L’aviation du Burkina Faso est-elle capable de protéger ses frontières ?

C’est un petit pays d’Afrique subsaharienne qui depuis le 24 janvier 2022 a tourné le dos à la démocratie aux profits d’une junte militaire aux ordres du Kremlin. Officiellement le Burkina Faso du dictateur Ibrahim Traoré mène une guerre sans relâche contre les groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda et à Daech. Officieusement ses troupes sont dépassées et son aviation aussi, comme en témoigne l’incursion réalisée cette semaine en Côte d’Ivoire où cinq agriculteurs ont été assassinés et un sixième très grièvement blessé. Les Ivoiriens ont engagé deux hélicoptères armés sans jamais apercevoir le moindre aéronef burkinabé !

Avion d’attaque au sol burkinabé armé pour une mission opérationnel.

C’est dans la nuit de ce dimanche 24 à ce lundi 25 août 2025 que le commando islamiste en provenance du Burkina Faso a fait irruption dans le Zanzan, un territoire situé au nord-ouest ivoirien. Ses membres ont attaqué et tenté de rançonné les paysans du village de Difita où certains ont tenté de se défendre. Le bilan est donc de cinq civils ivoiriens tués et d’un sixième très grièvement blessé. Il a été transporté vers un hôpital régional. Très rapidement deux hélicoptères armés, un Mil Mi-8 Hip (ou peut-être un Mi-17 Hip-H) et un Mil Mi-24 Hind ont été dépêchés vers la zone frontalière entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Dans le même temps le contrôle aérien de ce second pays était avisé des faits afin que des aéronefs burkinabés se rendent dans la région. Les équipages des hélicos ivoiriens sont finalement restés bien seuls et n’ont rien pu faire puisque les terroristes avaient regagnés le territoire burkinabé où ils étaient dorénavant en parfaite sécurité.

Ce n’est malheureusement là qu’un énième épisode sur l’absence de réponse des moyens aériens et terrestres du Burkina Faso vis-à-vis des forces terroristes islamistes. Officiellement les trois Embraer A-29B Super Tucano que possède ce pays sont opérationnels. Grâce au travail de journalistes indépendants et d’ONG on sait qu’en fait seuls deux le sont, le troisième servant à la cannibalisation faute de pièces détachées fournies par les Américains ou les Européens depuis l’avènement de la dictature militaire. Or l’une des missions de ces gros monomoteurs turbopropulsés est justement de patrouiller le long des 3193 kilomètres de frontières burkinabées. Celles avec la Côte d’Ivoire, le Mali, et le Niger sont théoriquement prioritaires. Bien sûr ces avions d’attaque au sol ne sont pas les seuls moyens que le Burkina Faso possède pour contrôler par les airs ses limites territoriales. Elle peut aussi s’appuyer sur deux bimoteurs légers Diamond DA42/DA62 spécialisés dans les missions de reconnaissance longue durée ainsi que sur six ULM multiaxes Humbert Tétras d’observation. Ses hélicoptères et drones sont également adaptés à cette mission.

Sauf que depuis environ un an et demi les Alliés, entendez par là les Américains et les Européens, ont fermé le robinet financier. Le Burkina Faso doit donc compter ses heures de vol et s’en remettre aux quelques milliers de roubles que le suzerain russe veut bien lui verser. Visiblement cela a transformé la frontière avec la Côte d’Ivoire en véritable passoire. Car même en journée les groupes d’Al-Qaïda et de Daech savent qu’ils n’ont rien à craindre de l’aviation burkinabée.

Diamond DA62 de reconnaissance stationné à proximité du plus gros avion militaire burkinabé, un Airbus Defence C-295W.

«Audace, rigueur, compétence» tel est la devise de l’Armée de l’Air du Burkina Faso. On ne s’en rend plus vraiment compte depuis que les militaires ont pris le pouvoir et que cette aviation militaire n’est même plus capable de garantir la souveraineté de son territoire. Rappelons qu’il s’agit là de la mission première de n’importe quelle force aérienne dans le monde, de la plus imposante à la plus petite.

Affaire à suivre.

Photos © ministère de la défense du Burkina Faso


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

3 réponses

  1. Bonjour,
    Il suffit d’être allé en Afrique noire et avoir côtoyé quelques armées du coin (Tchad, Mali, Centre Afrique…) pour ne pas s’étonner de cet état de fait. officiellement en 2025 le Burkina Faso est la 31ème force armée d’Afrique (la 129ème au niveau mondiale) entre le Sénégal et Madagascar. Et même en comptant les avions (et matériels divers) officiellement acquis et détenus il y a toujours dans ces pays une énorme différence quand on aborde l’aspect opérationnel. Moins de 20% d’appareils opérationnels semble être une bonne approximation.

    1. Par contre Barthelemy on va essayer d’éviter le terme Afrique noire qui est largement péjoratif, et même perçu comme raciste par pas mal d’Africains et ce franchement à juste titre. L’expression d’Afrique subsaharienne sied mieux. Vous ne trouvez pas ?

      1. Bon d’accord, restons dans le politiquement correct modèle 2025. Désolé mais c’est comme cela qu’on nommait l’Afrique sub-saharienne (ex colonies françaises) de mon temps. Sur ce je vais me prendre un bon petit café « sub-saharien »…

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