Même pas deux mois que ce modèle de biturbine de transport d’assaut est arrivé dans ce bout de France en Amérique du Sud et déjà il est omniprésent. Devant succéder au mythique Aérospatiale SA.330B Puma l’Airbus Helicopters H225M est désormais aligné sur toutes les missions du quotidien, y compris les plus exposées aux risques. Petit à petit les marsouins du 9e Régiment d’Infanterie de Marine apprennent à opérer avec celui qui est désormais leur taxi pour la forêt amazonienne. Les femmes et les hommes du CSG, le Centre Spatial Guyanais, vont eux aussi devoir s’habituer à sa silhouette si particulière.
Que de chemin depuis le 12 août dernier, date à laquelle un Antonov An-124-100 loué en Ukraine livrait les deux premiers exemplaires de l’hélicoptère. Avec lui l’Escadron de Transport 68 Antilles Guyane entrait vraiment de plein pied dans le 21e siècle. Mieux vaut tard que jamais. Quelques vols d’acclimatation ont été nécessaires aux pilotes pour dompter la bête, très différente du Puma. Car le H225M c’est avant tout un appareil de transport d’assaut disposant d’une puissance moteur bien supérieur mais aussi d’une avionique hérité du retour d’expérience de son grand frère l’Eurocopter EC725 Caracal.

Et en Guyane les vols se font systématiquement au-dessus de zones dangereuses. La sécurité est donc maximale. Les eaux des fleuves Approuague, Mana, et surtout Maroni et Oyapock sont réputées particulièrement traitres. Il ne serait pas bienvenu qu’un hélicoptère de l’Armée de l’Air et de l’Espace y amerrisse accidentellement. Pour bien des métropolitains qui la découvrent la forêt guyanaise a tout d’un «enfer vert». Les pilotes de l’Escadron de Transport 68 Antilles Guyanes se doivent de la connaître le mieux possible. Et désormais avec le H225M ils disposent d’une machine bien plus fiable et sécure que le vieux Puma. Le H225M va plus loin, va plus vite, vole plus haut, et peut tenir des stationnaires plus longtemps.

Moins de deux mois après son arrivée en Guyane l’Airbus Helicopters H225M a déjà participé à une de ses missions les plus habituelles : l’opération Harpie. Il s’agit pour ses pilotes de déposer gendarmes et marsouins au cœur de la forêt afin de constater la présence d’orpailleurs clandestins et de mettre fin à leur exploitation illégale des ressources naturelles guyanaises. En plus de faire perdre des millions d’euros à l’économie française les garimpeiros causent des dégâts considérables et souvent irréversibles aux écosystèmes amazoniens. On parle désormais d’écocide pour définir leur activité. Une mission qui est beaucoup plus périlleuse qu’il n’y parait, ces malfaiteurs n’hésitant pas à ouvrir le feu sur les militaires français et/ou leurs hélicos.
Harpie n’est pas la seule opération permanente en Guyane. Il y a aussi Titan. Il s’agit là de sécuriser les abords du CSG, le Centre Spatiale Guyanais, le poumon économique de la collectivité territoriale de Guyane. En fait Titan permet d’écarter les regards indiscrets des tirs spatiaux. Et là encore le H225M va pouvoir faire démonstration de ses qualités intrinsèques indiscutables.

À bien des égards la présence de ce biturbine peut s’avérer essentiel à la France, y compris à son économie. Car des H225M parfaitement adaptés aux conditions météos extrêmes de la Guyane, avec un taux d’humidité cauchemardesque, peut représenter un argument de poids afin que son constructeur le vende à des pays de la région. On sait que Helibras l’assemble localement et que la Bolivie et la Colombie s’intéressent à lui. En Guyane le H225M ne sert pas que les intérêts directs de la France, il sert aussi les indirects.
Photos © Armée de l’Air et de l’Espace.
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