Un Falcon 50M de la Marine Nationale a t-il « soufflé » un voilier de compétition ?

L’affaire pourrait bien pourrir les relations entre le ministère des Armées et la course au large «Transat Café l’Or». Ce mercredi 29 octobre 2025 le voilier Class40 «Innovad Group – XLG» déchire une de ses voiles, à priori le spinnaker, après le passage d’un avion à très basse altitude. Après avoir pointé du doigt un avion de tourisme les deux skippers belges accusent un Dassault Aviation Falcon 50M de la Marine Nationale d’être à l’origine de leur avarie. Ce que le ministère des Armées nie en bloc, même s’il confirme la présence du triréacteur de surveillance maritime sur zone.

C’est par une vidéo particulièrement touchante publiés sur les réseaux sociaux que les skippers belges Jérôme Délire et Caroline Dieu ont fait part mercredi dernier de leur mésaventure. Ils voguaient dans le golfe de Gascogne, participant à la «Transat Café l’Or», le nouveau nom de feue la «Transat Jacques Vabre», quand ils font part d’une grave avarie au niveau de l’une de leurs voiles. Celle-ci se serait déchirée au passage d’un avion de tourisme. On pense donc dans un premier temps à monomoteur léger avant que le terme de jet d’affaire soit employé. Le souci c’est que les sites de tracking radar ne montrent aucun aéronef de ce type au-dessus du voilier «Innovad Group – XLG».

Les presses régionales et sportives se sont ensuite emparées de l’affaire. Et c’est le quotidien breton Le Télégramme qui a soulevé le lièvre. Ou plutôt dans le cas présent le triton. En analysant les données autour de l’incident ses journalistes ont révélé qu’un avion de surveillance maritime de la Marine Nationale, un Falcon 50M appartenant à la Flottille 24F, se trouvait au-dessus du golfe de Gascogne ce mercredi 29 octobre 2025… au moment des faits.

Or ce vendredi 31 octobre 2025 la Marine Nationale a fait savoir par communiqué qu’un de ses Falcon 50M avait bien survolé le voilier «Innovad Group – XLG». En fait l’équipage de l’avion de surveillance avait été intrigué par le comportement du monocoque. Son SIA, le système d’identification automatique, n’avait pas été détecté par le triréacteur militaire. Les marins du ciel avaient remarqué par contre que le voilier remontait vers le vent, partait au lof pour reprendre un terme bien connu des «voileux». Son spinnaker était fortement gonflé. La Marine Nationale confirme deux passages de l’avion, dont le second afin de s’assurer que les skippers ne soient pas en danger et réussissent à contrôler leur voilier de course.

Une chose est désormais assurée le voilier partait bien au lof avant que le Falcon 50M ne s’approche de lui. C’est d’ailleurs pour cela que son équipage a choisi d’aller voir cet «Innovad Group – XLG» de plus près. Reste désormais à savoir si le souffle d’un ou de plusieurs des réacteurs de l’avion a arraché la voile du bateau en question. Faute d’un examen technique approfondi par des enquêteurs indépendants il sera sans doute impossible d’avoir une réponse claire à cette question.

Ayant un peu d’expérience dans le suivi des courses de voile au large je pense que cet incident, si incident il y a bien, est inédit. Que la proximité d’un avion à réaction puisse arracher une voile n’a rien de saugrenue. Pourtant à ma connaissance cela n’a jamais eu lieu. Reste désormais à savoir si cette semaine cela a changé ?

Affaire à suivre.

Photo © Marine Nationale


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

2 réponses

  1. Pour arracher un spinnaker il eut fallu que ce Falcon soit trés trés bas à mon avis… Or pour observer le bateau et ses occupants il doit rester à une certaine altitude pour avoir une vision globale pendant un temps assez long, à l’image de ce qui se pratique quand il observe et identifie des cargos. De plus il devait être en régime moteur de croisière, donc à faible poussée.
    Je ne pense pas que l’équipage du Falcon soient les responsables. Ceci dit d’autres avions privés de location pouvaient se trouver dans les parages…

  2. Bonjour Arnaud et à tous les passionnés

    J’ai un peu de mal à croire qu’un Falcon à réaction puisse être confondu avec un avion de tourisme à hélice(s), surtout s’il fait deux passages, le bruit n’est quand même pas du tout le même, ni la taille etc.; par ailleurs, l’équipage de la Royale est habitué à ce type de manœuvre et n’a pas besoin de descendre très bas pour se faire une idée de ce qui se passe sur l’eau, les gars ont de bons yeux et sont formés à observer à distance, notamment quand il s’agit de traquer des trafiquants etc. donc je ne pense pas qu’ils s’amusent à prendre de tels risques. Enfin, admettons qu’ils le fassent, on ne parle pas d’un pilote isolé mais de plusieurs hommes à bord qui peuvent alerter le pilote aventureux si une manœuvre trop périlleuse est entreprise…
    Bref, une polémique à mon avis hâtive, je garde toute confiance en notre belle aéronautique navale mais évidemment j’adresse toute ma sympathie à ces deux pauvres skippers belges et bon vent pour le reste de leur course.

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