Crash mortel d’un Antonov An-2 Colt en République Démocratique du Congo.

C’est considéré comme l’un des pires pays au monde pour la sécurité aérienne avec la quasi totalité de ses compagnies interdites d’activités en dehors de l’Afrique. C’est dire malheureusement si le drame qui hier a touché la République Démocratique du Congo (aussi appelée RDC) était prévisible. Un Antonov An-2 Colt réalisant un vol à caractère technique s’est écrasé, tuant ses sept occupants. Les investigations ont été confiées aux enquêteurs locaux du BPEA.

Si en France en Suisse ou encore au Canada prendre un avion de ligne ne présente plus aucun risque majeur il en est tout autrement dans d’autres parties du monde. En République Démocratique du Congo c’est une véritable aventure, dans laquelle on parie régulièrement sur sa vie. Si on excepte Air Congo et ses deux Boeing 737-800 en attente de certification européenne tous les transporteurs de RDC sont interdits de vol dans l’espace aérien de l’Union Européenne. Le pays est même régulièrement déconseillé par les agences de voyage tant la sécurité aérienne y est erratique. Comme ça le décor est planté et on comprend mieux l’accident de ce samedi 16 août 2025.

Il y a quelques jours la compagnie aérienne Air Kasaï s’est défaite de ses deux derniers Antonov An-2 Colt, des gros monomoteurs courts-courriers d’origine soviétique, aux profits d’opérateurs privés. Afin d’obtenir sa certification de navigabilité l’acheteur, dont la raison sociale nous est inconnue, a réalisé un vol d’essai qui avait été ordonné par l’Autorité de Aviation Civile de la République Démocratique du Congo (ou AAC/RDC) entre les aéroports de Lubutu et de Kisangani. Le vol dépassait à peine 200 kilomètres. Les conditions météos étaient bonnes, malgré la formation de nuages d’orages. Le biplan accueillait cinq «passagers» en l’objet des inspecteurs de sécurité en plus de ses deux pilotes. Alors que l’avion se trouvait à une vingtaine de minutes de son but le contact radio a été perdu.

Les secours ont immédiatement été avisés. Au bout de deux heures de recherches l’épave de l’avion a été retrouvé à 34 kilomètres de l’aéroport de Kisangani. Six des sept occupants étaient morts dans le crash mais l’un d’eux avait survécu. Il est finalement décédé dans l’ambulance, lors de son transfert. Immatriculé 9S-GZP et encore porteur de la livrée Air Kasaï l’avion avait été racheté en 1986 à l’Aeroflot pour laquelle il avait volé durant une quinzaine d’années. Les investigations sont désormais entre les mains d’enquêteurs particulièrement débordés dans ce pays où le nombre d’avions poubelles est extraordinairement élevé : ceux du BPEA. Quasi inconnu chez nous il s’agit du Bureau Permanent d’Enquêtes Accidents et incidents d’aviation. À eux d’établir pourquoi et dans quelles circonstances exactes cet avion vieux de plus de 50 ans a pu s’écraser, emportant dans la mort tous ses occupants.

En cet été 2025 on estime à plus de cent le nombre d’avions poubelles en activité commerciale en RDC. La très grande majorité est d’origine soviétique et à l’entretien mécanique plus que hasardeux. Dans ce pays d’Afrique centrale outre les Antonov An-2 Colt on trouve encore facilement des Douglas C-47 Skytrain et des Ilyushin Il-18 Coot employés comme avions de ligne.

Photos © AAC/RDC et Adrien Ambanengo