Kennedy Space Centre, Cap Canaveral, Floride

J’ai récemment complété un «Road trip» de plus de 10 000 km afin d’effectuer un grande tournée de la péninsule floridienne. L’objectif était évidemment de fuir l’hiver particulièrement froid cette année à Québec, mais aussi de visiter à mon rythme le refuge préféré des «Snowbirds» (surnom donné en Amérique aux personnes qui migrent vers le sud durant la saison hivernale). Durant ce périple, je n’ai pas oublié les lecteurs d’Avions légendaires car j’ai «sacrifié» des jours de vacances pour visiter un haut lieu de l’astronautique, soit le Kennedy Space Centre ainsi que le réputé National Naval Aviation Museum à Pensacola. Commençons par un reportage sur ce qui peut être considéré comme l’épicentre majeur de l’aventure spatiale.

L’origine du centre spatial du Cap Canaveral remonte à 1949 lorsque cet endroit fut choisi pour y implanter un site d’essais de missiles sur l’ancienne Banana River Naval Air Station transférée en 1948 à la toute jeune USAF. Nommée Bumper 8, la première fusée qui y fut lancée en 1950 était en fait une évolution du missile V-2 de facture allemande. La mise en orbite du satellite Spoutnik 1 par l’URSS en 1957 initia la course à l’espace. Les Américains répliquèrent en février 1958 avec Explorer 1, leur premier satellite lancé depuis Cape Canaveral Air Force Station. C’est également à compter de 1958 que la NASA (National Aeronautics and Space Administration) prit le relais des militaires afin de développer les programmes d’exploration de l’espace ainsi que les vols spatiaux habitées qui seront lancés depuis le Cap Canaveral. Grâce à des expositions, films d’époque et animations, c’est cette grande aventure que l’on peut retracer au Kennedy Space Centre qui permet également aux visiteurs d’anticiper le prochain grand défi, soit l’implantation d’une colonie humaine sur la planète Mars à l’horizon 2030.

Lancement de Bumper 8

La visite débute au Complexe des visiteurs où l’on retrouve la plupart des expositions et services. Ce qui attire le regard dès l’entrée c’est le jardin des fusées qui retrace l’évolution des divers lanceurs jusqu’à l’imposante fusée Saturn 1B.

Fusée Saturn 1B

Dans le pavillon Heroes & Legends on apprend une foule de choses sur les premiers vols habités. Tout d’abord le programme Mercury qui s’est déroulé de 1958 à 1963 et dont l’objectif était de placer les premiers astronautes en orbite. C’est le légendaire John Glenn qui fut le premier Américain à réaliser cet exploit en 1962, non sans être précédé par le cosmonaute soviétique  Youri Gagarine en 1961. Voir en personne l’étroitesse et l’apparente fragilité d’une capsule Mercury a multiplié mon appréciation du courage de ces pionniers !

Capsule Mercury

Avec sa capsule biplace, le programme Gemini suivra entre 1963 et 1966 afin d’effectuer de plus longs séjours dans l’espace et perfectionner les manœuvres essentielles à une éventuelle mission vers la lune telles que les sorties extravéhiculaires et les rendez-vous spatial d’arrimage. Encore là, chapeau aux astronautes qui volèrent dans ces véritables boîtes de conserve !

Le célèbre discours du président John F. Kennedy prononcé en 1961 durant lequel il dit : «We choose to go to the Moon in this decade and do the other things, not because they are easy, but because they are hard, because that goal will serve to organize and measure the best of our energies and skills, because that challenge is one that we are willing to accept, one we are unwilling to postpone, and one which we intend to win, and the others, too.» a marqué le lancement du programme Apollo. Les images télévisées (en noir et blanc faut-il le préciser pour les plus jeunes) des premiers hommes à fouler le sol lunaire en 1969 demeurent un des souvenirs indélébiles de mon enfance. C’est donc avec une certaine vénération que j’ai visité l’Apollo/Saturn V Center. Dès l’entrée on y est immédiatement abasourdi par l’exemplaire de la plus grande fusée jamais construite. Des exemplaires du LEM (Lunar Excursion Module), du  Rover lunaire et de la capsule Apollo me replongent également dans mes rêves de gamin. On peut même y toucher un échantillon de roche lunaire ! Rappelons que la fusée Saturn V a également permis la mise en orbite de la première station spatiale américaine, soit le Skylab.

