Le maire de Nice veut l’Armée de l’Air et de l’Espace dans sa tour de contrôle !

Nice Côte d’Azur est actuellement le troisième aéroport français, derrière Roissy Charles de Gaulle et Orly. Bien que géré par le société ACA (pour Aéroports de la Côte d’Azur) il est désormais dans le collimateur du maire de Nice, monsieur Christian Estrosi. Celui-ci a signifié en plein conseil municipal sa volonté de voir les contrôleurs aériens remplacés par des militaires, suite à un incident survenue le dimanche 21 septembre 2025 au soir. Rappelons qu’en France le contrôle aérien relève de l’État au travers de la Direction Générale de l’Aviation Civile.

Pour comprendre la ire du premier édile niçois il convient de revenir sur l’incident en question. Alors que la côte méditerranéenne française connaissait un épisode météo assez grave, avec des pluies intenses, un avion de ligne Airbus A320 appartenant à la compagnie aérienne tunisienne Nouvelair a frôlé de peu un avion identique de la compagnie britannique EasyJet. Le premier, réalisant le vol régulier BJ586 entre Tunis et Nice, avait reçu l’ordre de se poser sur la piste 04L. Son pilote s’est trompé de côté et a commencé son atterrissage sur la 04R. Manque de chance pour lui le vol EJU4706 s’y préparait au décollage à destination de Nantes. Selon plusieurs témoins l’A320 tunisien serait passé à moins de cinq mètres de l’A320 britannique. Certains parlent même d’un écart d’à peine trois mètres entre les deux avions de ligne. S’en est suivi une belle pagaille et quelques crises de nerfs bien compréhensibles.

L’affaire est désormais entre les mains de la justice puisque le parquet de Nice a ouvert une information judiciaire tandis que la DGAC (via sa direction des services de la navigation aérienne) et le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses pour la sécurité de l’aviation civile diligentent également des enquêtes. Lesquelles d’ailleurs ont déjà mis en évidence un effectif humain réellement sous-dimensionné avec seulement 72 personnels de contrôle aérien là où Nice Côte d’Azur en nécessiterait à priori 90.

Jusque là rien ne concerne vraiment le premier magistrat de la ville de Nice. Pourtant c’est lui qui hier en plein conseil municipal a déclaré, je cite : «Je demande à l’état français de remplacer les contrôleurs du ciel par des militaires. C’est une demande qui sera présentée lors du prochain conseil municipal. Parce que maintenant ça suffit !». On peut alors se demander si Christian Estrosi est vraiment dans son bon droit ?

Fondamentalement il peut parfaitement, comme tout maire de toute municipalité en France, exprimer ce qu’on appelle un vœu. Celui-ci sera donc débattu au prochain conseil municipal et mis au vote. S’il y a majorité une demande sera envoyée au représentant de l’état, en l’objet le préfet de département. Maintenant est-ce que cela à une chance réelle d’arriver aux fins exprimées par monsieur Estrosi ? Il n’y a quasiment aucune chance. D’abord parce que le contrôle aérien civil relève exclusivement en temps de paix de la DGAC. Ensuite car le recours aux militaires n’a jamais été l’alpha et l’oméga des réponses à apporter aux défaillances administratives et/ou institutionnelles françaises. Et enfin parce que l’Armée de l’Air et de l’Espace n’a pas non plus des moyens humains extensibles à l’infini au point de pouvoir gérer le trafic aérien du troisième aéroport civil français.

Déjà certains hurlent à la démagogie. Je me garderais bien de me placer sur le sujet. M’est plutôt d’avis que le maire (Horizons) de Nice a voulu pousser un coup de gueule sans vraiment connaître les tenants et les aboutissants du contrôle aérien français. La preuve avec son emploi de l’expression «les contrôleurs du ciel» qui n’a plus vraiment court depuis une bonne trentaine d’années. Est-ce que cela ira jusqu’à voir débarquer des femmes et des hommes en treillis dans la tour de contrôle de l’aéroport niçois ? Sans doute pas. Mais au moins cela aura permis de constater qu’il manque des contrôleurs aériens sur la côte d’Azur !

Affaire à suivre.

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