Retour sur le Salon du Bourget 1991 : les héros du Golfe

L'affiche du salon de 1991
L’affiche du salon de 1991

Lors de ce 39e salon du Bourget, pas moins de 190 appareils présentés. Le salon est inauguré par François Mitterrand. Sans polémique cette fois. Il s’est affirmé comme un grand président en cette période où l’on cherche de nouveaux repères. Le bloc soviétique se fissure et la « Perestroïka » laisse présager, du moins on l’espère, la fin de la Guerre Froide. Mais pour laisser place à quel monde ?

La guerre, la vraie, s’est rallumée au Moyen-Orient. Une coalition internationale a vaincu l’armée de Saddam Hussein et certains de ces avions sont en démonstration au Bourget.

Les héros de la guerre du Golfe
Le Président Mitterrand inaugure le Salon avec Paul Quilès ministre de la défense
Le Président Mitterrand inaugure le Salon avec Paul Quilès ministre des transports

La vedette incontestée est l’avion furtif F-117, qui, là, ne passe pas inaperçu ! « Tu as vu l’avion invisible ? » est la blague à la mode. Il annonce une nouvelle génération américaine comme le YF-22 qui vole en tant que démonstrateur (il vient de remporter le marché sur son concurrent YF-23) mais n’est pas au Bourget et le Northrop B-2 en construction. Le futur, c’est aussi le Rafale dont le prototype du chasseur de l’armée de l’air C-01 vient de voler. Démonstrateur du savoir-faire français, il est équipé de deux réacteurs Snecma M88 et tout le reste est aussi de construction nationale. Mais Dassault n’a pas pu l’imposer aux européens. Son rival, l’E.F.A. futur Typhoon est en cours d’étude.

Le présent lui est représenté par les Jaguar français et britanniques en treillis camouflé, les F-14, F-15, F-16, F-18, AV-8B Harrier II, Grumman Intruder E-6A, E-2C Hawkeye, Fairchild A-10, Mirage 2000, Tornado, Ces deux derniers enchantent le public, le premier par ses figures, l’autre par sa panoplie d’armes et de bidons.

Autre présence inquiétante : les missiles « Patriot » qui rappellent les angoisses de la guerre du golfe et les nouveaux enjeux des conflits, maintenant que beaucoup de pays ont des missiles.

Au Bourget viennent aussi les « petites nations » aéronautiques, tentant de se faire une place dans quelque créneau, comme l’espagnol CASA avec son C-101 Aviojet. Ce ne sont pas les conflits « de basse intensité » qui manquent pour exporter de tels appareils, à la fois d’entraînement et d’appui.

Les Hélicoptères

La génération des guerres coloniales, premiers conflits où les hélicos se sont révélés irremplaçables fait place à des machines plus massives comme le Chinook ou le Blackhawk, et avec les engins d’attaque ApacheCobra ou des petits hélicoptères spécialisés comme le mystérieux Bell OH-58D Kiowa Warrior. Le Tigre, déjà présent vient de voler. Eurocopter montre aussi toute sa gamme au sol et en vol.

La Perestroïka a des ailes

L’Union encore Soviétique pour quelques mois vient avec ses avions commerciaux, comme d’habitude, pour prouver qu’elle est au niveau de l’Occident : Tupolev Tu-204, biréacteur de type Airbus, le gros Iliouchine 96 quadriréacteur, le Beriev Be-42, amphibie biréacteur (ou quadri si on compte les réacteurs de décollage) qui décolle de la piste, très élégant comme toutes les productions de ce constructeur original.

On peut voir l’Antonov 72, qui montre que les Soviétiques sont capables de réaliser les projets… américains (YC-14), et un Yakovlev 42 prototype 46 qui vient avec un propfan. Les ambitions de Moscou sont démesurées même sur le plan civil. Ils ont aussi un bi turbopropulseur de transport régional, l’Il-114 et même un magnifique avion de voltige, le Sukkhoi Su-26M.

Cependant leurs productions ne se vendent pas en Occident. Mais la nouveauté, c’est la présence des militaires avec le Mig-31 Foxhound  nous gratifiant du vacarme de ses deux réacteurs Solovyev D-30F de 15 tonnes de poussée au décollage. C’est la « transparence », la Glasnost.

 

La guerre Boeing-Airbus

Cette fois, ça y est ! Airbus fait peur aux américains ! Ceux-ci instruisent procès sur procès devant les instances internationales (GATT) pour financement illégal des avions européens. Ils mettent en cause les avances des différents états. Airbus réplique par la dénonciation des énormes crédits militaires qui permettent Boeing et McDonnell-Douglas d’être performants dans les aéronefs civils. Après tout, le Boeing 707 dérive d’un ravitailleur en vol !

L’offre se concentre, et ce n’est pas fini : Airbus a 1000 avions à livrer, Boeing en vend 500 par an et les MD-80 et MD-11 s’écoulent encore assez bien. Il ne restera bientôt plus que les deux géants et la lutte va se poursuivre sur le nouveau créneau des biréacteurs long courriers. Les normes et les techniques le permettent, aves les double flux géants comme le GE 90, qui trône dans son stand, comme le Trent de Rolls-Royce, le PW 4000, le CFM 56 de Snecma-General Electric. Le Boeing 777 et l’Airbus A330 vont s’affronter sur ce terrain, à la satisfaction des compagnies aériennes touchées par la « déréglementation » des lignes aériennes. L’A340 arrivera un peu à contretemps. Il fera son premier vol peu après le salon, et on est fiers en Europe de sortir un beau quadriréacteur.

Que reste-t-il face aux deux géants ? ATR qui profite des prix élevés du pétrole et vend bien ses 42 et 72, Fokker qui a placé 350 exemplaires de son modèle 100. On parle d’une bataille autour du 100 places avec des projets allemand, Anglais et Italien. L’Airbus A319 les mettra tous d’accord. Les projets : un Jumbo géant d’Airbus à deux ponts encore baptisé A2000, et on n’a pas renoncé au supersonique mais on n’a que des maquettes.

Espace : MIR contre navette spatiale

vue generaleAprès l’accident de Challenger les vols ont repris mais ce sont les soviétiques qui tournent autour de la terre dans la station MIR. Celle-ci héberge des spationautes comme Jean-Loup Chrétien. Quand à l’Europe, refroidie par les difficultés du « Shuttle » américain, elle est en train de renoncer tout doucement à son programme Hermès. Restera Ariane qui va de succès en succès et dont la haute silhouette domine toujours le salon.

L’Europe, avec Airbus, les programmes militaires et Arianespace permet à la France de garder une belle place dans les techniques de pointe.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Bernard
Bernard
professeur d'Histoire, à la retraite depuis peu mais passionné d'aviation depuis toujours, et en particulier bien sûr d'histoire de l'aviation.
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