Fusée Saturn V
Module lunaire – LEM

L’autocar qui nous amène à l’Apollo/Saturn V Center, nous permet également de faire une brève tournée des pas de tir ainsi que du gigantesque bâtiment d’assemblage de fusées. Malheureusement, depuis les attentats de septembre 2001, les mesures de sécurité ne permettent plus de s’approcher autant de ces infrastructures. Les personnes présentes à Cap Canaveral lors des lancements sont aussi dorénavant triées sur le volet. Inutile de dire que je n’étais pas invité au lancement de de la fusée Falcon Heavy de SpaceX  effectuée le 6 février dernier. Ce tour d’autocar nous permet tout de même d’apprécier l’immensité du centre spatial du Cap Canaveral et les vastes espaces naturels indirectement protégés par la zone d’exclusion. On peut d’ailleurs facilement y apercevoir rapaces et alligators lors de ces déplacements !

Édifice d’assemblage des fusées

Cape Canaveral Air Force Station à droite et Centre spatial au centre

De retour au Complexe des visiteurs, ce fut le tour du Pavillon Atlantis dont l’entrée est dominée par une reproduction grandeur nature du lanceur de la navette spatiale. Suite à un visionnement sur l’histoire de cette nouvelle aventure, on accède à une autre section du pavillon où est conservée la navette Atlantis. Elle fut la dernière navette à voler le 21 juillet 2011. Il est fascinant d’observer de près cet aéronef qui a effectué 33 missions.

Véritables camions de l’espace, les navettes spatiales ont permis la mise en orbite d’une multitude de satellites, du fameux télescope spatial Hubble et bien évidemment de la Station spatiale internationale. Dans ce pavillon, on peut même expérimenter le décollage d’une navette spatiale à bord d’un simulateur. Bien qu’amusante, cette expérience ne reproduit évidemment pas la force G exercée sur les véritables astronautes.

Un peu à l’écart et d’une grande sobriété, l’Astronaut Memorial rappelle les dangers de l’aventure spatiale. On y retrouve les noms des 24 astronautes morts dans les divers programmes spatiaux américains. Les plus vieux se souviendront avec horreur de la fin tragique des trois astronautes ayant péri en 1967 lors de l’incendie de leur capsule Apollo 1 durant un entraînement au sol. La perte des équipages lors de l’explosion des navettes Challenger en 1986 et Columbia en 2013 fut également très médiatisée. Moins connus, on y retrouve également les noms de 6 astronautes morts durant l’entraînement à bord d’avions. Encore utilisé de nos jours par la NASA, ce sont quatre astronautes qui ont péri à bord d’appareils Northrop T-38 Talon dont un exemplaire est exposé tout près du mémorial. Y apparaît aussi les noms de deux autres astronautes morts aux commandes d’un Lockheed F-104 Starfighter et d’un North American X-15.

Northrop T-38 Talon

Bien que les images filmées nous permettent d’être témoins à distance de l’exploration spatiale, le fait de visiter les lieux mêmes où se poursuit cette aventure fut une expérience emballante. Malgré mon enthousiasme, ma candidature spontanée pour accéder à un poste d’astronaute fut toutefois poliment refusée par la NASA…


Avis de votre reporter

J’ai aimé :

  • la diversité des expositions, allant de gigantesques fusées jusqu’aux habits spatiaux
  • la gentillesse du personnel et la propreté des lieux malgré le flot des visiteurs

J’ai moins apprécié :

  • le coût d’admission et les frais supplémentaires pour accéder à certaines attractions
  • l’information technique et l’éclairage fréquemment déficients
  • l’offre alimentaire plutôt médiocre
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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Marcel
Marcel
Fils d’un aviateur militaire (il est tombé dedans quand il était petit…) et biologiste qui adore voler en avion de brousse, ce rédacteur du Québec apprécie partager sa passion de l'aéronautique avec la fraternité francophone d’Avions Légendaires.
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