On ne le dira jamais assez mais avec l’administration Trump plus c’est gros plus ça passe. Et en matière de taille et de masse le Boeing B-52H Stratofortress c’est tout de même un argument… de poids. Trois d’entre eux ont défrayé la chronique cette semaine en allant flirter avec les limites de l’espace aérien souverain du Venezuela, un pays accusée par le Président des États-Unis de collusion avec les trafiquants de cocaïne. Le vénérable bombardier stratégique de l’US Air Force est-il vraiment ici employé dans un rôle qui est le sien ?
Depuis 70 ans qu’il est en service le Boeing B-52 Stratofortress c’est un peu l’ultima ratio de l’Amérique. Que ce soit comme avion conventionnel autant que comme moyen de frappe nucléaire chacun sait dans le monde, y compris celles et ceux qui ne sont pas versés dans les questions aéronautiques et/ou défense, que cet avion est une machine de mort absolue. Détruire et tuer c’est ce pourquoi il a été conçu et il le fait particulièrement bien. Il suffit d’ouvrir un livre d’histoire sur la guerre du Vietnam et d’aller aux chapitres Linebacker II et Rolling Thunder pour en avoir la preuve formelle. Plus près de nous les même B-52 Stratofortress ont changé le cours des guerres contre l’Irak baasiste ou contre l’Afghanistan des talibans. On peut dire que désormais le rôle de ces monstres des airs est avant tout diplomatique.
Donc quand Donald Trump, ou son secrétaire à la guerre Pete Hegseth, ordonne à l’Air Force Global Strike Command d’engager trois B-52H Stratofortress en mission au-dessus de la mer des Caraïbes ceux ci sont parfaitement dans un rôle qui est le leur. Ici l’octoréacteur stratégique américain est un outil de dissuasion. C’est sans doute aussi pour le Président des États-Unis une manière de provoquer une réaction chez son homologue (et ennemi déclaré) vénézuélien Nicolás Maduro : la peur. Car franchement il faut être inconscient pour ne pas avoir peur d’un tel avion.
Dans les faits c’est ce mercredi 15 octobre 2025 que les trois B-52H Stratofortress du 2nd Bomb Wing de l’US Air Force ont quitté leur nid de Barksdale AFB en Louisiane. Opérant sous les indicatifs Bunny 01, Bunny 02, et Bunny 03 les bombardiers stratégiques ont opéré avec les transpondeurs allumés et selon un plan de vol défini à l’avance et dûment déposé. L’US Department of War voulait vraiment que les Vénézuéliens et les narcotrafiquants sachent ceux qui s’intéressaient à eux. D’ailleurs fait intéressant le premier média à souligner l’opération c’est le célèbre site de tracking Flightradar24. De ce que l’on en sait les trois avions américains n’ont rencontré aucune résistance adverse. Les chasseurs vénézuéliens n’ont jamais tenté de les approcher, et pour cause : ils sont demeurés dans l’espace aérien internationale. Pour autant ils se sont approché au plus près possible de l’île de la Orchila. Ce joyaux des Caraïbes est autant connu pour ses plages de sable fin que pour sa base aérienne sur laquelle la Russie avait déployé des Tu-160 Blackjack en 2018. L’année d’après un Il-62M Classic y avait aussi semé la discorde avec les voisins du Venezuela.
Bunny 01, Bunny 02, et Bunny 03 ont également flirté avec l’archipel de Los Monjes, territoire vénézuélien proche de la Colombie. C’est de là que sont parties plusieurs embarcations légères chargées de cocaïnes à destinations des Antilles.
Déjà la présence du F-35B Lightning II dans la zone peut sembler disproportionnée mais alors que penser de cette mission de trois B-52H Stratofortress ? Que la guerre contre les narcos menée par Donald Trump se joue en fait comme un énorme show. Rien de surprenant de la part d’un ancien homme d’affaire passé par la présentation de programmes télés tape-à-l’œil. En fait chacun sait que des MQ-9 Reaper feraient tout aussi bien l’affaire contre les narcotrafiquants tout en demeurant hyper discrets. Du coupe ça ne serait pas du tout bling-bling et donc du coup pas du tout estampillé 47e Président des États-Unis. Il aime les grosses montres en or, les cravates XXL, et les voitures les plus polluantes possibles, on ne peut pas lui demander d’être dans la demi-mesure. Alors il lui faut du gros, du lourd, du bruyant. Il lui faut donc le B-52 Stratofortress. CQFD.
Reste désormais à savoir si les BUFF reviendront en zone Antilles Caraïbes ? M’est d’avis qu’on ne va pas tarder du tout à le savoir.
Affaire à suivre.
Photo © US Air Force
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Une réponse
Le challenger du prix nobel de la paix, fort avec les faibles.
Dans quelques mois, il demandera au Vénézuela de rembourser les frais militaires employés pour les bombarder.