Saint-Ex, au-delà de l’auteur du Petit-Prince, c’est comme ça que les Lyonnais appellent leur aéroport. Et c’est là qu’un avion de ligne Lockheed L-1011 TriStar appartenant jadis à la compagnie Air Transat gît depuis l’été 2001. Un triréacteur commercial qui sera bientôt déconstruit afin que le gestionnaire aéroportuaire puisse récupérer le site. Une mésaventure de vingt-quatre années va ainsi prendre fin.
Un L-1011 TriStar ce n’est pas exactement une petite machine passant inaperçue. C’est un des plus impressionnants avions de ligne des 60 dernières années… et accessoirement un énorme flop commercial pour Lockheed. Au début du 21e siècle le transporteur canadien Air Transat en alignait une vingtaine, qu’il a depuis remplacé par des Airbus A330. Et le 6 juillet 2001 c’est lors du vol charter TS906 entre Lyon et Berlin que tout s’est compliqué. Peu après son décollage l’avion de ligne immatriculé C-FTNA traversa un violent orage totalement invisible sur son radar météo. Celui-ci venait juste de rendre l’âme, au pire moment. Après quelques hésitations le commandant de bord décida de faire demi-tour et de revenir se poser sur le tarmac de l’aéroport Saint-Exupéry.
Avec un pare-brise en grande partie fêlé par des grêlons de la taille d’une balle de golf et un radar météo en carafe inutile de préciser que l’atterrissage s’avéra rock-and-roll. Pourtant il se passa quasiment sans le moindre incident. Les quatorze membres d’équipages et les 197 passagers de ce gros porteur furent évacué en totale sécurité. L’avion de son côté demeura quelques heures sur place avant d’être tracté en zone de fret. Vingt-quatre ans plus tard il y est toujours. Mais cela ne va plus durer.
Théoriquement le L-1011 TriStar en question aurait parfaitement pu revoler. Il était cabossé certes, son pare-brise et son radar météo étaient à changer mais il était fondamentalement en état de vol. Sauf que déjà à l’été 2001 ce gros triréacteur n’était plus rentable pour Air Transat. Quelques mois après l’incident et son immobilisation forcée à Lyon la compagnie aérienne le céda à la chambre de commerces et d’industrie du Rhône pour un dollar (canadien) symbolique. L’avion de ligne retrouva une seconde jeunesse comme décor de tournage pour des pubs, des séries télés, ou encore des films. Il fut même un temps ouvert à des visites guidées, ce qui écrivit sa légende de pièce de musée. Le plan Vigipirate renforcé en 2015 après les attentats parisiens mit fin à la présence des curieux et des aérophiles. Petit à petit le L-1011 Tristar ex-canadien perdit de sa superbe, prenant de plus en plus l’allure d’une épave.

Et donc c’est désormais avéré : un chantier de déconstruction de l’avion va avoir lieu. Il sera démoli pièce par pièce. Certains éléments pourront sans doute être revendus pour recyclage. Le chantier doit durer moins d’un an. Une fois celui-ci réalisé un second aura lieu sur le site. Il s’agira de sa dépollution avant qu’une station de rechargement en hydrogène automobile y soit construite.
Bien sûr on aimerait forcément qu’un tel avion finisse sa carrière comme pièce de musée, d’autant que le TriStar est un avion finalement assez rare en Europe. Mais il est clair qu’on ne peut pas tous les sauver. Celui-ci aura fait le bonheur des curieux pendant près d’un quart de siècle. C’est déjà pas mal.
Photo © actu.fr
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