C’est dans un style bien à lui que Donald Trump a personnellement annoncé cette série d’attaques aériennes. Ce dimanche 22 juin 2025 des bombardiers stratégiques Northrop B-2A Spirit de l’US Air Force ont frappé les sites d’enrichissement nucléaire de la république islamique d’Iran, hors de toute déclaration préalable d’entrée en guerre. Des missiles à changement de milieu BGM-109E Tomahawk ont également été employé par l’US Navy. On ignore actuellement le bilan humain de ces bombardements.
Cette nuit du samedi 21 au dimanche 22 juin 2025 restera donc dans l’Histoire. Jamais les États-Unis n’étaient allés aussi loin dans leur guerre des nerfs avec l’Iran. Les Américains ont donc apporté une aide militaire plus que substantielle à leur fidèle allié qu’est Israël.
Hier dans la journée l’US Department of Defense avait reconnu que six bombardiers furtifs B-2A Spirit avait rejoint Anderson AFB sur l’île de Guam, un des fameux territoires non incorporés et organisés des États-Unis. Le recours à cette base plutôt qu’à celle de Diego Garcia dans l’océan Indien, appartenant à la Grande Bretagne, laissait à supposer de l’imminence d’un action opérationnelle. Les équipages n’ont donc pas pu goûter bien longtemps à la douceur du Pacifique. Ce sont bien ces avions qui ont bombardé l’Iran. Leur cible prioritaire était le centre d’enrichissement d’uranium de Fordow. Situé sur une ancienne base militaire remontant à l’époque impériale et utilisé ensuite par les gardiens de la Révolution cette usine est la deuxième plus importante du pays, après celle de Natanz. Pourtant c’est elle qui était visée par les bombardiers lourds américaines.
Car les centres d’enrichissement nucléaire d’Ispahan et de Natanz ont bien été eux aussi visés par les États-Unis mais c’est l’US Navy qui s’en est chargée. Et là point de chasseur F/A-18E/F Super Hornet ou F-35C Lightning II embarqué à bord d’un porte-avions, elle est allée au plus simple. Cela est donc passé par une salve de trente missiles de croisières à changement de milieu BGM-109E Tomahawk tirés depuis au moins deux sous-marins nucléaires d’attaque croisant dans la région.
Mais au fait pourquoi les B-2A Spirit plutôt que d’autres avions de l’US Air Force ? D’abord parce qu’en dehors de la délivrance de l’arme atomique ces bombardiers stratégiques ont été conçu pour ce genre d’action ! Leur très haut niveau de furtivité et leur capacité à pouvoir voler bas, voire très bas, les rends quasi indétectables par les radars ennemis. Ensuite parce que pour détruire Fordow il fallait avoir recours à la plus puissante des armes anti-bunker de l’arsenal américain, la fameuse bombe GBU-57B MOP (pour Massive Ordnance Penetrator) à guidage par GPS. D’une masse de 12 304 kilogrammes, dont 2423 d’explosifs, elle a été conçue afin de permettre d’exploser en profondeur. Ses caractéristiques demeurent ultra secrètes mais on suppose qu’elle est efficace pour des distances pouvant atteindre 60 mètres de la surface, y compris bien sûr avec des structures en béton renforcé. Or justement la GBU-57B MOP a été pensée spécialement pour les soûtes du B-2A Spirit. Il se murmure que le Northrop Grumman B-21A Raider actuellement en phase de tests pourrait lui aussi l’emporter et la tirer.
C’est donc le Président des États-Unis Donald Trump qui a personnellement annoncé le raid aérien contre Forlow et les frappes de missiles de croisière contre Ispahan et Natanz. Il a déclaré, je cite : «C’est un moment historique pour les États-Unis, Israël et le monde. L’Iran doit maintenant accepter de mettre fin à cette guerre. Merci !». Du Trump pur et dur dans le texte. Et vous savez quoi ? À priori la république islamique d’Iran ne semble pas prête à laisser la pression retomber. C’est en tous cas que ce qui ressort des déclarations de sa diplomatie, qui fort logiquement hurle au scandale et à l’acte de guerre délibéré des États-Unis à l’encontre de sa souveraineté. Le locataire de la Maison Blanche met d’ailleurs Téhéran en garde contre d’éventuelles représailles, parlant là encore je cite : «d’une force bien plus grande». Trump n’est pas un lettré, ce n’est pas non plus un diplomate, et il le démontre une fois encore.
Consécutivement à ces actions américaines Israël a décidé de remonter encore un peu plus son niveau d’alerte. L’état hébreu craint sans doute d’être la cible de nouvelles attaques de missiles sol-sol iraniens. Depuis une semaine les bases et installations militaires américaines au Proche et Moyen-Orient avait elles aussi connu un hausse de leur sécurité, gageons qu’après ce raid cela ne va pas redescendre. Quid des emprises militaires britanniques et françaises de la région ? Rappelons que ni Londres ni Paris n’a pris part aux attaques contre l’Iran.
