Quand l’aéronavale japonaise voulait larguer des torpilles humaines

Les publications sur les armes de la dernière chance développées par les ingénieurs allemands et japonais à partir de 1944 sont légions. Il faut dire que dans ces deux pays des hommes et des femmes rivalisèrent d’ingéniosité mais aussi bien souvent de monstruosité pour tenter de proposer des armes capables d’inverser le cours de la guerre. Parmi celle-ci figure au Japon le cas de torpilles pilotées qui devaient être larguées depuis des bombardiers sur les formations de navires alliés opérants dans le Pacifique. Équivalent sous-marin des kamikazes aériens ces engins de mort avaient été pensé à partir de réservoirs de carburants d’avions.

Quand il devint évident pour l’état-major nippon que la guerre du Pacifique prenait une tournure en faveur des Alliés plusieurs possibilités s’offrait à lui pour tenter de contrer les navires des marines américaines, australiennes, et britanniques dont la plus célèbre fut celle qui consistait à projeter des avions bourrés d’explosifs et de carburant sur les ponts des navires. Les kamikazes étaient entrés dans l’Histoire.

Tout aussi monstrueuse fut l’idée de lancer depuis des bombardiers bimoteurs Mitsubishi G4M spécialement modifiés des torpilles dotées d’un poste de pilotage rudimentaire. En fait le malheureux marin qui recevait la mission de l’ultime sacrifice n’avait pour toutes possibilité que de guider sa torpille sur un azimut d’à peine deux degrés de part et d’autre de l’axe de la torpille. Il s’agissait donc tout autant de s’assurer que l’engin explosif toucherait un des points les plus vitaux de la ligne de flottaison que de s’assurer que le kamikaze flottant ne se dégonflerait pas au dernier moment.

La torpille pilotée sur son chariot.
Les torpilles pilotées furent construites à partir de réservoirs de carburants d’avions, pouvant ainsi être plus facilement emportées sous les fuselages. Néanmoins les essais démontrèrent que leur installation était bien trop compliquée et on préféra les monter en soutes à l’intérieur de bombardiers bimoteurs. Cependant ces engins pilotés ne sont pas à confondre avec les kaiten qui tenaient plus du sous-marin de poche bardé d’explosif que véritablement de la torpille.

La même, vue sous un autre angle.
Ces torpilles pilotées ont été découvertes par les Américains après l’armistice d’août 1945, et il semble que fort heureusement aucune n’ait été tirées. Les quatre exemplaires ont été rapportées aux États-Unis pour y être étudiées, ainsi qu’un G4M modifié. Le résultat de ces tests ne nous est pour autant pas parvenu. On ignore ce qu’elles sont devenues par la suite, le bombardier bimoteur étant quant à lui envoyé à la ferraille.

Photos © US Navy

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

2 réponses

  1. Chapeau à Monsieur Arnaud! Vous nous apprenez un fait historique dont j’ignorais l’existence. Je doute fortement de l’efficacité de ces torpilles humaines larguées par des bombardiers en situation de combat.. A la lueur des résultats obtenus au combat par:des avions fusées Yokosuka MXY-7 Ohka ou les Negers allemandes, (torpilles G7e, larguées par une autre torpille dirigée un marin). Les G4M constituaient des cibles très aisées à descendre. Ces torpilles devaient être aisées à repérer et à détruire.

  2. Article instructif sur un sujet méconnu. Une précision : en août 1945 le Japon capitule (reddition sans condition). Il ne s’agit pas d’un armistice.

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