George « Buzz » BEURLING

le Faucon de Malte

George BeurlingHéros rebelle au destin tragique, George Frederik Beurling est l’as des as canadiens de la deuxième guerre mondiale avec 31 victoires à son actif, dont 27 au-dessus de l’île de Malte.

Né à Verdun au Québec en 1921, il grandit dans une famille de cinq enfants. Dès son jeune âge, il n’a qu’une passion: les avions. Le jeune Beurling passe ses moments libres à l’aérodrome de Cartierville, près de son domicile. Dès quatorze ans, George prend les commandes d’un avion et à 17 ans, il réalise son premier vol en solo. Afin d’accélérer sa formation de pilote, il abandonne ses études et déniche un emploi dans une entreprise de transport aérien en Ontario où il obtient rapidement son brevet de pilote.

Dès le déclenchement de la deuxième guerre mondiale, il n’a toutefois plus qu’une idée en tête: devenir pilote de chasse. Du fait de son jeune âge, l’Aviation royale canadienne (ARC) refuse la candidature de Beurling. Il décide alors de se rendre en Chine afin de se joindre aux Flying Tigers, la célèbre escadrille de volontaires internationaux pilotant des Curtiss Warhawk. Traversant clandestinement la frontière américaine, Beurling est arrêté au moment de s’embarquer sur un bateau en partance vers la Chine. Déporté au Canada, il tente à nouveau de joindre l’ARC, qui le refuse cette fois-ci sur la base de son dossier académique peu reluisant. Il s’embarque sur un navire marchand à destination de la Grande-Bretagne, survit à une attaque d’U-Boote sur son convoi et, rejoignant enfin un bureau de recrutement de la RAF, il réussit à s’enrôler comme pilote.

Lors de son entraînement, il impressionne par ses habilités de pilotage et la précision de ses tirs. On lui offre une promotion, mais il refuse et demeure Sergent Pilote car il préfère la compagnie des hommes de troupe. Ironiquement, il est assigné comme pilote de chasse sur Spitfire Mk.V au 403 Squadron de l’ARC, à la fin de 1941. D’un naturel plutôt indiscipliné, Beurling est toutefois transféré au 41 Squadron de la RAF au printemps suivant. Le premier mai 1942, son Spitfire est sérieusement endommagé lors d’un combat aérien mais il réussit tout de même à abattre son premier avion ennemi, un Focke-Wulf  190.

Ses camarades le surnomment «Buzz», dû à son habitude d’effectuer de dangereux vols non autorisés au ras du sol. Excédés, ses supérieurs le surnomment plutôt «Screwball» (tête brulée), puisqu’il a également tendance à combattre en solitaire. Il se porte volontaire pour aller à Malte, alors assiégée par la Regia Aeronautica italienne et la Luftwaffe allemande. Ses supérieurs sont trop heureux d’autoriser son transfert au 249 Squadron de la RAF en juin 1942.

Beurling Spitfire
Spitfire de Beurling à Malte

George-Beurling1C’est sur cette île de la Méditerranée, qu’il réalisera les exploits qui le rendront célèbre. En quelques semaines de combat aérien, il abat 27 avions ennemis, dont des Messerschmitt BF-109 et des Macchi MC.202 Folgore pilotés par des as allemands et italiens. Suite à la perte au combat de son meilleur ami et compatriote, Jean Paradis, sa détermination n’est que plus grande. Il réussit l’exploit d’abattre cinq avions dans la même journée. La presse alliée le surnomme «Faucon de Malte». Beurling n’est toutefois pas invincible, puisqu’il est abattu et on doit l’évacuer pour soigner ses blessures. À Gibraltar, il est l’un des trois seuls survivants de l’écrasement du B-24 Liberator le ramenant vers la Grande-Bretagne.

