Va t-on enfin connaître la vérité autour du crash de la Caravelle Ajaccio-Nice ?

Accident aérien dramatique mais finalement totalement banal ou bien bavure des militaires français passée sous silence pendant plus d’un demi-siècle ? La disparition en Méditerranée, au large de Nice, de la Caravelle porteuse de l’immatriculation F-BOHB demeure un des grands mystères de l’histoire de l’aviation commerciale française. La justice vient d’ordonner à la Marine Nationale de localiser l’épave et si possible d’y réaliser des relevés permettant d’élucider (enfin) les causes de sa perte. Quatre-vingt-quinze passagers et membres d’équipages périrent ce mercredi 11 septembre 1968.

Cela fera 57 ans dans quelques heures. Largement plus d’un demi siècle donc que les (derniers) proches et familles des victimes du vol Ajaccio-Nice d’Air France attendent de connaître la vérité. Pourquoi le biréacteur du vol AF1611 s’est-il abîmé à environ huit kilomètres au large de l’aéroport international de Nice Côte d’Azur ? Officiellement, et bien que la carlingue de l’avion n’ait jamais été inspectée ni aucun élément majeur, c’est un incendie déclenché à l’arrière de l’avion, probablement dans les sanitaires, qui aurait causé la perte de contrôle totale de l’avion et son crash dans les eaux de la Méditerranée. Une thèse bien souvent balayée par nombre d’experts et de pilotes. En effet les cuvettes des WC des Caravelles n’ont jamais été connues pour abriter des éléments de contrôle des avions.

L’un des acteurs phares de cette affaire, ou plutôt de son enterrement médiatique, est mort il y a 18 ans : Pierre Messmer. Le puissant ministre de la défense nationale du général De Gaulle par la suite premier ministre de George Pompidou s’est investi personnellement afin de déminer la rumeur insistante sur une bavure des militaires français.
Plusieurs journalistes mais aussi des spécialistes des questions aéronautiques avaient dans les années 1970 soutenus mordicus qu’un tir de missile surface-air Masurca, alors en tests finaux au Centre d’Essais et de Recherche d’Engins Spéciaux de l’île du Levant, pouvait être à l’origine de la perte de l’avion de ligne. Ce que la Direction Générale de l’Armement et la Marine Nationale ont toujours farouchement réfuté sans forcément apporté de preuves formelles. L’époque n’était pas à la transparence, l’avion avait été perdu sous la présidence De Gaulle et l’enquête menée sous celle de Pompidou. La chappe de plomb était de mise chez les militaires. On réfutait, ce qui généralement suffisait à éteindre l’incendie médiatique. Philippe Malaud et Jean-Philippe Lecat, tous deux ministres de l’information, assuraient le rôle de censeurs en chef. La raison d’état : il fallait à la fois défendre les militaires, des fois qu’ils ne soient pas si innocents que cela, mais aussi l’avionneur Sud Aviation alors propriété à 100% de l’état français.

Nous sommes en 2025 et tous ces anciens ministres sont morts et enterrés. Il n’y a donc plus de risque de salir leur action publique. Il est peut-être temps que la lumière soit faite sur le drame du 11 septembre 1968. D’abord rien ne dit qu’un missile a vraiment tapé la Caravelle. Deux autres options existent aussi autour d’incidents techniques qui seraient cohérents avec l’explication d’un incident (voire d’un incendie) au niveau des sanitaires à l’arrière de l’avion. La première concerne l’explosion du réacteur gauche Rolls-Royce Avon et la seconde la rupture partielle ou totale de l’empennage. Cependant aucune des deux n’a officiellement été retenue.

Les investigations que la Marine Nationale doit lancer, sous couvert du ministère de la Justice qui les a ordonné, doivent donc permettre de localiser précisément l’épave de l’avion de ligne. Ensuite l’envoi d’un ROV (un drone sous-marin) est officiellement avancé afin de faciliter des prises de vues qui devraient permettre de définitivement refermer le dossier en donnant une explication claire et concrète aux proches des 95 victimes mortes à bord de cette Caravelle.

Pour la petite histoire et de manière beaucoup plus joyeuse si actuellement vous voyagez sur un vol AF1611 ne vous attendez pas aux beautés de la Corse. Ce code a été repris par un vol Air France entre Hambourg et Paris. C’est tout de suite moins joli qu’Ajaccio ou même que Nice.

Affaire (évidemment) à suivre.

Photo © Imperial War Museum


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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