Le successeur du Dassault-Breguet ATL-2 Atlantique officiellement commandé.

Le projet de loi de finances 2026 n’en finit pas de dégager des budgets pour les Armées. L’un des aspects les plus intéressants c’est l’enveloppe d’un tout petit peu moins de trois milliards d’euros allouée au programme A321 MPA porté par Airbus Defence en remplacement des actuels Dassault-Breguet ATL-2 Atlantique. Sélectionné au début de l’année cet avion doit entrer en service aux alentours de 2032-2033 avec une durée de vie annoncée de 40 ans. Le prix unitaire par machine n’est pas encore totalement connu mais certains experts estiment que quinze machines pourraient être acquises avec cette première enveloppe.

En fait les presque trois milliards d’euros (2,956 milliards pour être exact) de cette première enveloppe du programme A321 MPA devraient passer plus facilement que celle autour des 60 Rafale supplémentaires. Le remplacement des «vieux» Dassault-Breguet ATL-2 Atlantique est un concept beaucoup plus facile à faire passer auprès de la majorité présidentielle et des oppositions que l’achat d’avions de combat initialement non budgétés. Cela passera moins pour un caprice de l’ex ministre des Armées nouveau Premier Ministre. Les parlementaires de la commission de la défense nationale et des forces armées seront forcément de meilleurs relais auprès de leurs collègues que le gouvernement lui-même, notamment pour les oppositions.

Comme indiqué dans le projet de loi de finances 2026 ces presque trois milliards d’euros sont donc une première enveloppe. C’est celle qui va permettre à Airbus Defence et à son partenaire principal Thales de lancer pleinement le développement de cet A321 MPA. Lors de sa victoire officieuse il y a presqu’un an l’avionneur européen qualifiait son biréacteur de «frégate du ciel». Car à l’instar de l’ATL-2 Atlantique qu’il devra remplacer d’ici moins de dix ans l’A321 MPA devra savoir tout faire : lutte anti-sous-marine, lutte contre les menaces de surface, surveillance et renseignement, ou encore lutte anti-terroriste.

Pourquoi ajouter l’Airbus Defence A321 MPA dans ce projet de loi de finances 2026 qu’on sait d’ores et déjà extrêmement sensible dans une Assemblée Nationale à couteaux tirés entre majorité très très relative et des oppositions très agressives ? D’abord parce que le ministère des Armées a besoin de clarté sur l’avenir de sa patmar. Il faut qu’il sache où il va et dans quelle mesure il peut sereinement envisager l’avenir avec des ATL-2 Atlantique récemment modernisés au standard 6. Clairement le standard 7 n’est plus vraiment d’actualité, les avions devront sans doute patienter en l’état. Au-delà de Balard cet ajout du programme dans le projet de loi de finances 2026 sert clairement les intérêts d’Airbus Defence et de Thales. Car non seulement ils peuvent commencer la phase recherches et développements mais aussi envisager des commandes autres que la Marine Nationale. Car oui l’A321 MPA n’est pas qu’un avion pour la France, c’est la réponse de l’Europe à l’hégémonie du Boeing P-8 Poseidon américain. Et ça damer le pion de l’administration Trump et de la future administration américaine ça devrait pouvoir faire plaisir aux plus européens de nos députés et sénateurs.

Alors comme souvent dans ce genre de dossiers il y a les oiseaux de mauvaise augure. Quand la majorité des experts parlent d’une enveloppe devant permettre l’acquisition de quinze premiers exemplaires eux se retranchent plutôt autours de huit à douze, sans même préciser qu’il s’agit là d’une première enveloppe appelée à en voir apparaître une deuxième voire une troisième. L’honnêteté intellectuelle a ses limites chez certaines personnes.

Dans les semaines et mois à venir nous en saurons plus, d’abord sur le projet de loi de finances 2026 puis s’il est adopté par l’Assemblée Nationale et le Sénat sur la réalité industrielle des 2,956 milliards d’euros alloués à Airbus Defence et à Thales. C’est l’avenir de la Marine Nationale qui est ici en jeu.

Affaire (forcément) à suivre.

Photo © OTAN


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

7 réponses

  1. Pour la détection sous-marine j’avais compris que le magnétomètre présent dans la queue de l’ATL 2 était indispensable… Où est-il dans l’Airbus ? Serait-ce quelque chose qui se déroulera en vol ? Ou bien le saut technologique fait qu’on le supprime ?

    1. Sur la maquette d’A321 MPA présentée lors du salon Euronaval 2024, il y a bien embarqué une antenne de détection d’anomalie magnétique. Elle est située sur la queue de l’avion, côté gauche, et elle est débrayable, tractée par un filin en cas d’utilisation pour être suffisant loin du fuselage de l’avion qui pourrait sinon perturber la mesure. Le reste du temps, elle est rétractée dans le fuselage.

      https://www.reddit.com/r/FrenchArmedForces/comments/1gmtg0c/airbus_new_a321_mpa_maritime_patrol_aircraft_will/?tl=fr#lightbox

    2. Comme sur le P8 Poséidon qui équipe l’US Navy peut-être qu’il n’y en aura aucun. Le P8 utilise son radar de surface, un capteur ESM, une caméra thermique et toute une série de bouées acoustiques actives passives et intelligentes pour repérer un sous-marin. Car le P8 est conçu pour opérer à haute altitude. Pour utiliser le MAD il faut être à basse altitude et ce n’est efficace que sur un rayon de 1 à 2 km. Par contre le P8 Poséidon qui équipe l’Indian Navy est par contre lui équipé d’un MAD et c’est le seul à l’être.

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