De très fortes turbulences tuent un passager d’un Boeing 777-300ER de Singapore Airlines.

Contrairement à ce que plusieurs médias généralistes ont pu raconter il s’agit là d’un incident d’une extrême rareté. Ce mardi 21 mai 2024 un biréacteur gros porteur très long courrier Boeing 777-300ER appartenant à Singapore a traversé une intense zone de turbulence au-dessus de la mer d’Andaman. Le chaos qu’elle a provoqué a entraîné la mort d’un passager septuagénaire ainsi que des blessures plus ou moins sérieuses sur une trentaine de passagers. Le commandant de bord a de ce fait été obligé de se dérouter vers la Thaïlande.

Il est évident que le fait que l’incident ait tué un passager de 73 ans et en est blessé une trentaine d’autres ne va pas arranger les affaires de Boeing. Pourtant ce qui s’est passé hier à bord de ce 777-300ER n’a sans doute rien à voir avec les problèmes que connait actuellement l’avionneur américain. À l’extrême limite cela pourrait être le transporteur singapourien qui pourrait en être tenu responsable, et encore ce sera là particulièrement capillotracté. Les turbulences en vol ont toujours fait partie du transport aérien commercial, encore plus depuis l’avènement dans les années 1960 du transport de masse. Pour autant c’est véritablement rarissimes qu’elles puissent causer la mort d’un passager et en blesser tant d’autres. Les occurrences depuis le début du siècle se compte sur les doigts d’une seule main.

Rappelons d’abord que les turbulences en vol sont multifactorielles. Le cisaillement du vent, les courants-jets, les formations nuageuses, et bien sûr les orages et tempêtes peuvent les entraîner. Sauf que les équipages des avions de ligne y sont préparés, ils les ont répété maintes et maintes fois sur simulateur aussi bien durant leur formation qu’ensuite une fois en compagnies aériennes. Traverser une zone de turbulence généralement ça colle les miquettes. À titre personnel à chaque fois ça m’a donné l’impression d’être dans une montagne russe chez Astérix ou chez Mickey, et du coup ça m’a toujours fait marrer. Sans aller jusqu’à dire que j’aime bien en fait cela ne m’a jamais dérangé. Car je n’ai jamais traversé de graves turbulences, justes des petites et des moyennes sans importance.

Ce ne sont pas celles de ce vol Londres Singapour. Déjà ça partait mal le Boeing 777-300ER a décollé avec près d’une demi-heure de retard, 22 heures 38 au lieu de 22 heures 05 ce lundi 20 mai 2024 au soir. Certains y auraient vu un signe. Par la suite le vol de nuit s’est plutôt bien passé et c’est un peu plus de huit heures après le décollage que le cauchemar est arrivé. Il n’a pas duré si longtemps que ça pas plus de trois interminables minutes selon les témoins et le contrôle aérien thaïlandais. L’avion a connu une perte de portance, autrement dit il a décroché, et est alors passé de son altitude de croisière de 37000 pieds (soit environ 11275 mètres) à celle de 6000 pieds (soit près de 1830 mètres) avant que le pilote et le copilote ne puisse en reprendre les commandes. Dans la cabine la plus part des passagers qui n’étaient pas ceinturés ont été littéralement éjectés de leur sièges tandis que plusieurs d’entre eux étaient collés au plafond par la force de chute de l’avion. Par ailleurs des bagages sont tombés sur les personnes restées dans leurs sièges, leur causant des blessures.

Immédiatement après la reprise de contrôle de l’avion le commandant de bord a choisi de dérouter son avion. Le contrôle aérien l’a envoyé directement vers Bangkok en Thaïlande où les services de secours avaient été prévenus et attendaient le Boeing 777-300ER sur le tarmac. Le biréacteur s’est posé sans encombre. À bord médecins et secouristes n’ont pas pu réanimer un passager britannique de 73 ans tandis qu’une trentaine d’autres a été prise en charge pour des blessures à divers degrés de gravité. On parle pour six d’entre eux de polytraumatismes.

