez raison, mais les CM se font souvent virer pour ce genre de bourde en lien avec l’histoire, les valeurs, les activités etc… de leur entreprise ou organisation. Bref souvent une méconnaissance de leur structure.

  7. Bonjour

    Je vous trouve un peu dur, à plusieurs titres :
    -D’abord il faut bien avoir conscience qui sont les personnes au bout des fils tweeters des armées. Certainement pas des communicants chevronnés, ou des community managers, plus certainement des aspirants qui tiennent le compte à plusieurs avec des moyens très limités.

    -Ensuite, il y a un consensus tacite il me semble depuis pas mal de décennies sur la signification du terme « vol transatlantique ». Il s’agit d’un vol permettant de relier deux grandes villes des deux continents. Ça n’est pas pour rien que Lindhberg est infiniment plus connu que Alcok et Brown et que son vol est crédité du titre de premier vol transatlantique.

    -Enfin pour la petite histoire, j’ai rencontré M. Decré, la personne qui milite pour la reconnaissance du vol de l’Oiseau Blanc, il y a trois ans lorsque je menais des travaux cartographiques à Saint-Pierre et Miquelon. Une belle rencontre qui m’avait fait plonger dans cette histoire si nébuleuse, dont on n’aura sans doute jamais le dernier mot.

  8. J’aime lire tous ces commentaires….
    Encore une fois je me tiens à la disposition de tous les passionnés et historiens pour exposer mes neuf années de recherches à raison de 50 heures par semaine? au moins huit voyages de l’autre côté de l’Atlantique, des recherches dans au moins une dizaine de sites importants d’archives etc etc…
    Vous n’empêcherez pas des journalistes de confondre les différentes traversées de l’Atlantique: Alcock et Brown furent les premiers de St John de Terre Neuve à l’Irlande: 3250 kms, …formidable pour 1919
    L’exploit de Lindbergh: New York-Paris: Près de 6000kms! il a gagné le Prix Orteig
    Et puis désolé d’insister: L’Oiseau Blanc de Nungesser et Coli: Première traversée de l’Atlantique Est Ouest les 8 et 9 mai 1927 même si leur amerrissage fut dramatique…après avoir reçu des tirs en pleine prohibition
    Par contre si parmi vous quelqu’un a des éléments nouveaux et sérieux à m’apporter , je suis preneur
    Cordialement
    B.Decré

    1. C’est gentil de nous lire monsieur Decré mais vos conclusions sur l’Oiseau Blanc demeurent hypothétiques, à moins que vous ayez découvert et expertisé l’épave du biplan sans rien dire à personne.
      Cordialement.

  9. il faut rendre hommage par la vérité historique à tous ces pionniers français, britanniques, américains. Vu la qualité des aéronefs, des moyens de transmissions et navigation de l’époque ; il faut reconnaître que ces messieurs ‘en avaient’ selon une formule grivoise consacrée!!!…..l’erreur des militaires ne m’étonne pas. du tout …pour avoir œuvré vingt ans dans cette vénérable institution qu’est l’Armée de l’Air, je peux dire que j’ai très peu rencontré de personnels ‘fana’ d’ histoire de l’air et ce à tous les niveaux ! les préoccupations sont plus à l’action immédiate dans leur spécialité (pilotage; contrôle, technicité) . Et finalement c’est ce qu’on leur demande finalement . Il existait quelques érudits en voie de disparition au SHAA . Un exemple pour imager mes propos ? le peu d’empressement de début à conserver minimum un exemplaire des avions ayant été en service dans l »AA (l’ équivalent de DUXFORD (GB) n’existe pas chez nous!!!

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