Lockheed-Martin va t-il passer sous le contrôle de l’administration Trump ?

Branle-bas-de-combat au sein du géant de la défense américaine afin d’éviter ce que certains considèrent déjà comme une entrave dans les décisions commerciales et économiques. Depuis plusieurs jours le Président des États-Unis Donald Trump laisse planer une nationalisation partielle de Lockheed-Martin à hauteur de 10 à 15% du capital. L’argument présidentiel est que l’Oncle Sam représenterait 97% du chiffre d’affaire, ce qui est balayé par de nombreux économistes qui rappelle que l’entreprise exporte énormément, notamment grâce à sa branche voilure tournante. Cette dernière n’est aussi que l’hélicoptériste de légende Sikorsky.

Kaman et son K-max sont également partie intégrante de Lockheed-Martin.

En macroéconomie il existe deux types de nationalisations, nous les connaissons d’ailleurs assez bien en France.
La première est un héritage de l’interventionnisme étatique né au lendemain de la Première Guerre mondiale et qui conduisit en 1936 le Front Populaire à largement nationaliser les industries stratégiques, comme l’aéronautique. Le même processus revint en 1945 quand le Gouvernement Provisoire de la République Française en fit de même. Le concept était dans les deux cas le même : mettre la main sur les décisions économiques et industrielles des entreprises afin d’éviter des dérives qui seraient jugées contraires avec l’intérêt supérieur de la France.
La seconde consiste en la protection des avoirs et des emplois de l’entreprise quand l’avenir de celle-ci est en péril. Il ne s’agit alors plus d’interventionnisme étatique mais bel et bien de nationalisation sociale. Ce n’est donc pas étonnant que celles-ci aient eu lieu en 1981 et dans une moindre partie en 1997. Aujourd’hui en France c’est la seconde forme de nationalisation qui a le vent en poupe, aussi bien auprès des formations de centre-droit que celles de gauche.

Ce n’est évidemment pas celle que le Président des États-Unis Donald Trump a choisi. Lui est ouvertement interventionniste. Il veut mettre la main sur Lockheed-Martin afin d’empêcher l’industriel de vendre n’importe quoi n’importe comment à n’importe qui. En fait dans l’esprit de Donald Trump ce géant de la défense étant américain il devrait produire avant tout pour l’Amérique, et ensuite s’il reste du temps et de l’espace dans les usines, pour les clients étrangers. D’ailleurs le président américain les considère comme plus de secondaires, comme des états satellites. Si cela vous rappelle furieusement quelque chose c’est normal c’était la démarche des dictateurs soviétiques durant la Guerre Froide.

Alors certes Lockheed-Martin en ce début septembre 2025 est avant tout le constructeur des avions de transport tactique C-130J/J-30 Super Hercules et des chasseurs F-16V Viper et F-35A/B/C Lightning II. Mais ses productions sont bien plus larges. Lockheed-Martin est un constructeur naval, aussi bien de navires de guerre que de systèmes embarqués, c’est aussi un missilier aux travers de son best-seller AGM-114 Hellfire ou encore de l’AGM-158 JASSM. Ses activités concernent également le spatial, les drones, l’électronique embarqué. Le qualificatif de géant n’est pas usurpé dans le cas de Lockheed-Martin. Et donc depuis dix ans il convient d’y ajouter les hélicoptères Sikorsky comme bien sûr les UH-60L Blackhawk et MH-60R Seahawk mais aussi le CH-53K King Stallion ou encore le CH-148 Cyclone.

Si le processus de nationalisation partielle voulue par Donald Trump se poursuit c’est bien toute la politique commerciale à moyen et long terme de Lockheed-Martin qui pourrait s’en voir grave affectée. Désormais donc les clients étrangers du F-35 Lightning II ne seraient plus du tout assurés d’être livrés en temps et en heures, malgré les sommes déjà déboursées. Ce qui doit commencer à faire réfléchir du côté de la Suisse ou du Portugal. D’autres s’en accommoderont très bien. Même chose avec les missiles AGM-114 Hellfire ou les hélicoptères de transport d’assaut UH-60L/S-70I Blackhawk.

Même s’il n’est plus en production le F-22A Raptor fait toujours partie des avions Lockheed-Martin vendus au Pentagone.

Ce qui surprend et inquiète dans la démarche de Donald Trump, au-delà de l’aspect totalement surréaliste, c’est qu’en fait selon lui l’Oncle Sam n’aura rien à débourser. Les 10 à 15% du capital de Lockheed-Martin lui appartiennent déjà au titre des commandes passées par le Pentagone. Oui oui vous avez bien lu : l’homme d’affaire Donald Trump confond investissement et nationalisation. On comprend mieux que ses entreprises aient si souvent fait faillites… sauf qu’on ne parle pas ici d’une start-up de la finance ou de l’immobilier. Il est ici question de la défense d’une des deux premières puissances mondiales.

Et chez Lockheed-Martin ils en pensent quoi ? James Taiclet, le puissant PDG de l’entreprise est vent debout contre et les syndicats de l’industrie d’armement pas beaucoup plus enjoués par la volonté trumpienne d’entrer au conseil d’administration avec un droit de blocage. L’affaire est donc très sérieuse. La bourse américaine l’observe de très près, la valeur du géant étant désormais fluctuante.

Photos © Lockheed-Martin


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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