Tupolev Tu-154 ‘Careless’

Fiche d'identité

Appareil : Tupolev Tu-154 ‘Careless’
Constructeur : Tupolev A. N.
Désignation : Tu-154
Nom / Surnom :
Code allié / OTAN : Careless
Variante : Tu-154M, Tu-155.
Mise en service : 1972
Pays d'origine : U.R.S.S.
Catégorie : Avions de transport
Rôle et missions : Avion de transport de personnels, transport de hautes personnalités, poste de commandement aéroporté, reconnaissance stratégique, banc d'essais volant.

Sommaire

“ L'avion de ligne préféré des militaires russes ”

Histoire de l'appareil

Pour beaucoup de passionnés d’aviation mais aussi de néophytes le nom de Tupolev est intimement lié à deux types d’avions bien particuliers. Ce sont bien entendu le bombardier de reconnaissance à long rayon d’action Tu-95 Bear et l’avion de ligne supersonique Tu-144, l’équivalent soviétique du Concorde franco-britannique. Pourtant cet avionneur a su marquer l’histoire de l’aviation civile avec plusieurs autres modèles, parfois très réussi. Parmi ceux-ci figure un étonnant triréacteur moyen-courrier qui sut également s’attirer les faveurs des militaires du bloc communiste : le Tu-154.

Pour cet avion tout commença en juillet 1963 quand Tupolev fit voler le prototype de son nouveau biréacteur court moyen-courrier Tu-134 destiné à l’Aeroflot autant qu’aux compagnies aériennes des pays du Pacte de Varsovie. Ce qui aurait du être un évènement de classe internationale fut en fait relégué au second plan, malgré les indéniables qualité de cette machine. En effet cinq mois plus tôt le géant américain Boeing avait fait voler le concurrent le plus direct de celui-ci, le triréacteur 727.

Cette architecture très particulière où deux réacteurs étaient collés à l’arrière du fuselage tandis qu’un troisième était installé au-dessus du fuselage sous l’empennage avait alors le vent en poupe. Un an auparavant l’avionneur britannique Hawker-Siddeley avait fait voler son HS.121 Trident, le premier avion de ligne faisant appel à cette technique. Or l’aéronautique soviétique était à la traîne avec ce Tu-134 biréacteur, un fait inadmissible pour le pouvoir moscovite qui chargea Tupolev de rattraper son retard dans le domaine.

Officiellement un contrat fut passé afin de fournir à l’Aeroflot un nouvel avion de ligne moyen-courrier, disposant d’un rayon d’action à pleine charge de 4000 kilomètres pour une vitesse de croisière de 900 km/h. Il s’agissait alors de remplacer les vieux biréacteurs Tupolev Tu-104 Camel et quadriturbopropulseurs Ilyushin Il-18 Coot. Clairement l’URSS cherchait un avion autant pour ses vols domestiques que pour ceux à destination de l’Europe occidentale.

En fait le bureau d’étude de Tupolev n’avait jamais reçu un cahier des charges aussi précis pour un avion civil. Afin de noyer le poisson et d’induire les services de renseignement américains et européens dans l’erreur les Soviétiques tentèrent de faire croire que le futur avion était une version rallongée et modifiée en triréacteur du Tu-134. Cependant la réalité était assez différente.

Bien entendu il reprenait certains éléments architecturaux de son prédécesseur mais était aussi le premier avion de ligne soviétique pensé selon des critères n’existant alors qu’aux États-Unis et en Europe occidentale. Il se devait d’être confortable, facile de pilotage, et beaucoup moins bruyant que les autres avions du constructeur. Comme tous les avions soviétiques le futur avion avait aussi la nécessité de pouvoir opérer depuis des terrains sommaires. C’est pourquoi il fut doté d’un système de gonflage des pneus de train d’atterrissage en plein vol. Un principe inventé par les ingénieurs d’Ilyushin et qui allait se retrouver quelques années plus tard sur l’avion cargo militaire Il-76.

En 1967 l’avion reçut la désignation officielle de Tu-154. Le plus grand secret entourait son développement. Le prototype fut assemblé dans le même atelier que l’avion supersonique Tu-144, et donc placé sous protection militaire extrêmement stricte. Pourtant quand il réalisa son premier vol le 4 octobre 1968 le nouveau triréacteur n’avait rien d’impressionnant. Il était de taille très similaire avec les Boeing 727-100 américains de première série, et ses performances n’étaient pas supérieures à ce dernier. L’OTAN décida d’attribuer à cet avion la désignation de Careless.

Les premiers Tupolev Tu-154A et Tu-154B de série entrèrent en service au sein de l’Aeroflot au début de l’année 1972, étant rapidement affecté à des vols de prestige entre Moscou et les grandes capitales européennes qu’étaient alors Londres, Paris, et Rome. La majorité des grandes compagnies aériennes de pays communistes en reçurent, tels Balkan Bulgarian Airlines, Cubana, CSA, Malev ou encore Tarom.

