À moins d’être un ermite totalement troglodyte il ne vous aura pas manqué que depuis le weekend dernier les médias français s’acharnent sur cette surprenante information : un sous-marin appartenant à la fédération de Russie a été aperçu faisant surface au large des côtes française. C’est le rôle premier de la Marine Nationale que de surveiller ce genre de bâtiment hautement indésirable. Et parmi les moyens à sa disposition figurent évidemment les aéronefs avec en première ligne l’un des appareils les plus célèbres de notre aéronavale : le Dassault-Breguet ATL-2 Atlantique. Ça tombe donc bien que faire la chasse aux submersibles de classe Kilo fasse partie des spécialités de nos équipages français.
Depuis le début de la semaine tous les grands médias audiovisuels et papiers, de BFMTV à France Infos, LCI et France 24 en passant par Le Figaro ou encore Libération n’ont pas manqué de relayer l’information. Il faut dire que ce n’est pas tant qu’un submersible russe soit en transit dans la Manche qui surprenne, cela arrive finalement assez régulièrement. Non ici ce qui étonne c’est qu’il ait fait surface à quelques dizaines de mètres d’un chalutier français en pèche. Ça a du surprendre plus d’un des marins de ce bateau parti du port breton de Roscoff. Ça a du les changer des carrelets et des limandes.
La Manche c’est un peu l’autoroute maritime de l’Europe, tout le monde s’y croise. Séparant l’Europe continentale de la Grande Bretagne c’est la mer des Britanniques et des Français. Eux l’appelle le Channel et nous la Manche. Ce n’est surtout pas une mer des plus profondes. Descendant au maximum à 180 mètres de profondeur elle voit défiler quotidiennement des navires de commerce et des navires de guerre qui la descendent ou la remontent, entre l’Atlantique et la Mer du Nord. Il faut en plus compter les bateaux de pèche, les voiliers et embarcations de loisirs, et bien sur les car-ferries faisant la liaison transmanche ; tout le monde n’utilise pas le tunnel ! Et donc samedi dernier, 28 juin 2025, un sous-marin russe de classe Kilo.
Croire qu’un tel bâtiment peut tranquillement descendre ou remonter la Manche sans que quiconque ne le sache de Brest à Paris c’est se bercer d’illusion. Le sous-marin ennemi était suivi en permanence. Dans le jargon militaire on appelle cela le monitoring. À la surface des eaux une frégate le suivait. Et si la nécessité s’en fait ressentir la préfecture maritime peut faire appel à la patmar, c’est à dire au Dassault-Breguet ATL-2 Atlantique. Grâce à ses capteurs et en premier lieu à son détecteur d’anomalies magnétiques (aussi connu sous l’anglicisme MAD) il peut littéralement donner la chasse à un tel bâtiment. L’avion c’est bien souvent la menace numéro 1 des sous-mariniers. Sauf que dans le cas qui nous intéresse pas question de larguer charges de profondeur et/ou torpilles le submersible classe Kilo traversait paisiblement la Manche. Et au passage devait faire un peu de renseignement… c’est de bonne guerre. Les relations entre Moscou d’un côté et Londres, Paris, et l’OTAN de l’autre n’étant pas actuellement au beau fixe c’est toujours ça de pris.
Pour l’équipage d’un ATL-2 Atlantique évoluant à basse voire très basse altitude au-dessus des flots traquer un sous-marin classe Kilo n’est pas sans risque. D’abord il faut savoir que ce type de submersible d’attaque n’a rien à voir avec ce que la Marine Nationale emploie. C’est un bâtiment conventionnel, il ne dispose donc pas d’une propulsion atomique et encore moins d’armement nucléaire. Pour mémoire la France n’emploie plus de sous-marins conventionnels depuis les classes Daphné et Narval retirés du service entre les années 1980 et 1990. Aujourd’hui tous nos sous-marins sont mus par un réacteur nucléaire. Sauf que les classes Kilo de conception soviétique peuvent se défendre contre les aéronefs. Ils disposent de huit missiles surface-air Strela-3, ou SA-14 Gremlins selon l’alliance Atlantique. De telles armes peuvent évidemment abattre un avion de patrouille maritime si elle touche directement un point névralgique.
Monitorer et au besoin montrer les crocs c’est donc en Manche le rôle premier des équipages d’ATL-2 Atlantique face aux marins et sous-mariniers russes. Et puis cela démontre le très haut niveau de professionnalisme de nos marins français, qu’ils soient à la surface des eaux autant que dans le ciel.
Photo © Marine Nationale
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.