Il est accueilli en héros en Angleterre, puis au Canada, où on lui demande de faire une tournée nationale pour promouvoir l’enrôlement et la vente des Bons de la victoire. À Vancouver, il fait la connaissance de Diana Whittall, sa future épouse. Dans le livre intitulé Malta Spitfire, publié en 1943, il relate ses expériences de combat. Beurling est toutefois malheureux dans ce rôle de relations publiques et insiste auprès de ses supérieurs pour retourner au front.

George-Beurling3De peur que l’héros soit tué au combat, il est plutôt affecté comme instructeur au Central Gunnery School de la RAF en Angleterre. Lors d’une simulation de combat en juin 1943, son Spitfire est accidentellement criblé de balles et Beurling réussit encore une fois à s’en tirer. Il insiste toujours pour joindre une unité combattante et, en septembre 1944, on lui confie un tout nouveau Spitfire Mk.IX au 403 Squadron de l’ARC alors déployé en France, dans un secteur plutôt tranquille. Beurling réussit tout de même à abattre deux avions ennemis, mais il exprime le souhait d’effectuer des missions sur P-51 Mustang au cœur de l’Allemagne. Toutefois, son insubordination lui attire encore des problèmes et, pour éviter la cour martiale, il est rapatrié au Canada à la fin de 1944 pour servir au Ferry Command. Malgré ses demandes répétées, Beurling est incapable de réintégrer une escadrille de combat et il démissionne de l’ARC. Il se porte volontaire pour joindre les rangs de l’armée de l’air américaine, mais sa candidature est rejetée.

Il éprouve beaucoup de difficulté à réintégrer la vie civile. Du métier de pilote de chasse, il dit un jour :

«C’est la seule chose que je sais faire correctement, c’est la seule chose que j’ai faite qui me plaise».

Une opportunité inattendue se présente à lui au début de 1948. Israël est à la recherche de pilotes de chasse pour son armée de l’air naissante et il se porte volontaire. Avant même de reprendre les commandes d’un avion de chasse, il perd la vie le 20 mai 1948 à l’aéroport d’Urbe à Rome, lors de l’écrasement du Noorduyn Norseman qu’il convoyait vers Israël. L’enquête officielle conclut à un simple problème mécanique, mais la théorie du sabotage par les services secrets britanniques ou arabes a encore ses adeptes aujourd’hui. Le fait que le gouvernement canadien n’ait pas cru bon de rapatrier la dépouille du héros, pourtant adulé quelques années auparavant, ajoute au voile de mystère. Provisoirement inhumée à Rome, sa dépouille est exhumée en 1950 et son cercueil, drapé de l’étoile de David, arrive en Israël. Traité en héros, Beurling a droit à une procession dans les rues de Haïfa avec la garde d’honneur de l’armée de l’air israélienne. Il est finalement inhumé dans un cimetière catholique, au pied du Mont Carmel.

Contrairement à «Billy» Bishop, l’as des as canadiens de la Première guerre mondiale, «Buzz» Beurling est aujourd’hui relativement peu connu. Une rue et une école portent son nom dans sa ville natale, mais bien peu a été fait par le gouvernement canadien pour honorer ce héros presque oublié de nos jours.

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Malte : le porte-avions anglais de la Méditerranée

Moins connue que la bataille d’Angleterre, elle fut tout aussi importante en termes d’intensité des combats aériens. Située à un endroit stratégique de la Méditerranée, l’île de Malte constituait une base avancée de la Royal Air Force (RAF) permettant d’attaquer les convois italiens et allemands ravitaillant les forces de l’Axe en Afrique du Nord. Surnommée le «cauchemar de Rommel », cette petite île fut bombardée sans relâche de 1940 à 1942 par la Regia Aeronautica  italienne et la Luftwaffe allemande.  Durant cette période, les pertes alliées furent de deux porte-avions et plus de 600 avions. Les forces de l’Axe perdirent un millier d’appareils.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Marcel
Marcel
Fils d’un aviateur militaire (il est tombé dedans quand il était petit…) et biologiste qui adore voler en avion de brousse, ce rédacteur du Québec apprécie partager sa passion de l'aéronautique avec la fraternité francophone d’Avions Légendaires.
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