Premier vol du girodyne expérimental Airbus Helicopters Racer.

Ce vol inaugural a duré une demi-heure seulement et a permis de rassurer bien des ingénieurs et techniciens du géant européen. Ce jeudi 25 avril 2024 au matin le biturbine expérimental Airbus Helicopters Racer s’est élevé dans le ciel de Provence, lançant ainsi sa phase d’essais en vol. Comme son prédécesseur l’Eurocopter X3 reprenait des éléments de l’EC155 lui en emprunte à l’Airbus Helicopters H160. Cette machine est pourtant annoncée comme révolutionnaire par son constructeur.

D’abord il faut savoir que malgré ce que l’on pourrait croire de prime abord l’Airbus Helicopters Racer n’est pas un hélicoptère, c’est un girodyne. Dans la grande famille des machines volantes c’est donc un ADAV à mi-chemin des hélicos et des convertiplanes. Ça reste une voilure tournante. C’est une technologie qui n’a rien de nouvelle puisque la France la maîtrise depuis le début des années 1950 aux travers du Sud-Ouest SO.1310 Farfadet. Un des girodynes les plus célèbres de l’histoire aéronautique fut d’ailleurs le Kamov Ka-22 Hoop soviétique.

Ce premier vol survenu hier matin, sous l’immatriculation provisoire française F-WRAC, est donc l’aboutissement d’années de calculs mathématiques et de travaux d’ingénierie. C’est aussi le retour d’expérience des tests de l’Eurocopter X3. Rappelons que le Racer avait été dévoilé au Bourget en 2017 et qu’il était alors question que son vol inaugural ait lieu en novembre/décembre 2021. Vous vous doutez que si l’appareil a accumulé un tel retard ce n’est pas innocent, le Covid-19 est passé par là. Sept ans après son dévoilement il vole donc. Une trentaine de minutes qui ont cependant suffit à faire de lui un des évènements aéronautiques de l’année 2024.

Comme tout bon girodyne la sustentation et les mouvements verticaux de l’Airbus Helicopters Racer sont assurés par son rotor principal tandis que sa traction est assurée par les turbines dotées d’hélices propulsives. Ici il s’agit de Safran Aneto 1X, une évolution de la célèbre Rolls-Royce Turbomeca RTM322 qui équipe le NHIndustries NH-90 Caïman. L’Aneto n’est pas qu’une turbine destinée à ce prototype, on la retrouve également sur l’AgustaWestland AW.189 en alternative à la General Electric CT7-2E1 américaine.

Intégré au programme Clean Sky 2 financé en partie par l’Union Européenne le Racer doit permettre d’envisager l’aéronautique du futur, à court et moyen terme. C’est une aéronautique beaucoup plus décarbonée, plus propre donc, plus écoresponsable. Enfin ça c’est ce que le groupe Airbus annonce. C’est sur pièce que l’on jugera s’il s’agit là de réelles avancées technologiques ou simplement d’un habillage écolo. De greenwashing quoi ! L’hélicoptériste parle même d’une réduction de consommation de carburant de 20% par rapport aux hélicos de même classe tout en annonçant une future vitesse de croisière de 400 kilomètres heures. Pour l’instant on n’y est (évidemment) pas. Le girodyne ne fait que débuter ses essais en vol. Et donc depuis hier on sait qu’il vole. C’est déjà ça.

Dans les prochaines semaines nous en saurons plus. Il est évident qu’une telle machine va enflammer les esprits, notamment en raison de ses promesses de respect de l’environnement. L’Airbus Helicopters Racer c’est vraiment l’aviation du 21e siècle, celle que personnellement je kiffe bien plus que les drones et autres aéronefs dotés d’IA.

Affaire à suivre.

Photos © Airbus Helicopters