Les actions opérationnelles du Northrop B-2A Spirit sont particulièrement rares. Ce qui fait de ce raid aérien contre l’usine d’enrichissement nucléaire de Fordow quelque chose de très important pour l’histoire aéronautique. Pour l’Histoire tout court on retiendra que Donald Trump a préféré la force brute contre l’Iran plutôt que la diplomatie, contrairement à tous ses prédécesseurs depuis 45 ans ! L’avenir nous dira s’il n’a pas ouvert une boite de Pandore.
Photos © US Air Force
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10 réponses
L’avion des grandes occasions. 135 000 $ et 100 heures de maintenance par heure de vol.
Du coup qu’est-ce que ce sera avec le B-21A Raider… merci Dimitri pour ce judicieux rappel.
Sûrement moins en début de carrière. Le B-2 Spirit approche les 30 ans de service, et sa maintenance délicate est de plus en plus compliquée. Le coût de l’heure de vol à doublé en 20 ans.
Viet-Nam, Afghanistan, Irak… les Américains ont la mémoire courte. Mais bon, il serait étonnant qu’ils déploient des troupes au sol cette fois-ci. Ce bombardement ciblé est sans doute une bonne chose pour empêcher un régime terroriste de se doter de la bombe atomique.
Marcel, les Américains n’ont pas la mémoire courte, ils n’ont juste jamais eu aucun respect pour tout ce qui n’est pas, et surtout ne désire pas être, Américain (comme Canadien, vous voyez sûrement de quoi je parle). Les Américains curieux du monde, ou simplement rétifs à l' »american way of life », ont tous été, d’abord et souvent leur vie durant, des parias dans leur pays. Ce sont pourtant eux qui font de gens comme moi des « américanophiles » (les contradictions sont faites pour être assumées :-).
Je serais Iranien, je reprendrais mot à mot le discours de Roosevelt devant le congrès après Pearl-Harbor… Pas sûr que les Trumpettes du fond de l’orchestre auraient saisi le message, mais il y a assez de personnes aux États-Unis capables de fournir l’explication de texte… Pas sûr non plus de l’accession d’un officiel iranien au second degré…
Personne ne défendra le régime iranien, à commencer par une majorité d’Iraniens. Est-ce que cela suffit à rendre légitime une agression militaire sans déclaration de guerre ?
Et, sans vouloir ouvrir un débat sur l’arme atomique, qu’est-ce qui autorise un pays possédant l’arme atomique (au nom de sa sécurité…) à interdire à un pays de s’en doter ? Si on voulait donner aux satrapes iraniens un prétexte pour pousser jusqu’au bout leur programme et de ne pas respecter des accords que, de toute façon, le Roi du Deal® avait déchirés lors de son premier mandat, c’est fait.
Le Pentagone à révélé les détails de l’opération. Les six B-2 Spirit déployés à Guam étaient une diversion. En réalité ce sont sept B-2 Spirit qui ont décollés de Whiteman, ravitaillés à plusieurs reprises au dessus de l’est des États-Unis, de l’Atlantique et la Méditerranée orientale. Mer Méditerranée qu’ils ont survolé dans son entièreté, de Gibraltar au levant. Du levant ils ont été rejoints par des chasseurs de 4eme et 5 eme génération qui les ont escortés pendant toute la mission au-dessus de l’Iran et devancés à la recherche du moindre chasseur ennemi et de dispositifs sol-air. Le retour s’est fait par le même chemin inverse. 18 heures de vol aller, 18 heures de vol retour. 36 heures sans escale. Le déploiement en masse de ravitailleurs en Europe et de chasseurs au Moyen-Orient s’explique aujourd’hui.
On remarquera que les bombardiers ont pris le soin de survoler le moins de pays possible, seulement le Liban, la Syrie, l’Irak et évidemment l’Iran.
Merci Dimitri, vous me permettez ainsi de mettre à la corbeille l’article que j’avais prévu pour demain sur les tenants et les aboutissants de l’opération.
Il ne s’agit pas de soutenir la dictature des mollahs iraniens, mais de défendre le droit international.
Aujourd’hui, ce dernier vient de subir une attaque plus grave que l’agression illégale d’Israël et des USA sur l’Iran.
Cette guerre d’agression légitime celle que mène la Russie poutinienne sur l’Ukraine, demain légitimera celle de la Chine sur Taiwan et toutes les autres qui éclateront. Sans oublier que Trump n’a pas écarté l’option militaire pour s’emparer du Groenland, territoire danois, pays membre de l’UE.
Cela parce que si le droit international n’existe plus, ce sera la loi du plus fort.
Tout aussi grave, en soutenant Israël et les USA dans leur agression, les démocraties occidentales commettent une faute morale qui va les disqualifier pour toute future référence au droit. Etat de fait que les différentes dictatures se feront un plaisir d’utiliser.
En 1967, lorsque Israël avait lancé, à l’identique, une guerre « préventive », le Général De Gaulle avait décidé de ne plus soutenir diplomatiquement et militairement ce pays.
Pas un mot sur l’aspect aéronautique Alain ? La prochaine fois c’est modération directe. Avions Légendaires est comme son nom l’indique un site aéronautique. Premier et dernier avertissement.
Mea culpa