WASP – Women AirForce Service Pilots de 1942 à 1944

Ce contenu est une partie du dossier thématique : Unités aériennes spéciales

WFTD + WASF = WASP

Tour de contrôle d'Avenger Field
La tour de contrôle d’Avenger Field

Le WFTD (Women’s Flying Training Détachement) et WAFS (Women’s Auxilary Ferrying Squadron) étaient créés avec à leurs têtes les Commanding Officers Jacqueline Cochran et Nancy Harhness. La fusion des deux programmes donna naissance au WASP. En 1943, principalement pour des raisons logistiques et surtout d’organisation, les centres d’instruction furent réunis et transférés sur une base unique, celle d’Avenger située à proximité de Sweetwater, au Texas.

Malgré une mise en œuvre difficile due à une logistique toujours aussi déficiente, au manque d’infrastructures, à la pénurie de pièces et autres problèmes d’équipement, le recrutement allait bon train. Pour la composition des premières classes, la priorité fut toutefois donnée aux volontaires détentrices d’une licence de pilote acquise dans la vie civile. C’est dans la perspective d’un engagement très militaire que 25.000 jeunes femmes ont sollicité leur incorporation. La sélection était impitoyable et seulement 1.900 candidatures furent acceptées. Seules 1.078 d’entre elles obtinrent le brevet et les ailes de pilotes.

La formation était identique à celle donnée à leurs collègues masculins à l’exception de la formation au combat aérien. La solde s’élevait à 150 $ par mois durant l’instruction et passait à 250 $ dès l’obtention du diplôme. Le strict règlement leur imposait de payer leurs propres uniformes ainsi que l’hébergement. Les trajets durant les permissions étaient à leurs frais et l’armée ne fournissait aucune assurance.

Une formation militaire rude…

Défilé du Peloton Sweetwater en juillet 43
Défilé du Peloton Sweetwater en juillet 43

En 1943, l’instruction passa de 27 à 30 semaines incluant 180 heures de formation au sol et 115 heures de vol. Tout en gardant une certaine féminité, les engagées sont soumises au même régime militaire que les hommes. Discipline, six élèves par chambrée, une salle de bains pour 12 filles, gymnastique, cross, entretien et inspection des bâtiments, exercices d’infanterie et défilés rythment leur quotidien. Titulaire de leur licence de pilote, la majorité des diplômées a continué une formation de trois semaines à l’École des aspirants officiers d’Orlando.

Soleil torride, peu de loisirs et les heures de cours se succèdent : Formation au pilotage, la physique, l’aérodynamique, l’électronique, les mathématiques, les communications, la météorologie, le code Morse, le droit militaire, etc… Le climat et l’environnement désertique rendaient l’instruction et l’écolage encore plus difficiles.

… sans les honneurs militaires

Tout cela eut un prix. Trente-huit aviatrices perdirent la vie durant la formation ou lors des opérations de convoyage.

Malheureusement, lors d’un décès en mission, le statut de personnel civil des WASPS ne leur accorda pas les honneurs militaires et le règlement n’autorisa pas la pose du drapeau américain sur les cercueils. Aujourd’hui, cela peut être considéré comme le comble de l’inconvenance ou du cynisme mais l’armée n’intervenait pas dans le rapatriement des corps. Tel était le règlement de l’époque.

Cérémonie funèbre par la Kalamazoo Gazette
Cérémonie funèbre par la Kalamazoo Gazette

Le 23 août 1943 aux environs de Camp Davis (Caroline du Nord), Mabel Virginia Rawlinson de la classe 43-W-3 trouva la mort dans un accident survenu lors d’un vol de nuit. En référence à certaines archives, malgré la rigueur des règlements et son statut civil, une cérémonie descente empreinte de solennité a été organisée. D’abord, le personnel de la base de Camp Davis se cotisa afin que son corps soit rapatrié en train vers Kalamazoo (Michigan), lieu de son domicile. Plusieurs WASP accompagnèrent le cercueil.

Ensuite, le 28 Août, lors de la cérémonie funèbre, c’est entouré de sa famille et des autorités locales que son cercueil fut couvert du drapeau américain. Bien que réservés aux membres des Forces Armées, les honneurs avec salves et clairon lui furent rendus par le Kalamazoo Civil Air Patrol (Unité civile auxiliaire gouvernementale, voir le « Focus » dédié) et le 1012th Guard Squadron basé à Kellogg Field. Les archives consultées ne m’ont pas permis de déterminer si l’enterrement de Mabel Virginia Rawlinson fut ou non une exception. Il est cependant prouvé que l’application des règlements en vigueur pouvait être contournée ou interprétée de façon à donner un peu plus d’humanité envers une partie du personnel qui, pour un statut différent, ne jouissait pas des mêmes privilèges.

 Cette triste réglementation et leur statut précaire furent le prélude à un long combat pour la reconnaissance de leur dévouement.

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Mercator
Mercator
De mon vrai nom Patrick Debaisieux, j’ai gardé comme speudo « Mercator » célèbre cartographe (1512-1594) issu de mon plat pays. Forcément, j’apprécie tout ce qui touche de près ou de loin à l’aviation et plus particulièrement l’époque 1918-1939. Amateur de « Bons mots » et de lecture, je me définis plus comme homme des bois que des villes et je suppose qu’avec mes 57 balais, je ne changerai plus guère.
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