Cela peut paraître anecdotique comme information mais c’est symbolique d’un basculement des intérêts stratégiques de l’Oncle Sam. Pour la première fois depuis une grosse trentaine d’années aucun porte-avions de l’US Navy ne croise sur les eaux de la Méditerranée ou celles bordant les côtes du Proche et du Moyen-Orient. Tous sont désormais engagés en zone Asie-Pacifique ou bien à proximité du Pacifique. Les autres porte-avions américains mouillent dans leurs arsenaux et ports respectifs sur les côtes est et ouest des États-Unis.
C’est une constante qui remonte au mois d’août 1990 et à l’invasion du Koweït par les forces irakiennes. L’Amérique a toujours entretenu dans la région au moins un porte-avions capable de soutenir ses intérêts diplomatiques et économiques. La zone Méditerranée et Proche / Moyen-Orient serait-elle devenue suffisamment safe pour que l’US Department of War décide de la délaisser ? La réponse est évidemment non. Même si Washington et Damas ont réchauffé leurs relations diplomatiques il est clair que l’état d’Israël demeure un territoire bouillant pour les Américains, d’autant plus avec les opérations actuellement menées par Tsahal en Cisjordanie. De la même manière la nébuleuse terroriste Houthie demeure extrêmement dangereuse pour le commerce maritime mondiale autant que pour l’Amérique elle-même et pour ses alliés, là encore l’état hébreu en première ligne.
Alors pourquoi un tel revirement ? Tout simplement parce que l’US Navy doit exécuter les ordres de la Maison-Blanche et n’a pas les moyens techniques de se démultiplier à l’infini. Depuis plusieurs semaines maintenant le Président des États-Unis Donald Trump a engagé un véritable bras de fer avec son homologue vénézuélien Nicolás Maduro. Et celui-ci passe notamment par des déploiements de force totalement hallucinants dont le porte-avions USS Gerald R. Ford. Or ce dernier était initialement prévu pour une mission longue durée justement en… Méditerranée et Proche-Orient.
Le Venezuela n’est pas le seul point chaud pour l’actuel locataire du Bureau Ovale. Il y a aussi la Chine. Ou plutôt en fait tous les territoires que celle-ci revendique plus ou moins explicitement, dont en premier lieu l’île de Formose. Celle-ci accueille Taïwan, la république de Chine, autrement dit la Chine non communiste. Les USS George Washington et USS Nimitz font des ronds dans l’eau dans la région tandis que l’USS Abraham Lincoln a quitté son port-base californien de San Diego la semaine dernière. Lui aussi vogue dans le Pacifique avec ses bâtiments d’escorte.
Qui dit pas de porte-avions de l’US Navy en Méditerranée et en zone Proche / Moyen-Orient dit aussi pas en Mer du Nord ou en Atlantique Nord. Face à la menace permanente de la Russie la Marina Militare, la Marine Nationale, et la Royal Navy sont… seules. C’est peut-être le bon moment pour les Européens de montrer aux Américains qu’ils sont capables de se débrouiller sans eux et sans leur tutelle dépassée.
Quoiqu’il en soit cette disparition (forcément temporaire) des mastodontes de l’US Navy est un mini évènement en soi !
Affaire à suivre.
Photo © US Navy
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