Sur l’avion en lui même il s’agit donc d’un Boeing 777-300ER à réacteurs General Electric GE90-115B. C’est là l’actuelle version la plus moderne du Triple Sept, en attendant la mise en service d’ici deux ans du 777-9 puis du 777-8 hérités du programme 777X. Porteur de l’immatriculation civile singapourienne 9V-SWM il possède le numéro de série constructeur 34578/701. Il a volé pour la première fois le 19 février 2008. Il n’a jamais été la propriété d’une autre compagnie que Singapore Airlines.

Les turbulences importantes comme celle ci, les plus rares fort heureusement, ont déjà causé des accidents graves par le passé. En France on pense évidemment au vol AF447 en juin 2009 où en plus s’étaient mêlés des causes technologiques.

Photo © Wikimédia commons.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

12 réponses

  1. Le premier passager décédé est du fait d’une crise cardiaque mais un deuxième passager est décédé au Bangkok hospital,mais un peu passé sous silence le 1er Mai un Boeing d’Aeroflot a subit les mêmes conditions au même endroit avec 27 blessés à l’arrivée à Bangkok,il semblerait que la zone des 30 000 pieds au large de la mer d’Andaman soit extrêmement perturbée

  2. Bonjour,

    Physiquement comment peut on expliquer une perte d’altitude de près de 9.000 mètres ?

    Peut-on parler de « trou d’air » ?

    C’est incompréhensible.

    1. Le phénomène vient du fait que l’avion se trouvait dans une configuration où les ailes décrochent, l’air perturbé n’alimente plus correctement les ailes qui ne fournissent plus la portance nécessaire pour contrer le poids de l’avion, c’est le cas d’une vrille où l’avion part en roulis ou bien l’avion tombe comme une feuille morte
      Ce phénomène peut être amorcé par un trou d’air ou une zone où l’air est tellement perturbé qu’il n’alimente plus les ailes (voir plus haut)

  3. J’ai aussi entendu cette histoire des 37000 à 6000 pieds en 3 minutes ce matin à la radio j’en croyais pas mes oreilles. Maintenant que je le lis sur Avions Légendaires j’y crois. L’avion n’aurait t-il pas pu se crasher ?

  4. En général ce qu’on appelle turbulences ne sont que de petites variations d’altitude mais à 800 ou 900 km/h ça secoue vachement.
    Une chute de plusieurs milliers de mètres me semble énorme pour des « turbulences ». Ce serait quasi une chute libre.
    Ces chiffres ont-ils été confirmés ?

  5. Avec le changement climatique, qui induit une quantité d’énergie thermique supérieure dans l’atmosphère rendant plus fréquents et plus intenses les phénomènes atmosphériques, la fréquence et l’intensité des turbulences ne risquent elles pas d’augmenter ?

    1. Pour le coup des travaux universitaires existent sur le sujet depuis maintenant quelques années et oui une corrélation existe entre recrudescence des turbulences fortes et réchauffement climatique, notamment au-dessus de la mer d’Andaman, du golfe de Gascogne, et du golfe de Guinée.

  6. Sur la ligne de partage tropical , les zones fébriles sont connues d’ailleurs l’équipage a bénéficié d’un briefing. Météo pré-vol et bien sûr il bénéficie des messages des autre vols dans la zone sur les conditions météo , et les équipages volant dans la zone n’ont pas manqué d’être prévenus sur les conditions de vol de l’Aeroflot du 1er Mai il est évident que lors de l’enquête le CDT de bord et l’Opl vont passer à la questionette

  7. Un vario négatif de 10 000 pieds/ mn pendant 3 minutes , je savais pas qu’un avion de ligne pouvait résister, il va falloir vérifier sérieusement les emplantures des ailes avant de revoler.

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