Au début de l’année 1974 l’aviation soviétique commença à recevoir ses premiers Tu-154B militaires. Ces avions étaient alors destinés aux missions de transport de hautes personnalités au profit des dignitaires du parti communiste autant qu’à celui des généraux. De son côté la marine soviétique reçut en 1977 son premier Tu-154S, un avion destiné au transport de fret sur palettes et très similaire dans sa définition aux Douglas C-9 Skytrain II qui servaient alors dans l‘US Navy.

Dix ans après cette percée sur le marché militaire, en 1984, entra en service une version améliorée du Careless désigné Tupolev Tu-154M. Profondément modernisé, légèrement agrandi, plus rapide, disposant d’un rayon d’action accru celui-ci était même en passe de concurrencer les avions occidentaux tels le récent Airbus A300 européen. Le Tu-154M était même le premier avion de ligne soviétique disposant d’un APU (pour Auxiliary Power Unit), un équipement alors uniquement rencontré sur les avions américains.

Si le Tu-154M attira rapidement les compagnies aériennes il fut aussi plébiscité par les forces aériennes des états satellites de l’URSS qui voyaient en lui l’avion idéal pour les déplacements de leurs hauts responsables civils et militaires. C’est ainsi qu’au milieu des années 1980 de tels avions furent livrés, à titre militaire, à l’Allemagne de l’Est, la Bulgarie, la Chine, la Corée du Nord, Cuba, la Mongolie, la Pologne, et la Tchécoslovaquie.

Lorsque le bloc communiste s’effondra en 1989-1990 tous ces avions étaient encore en service.
Lors de la réunification allemande en octobre 1990 la Luftwaffe par exemple récupéra les deux Tu-154M qui volaient jusque là au sein de la Luftstreitkräfte. Ils furent affectés à des missions de transport de hautes personnalités et de personnels. À l’inverse lors de la disparition de la Tchécoslovaquie au 1er janvier 1993 seuls les militaires tchèques acceptèrent de reprendre les deux Careless tchécoslovaques militaires, dont un Tu-154A de première génération. Leurs homologues slovaques se tournant vers deux anciennes machines civiles de la compagnie CSA. Comme quoi chacun n’avait pas la même lecture des qualités réelles du triréacteur.

Au début des années 1990 la jeune force aérienne russe entreprit de modifier une demi-douzaine de Tu-154M pris sur les stocks d’Aeroflot afin d’en faire des postes de commandement aéroporté. La guerre froide était morte, pas ses vieux réflexes. Dans le même temps des avions furent modifiés en machines de reconnaissance stratégiques pour le compte de la Chine et de la Russie sous respectivement les désignations Careless-B et Careless-C selon l’OTAN. Les espions-volants Tu-154M sont reconnaissables à leur long carénage en forme de baignoire inversée placé sous le fuselage et à leurs diverses antennes.

Le Tupolev Tu-154M a donné aussi naissance à une version expérimentale désignée Tu-155. Il s’agissait d’un avion destiné à tester l’utilisation du gaz naturel liquéfié et de l’hydrogène liquide comme carburant alternatif. Sous l’immatriculation civile soviétique CCCP-85035 et une livrée type Aeroflot il vola entre avril 1988 et mars 1991 réalisant quatre-vingt-onze vols d’essais.
Cependant il demeura sans suite.

Au début de l’année 2017 la majorité des Tupolev Tu-154 civils volaient principalement en Chine, Corée du nord, Russie et dans les ex-républiques soviétiques. Cet avion est aussi intimement lié à deux accidents aériens particulièrement médiatisés, survenu l’un le 10 avril 2010 et ayant conduis à la mort du Président de la République polonaise Lech Kaczynski et de son épouse, et pour le second le 25 décembre 2016 où une soixantaine de musiciens et de choristes des célèbres Chœurs de l’Armée Rouge trouvèrent la mort.

Malgré tout le Tupolev Tu-154 demeure un des avions de ligne de facture soviétique parmi les plus réussis, notamment au travers du Tu-154M. À n’en pas douter c’est un avion qui aura marqué l’histoire aéronautique de la seconde moitié de la guerre froide.

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Photos du Tupolev Tu-154 ‘Careless’

Caractéristiques techniques

Modèle : Tupolev Tu-154M Careless, en configuration transport de personnels.
Envergure : 37.55 m
Longueur : 48.00 m
Hauteur : 11.42 m
Surface alaire : 201.50 m2
Motorisation : 3 réacteurs Soloviev D30-KU
Puissance totale : 3 x 10500 kgp. sans post-combustion.
Armement : aucun
Charge utile : Entre 145 et 180 passagers.
Poids en charge : 104000 kg
Vitesse max. : 955 km/h à 8900 m
Plafond pratique : 12100 m
Distance max. : 5250 Km à charge maximale.
Equipage : 5
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Profil couleur

Profil couleur du Tupolev Tu-154 ‘Careless’

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Tupolev Tu-154 ‘Careless’
Fiche éditée par
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Vidéo du Tupolev Tu-154 ‘Careless’

Atterrissage d'un Tupolev Tu-154 Careless militaire slovaque.