Voilà une nouvelle qui en surprend plus d’un, dont moi ! L’information a filtré dans les médias canadiens depuis quelques jours, mais je voulais au préalable vérifier les faits en cette ère de fausses nouvelles. Bombardier et Saab confirment que les deux entreprises sont en discussion pour fabriquer au Canada des avions de combat destinés à l’Ukraine. Une source gouvernementale canadienne de haut niveau a également confirmé qu’une co-entreprise entre Saab et Bombardier était à l’étude.

Rappelons que le 22 octobre 2025, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson et le président ukrainien Volodymyr Zelensky ont signé à Linköping une lettre d’intention portant sur une vente potentielle de plus de 100 chasseurs Saab JAS 39 Gripen. Saab envisage sérieusement le Canada comme site d’assemblage potentiel pour ses avions de chasse Gripen, cherchant à accroître sa capacité de production face à une demande internationale croissante, notamment en provenance d’Ukraine. On aura compris qu’en filigrane se dessine l’offensive de charme de Saab auprès du Canada. Dans le contexte d’une remise en question de l’ampleur de la commande d’avions F-35 pour l’Aviation royale canadienne découlant de la guerre commerciale tout azimuts de l’administration Trump, l’idée d’une flotte mixte d’avions de combat fait son chemin.
Rappelons également que Saab et Bombardier Défense collaborent déjà sur l’avion GlobalEye, une plateforme basée sur le jet d’affaires Global 6000/6500 et équipée du radar Erieye de Saab. Par ailleurs, les discussions s’inscrivent dans le nouveau partenariat stratégique canado-suédois en aérospatiale et en défense lancé en août 2025 et qui vise à approfondir la coopération en matière d’innovation industrielle et de sécurité arctique.
L’examen en cours par le Canada de sa commande de 88 appareils F-35A Lightning II auprès de Lockheed Martin pourrait ouvrir la voie à la proposition de Saab. Ottawa a reporté la confirmation finale du contrat des F-35 en raison d’inquiétudes concernant la hausse des coûts et les retombées industrielles insuffisantes. Le Premier ministre Mark Carney a lancé cet examen au début de 2025, invoquant la nécessité de diversifier les fournisseurs d’équipement militaire dans un contexte de tensions avec les États-Unis. Plusieurs responsables canadiens ont depuis suggéré que le Canada pourrait adopter une flotte mixte, combinant F-35 et Gripen afin d’équilibrer souveraineté, coûts et avantages industriels.
Malgré mon scepticisme à cet égard, je ne demande pas mieux que d’être agréablement surpris. Comme le dit souvent Mark Carney, la relation canado-américaine ne sera plus jamais la même. Forcément, le Canada se tourne dorénavant vers des alliés davantage fiables. Comme se plait à le répéter notre ami Arnaud, affaire à suivre !
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18 réponses
Si cela devait ce faire ce serait un beau coup pour Saab ( et Bombardier) en espérant que cela se passe mieux qu’avec Embrayer au Brésil…
Embraer semble avoir beaucoup de difficulté à livrer des Gripen. C’est pourquoi Saab cherche un autre partenaire plus fiable.
Surprise agréable partagée – doublement : d’une part, par sympathie et solidarité pour les ukrainiens victimes de l’agresseur ruSSe ; et d’autre part par affection pour nos amis canadiens (les amis de nos cousins sont nos amis ! ). Et Pour ma part, le scepticisme en moins : c’est révélateur d’un changement d’état d’esprit, si le Canada se tourne vers des alliés « plus fiables », c’est tout bon pour l’Europe (donc pour la France), qu’il s’agisse des Saab ou autre ; la roue tourne …
Une question cependant : la Suède était prête à livrer tous les Gripen que voulait l’Ukraine … dès que le conflit serait terminé, donc dès qu’ils seraient beaucoup moins utiles … Une production au Canada va-t’elle y changer quelque chose?
Bravo, et bonne soirée !
Il y aura inévitablement un cessez feu car la Russie est incapable de conquérir l’Ukraine. Même la paix revenue, l’Ukraine aura besoin de rebâtir ses forces militaires avec du matériel moderne pour préserver sa souveraineté, comme le font actuellement les autres pays européens. La menace russe ne va pas disparaître de si tôt !
A l’époque où le Canada envisageait de remplacer ses F18, Saab était déjà en compétition avec LM. L’avionneur suédois était déjà plus ou présent dans ce pays. Dassault Aviation avait décliné car on sentait bien que les les dés étaient (un peu) pipés.
Mais comme le dit si justement Phil Edgas, la roue tourne…
Avec son Gripen, Saab s’est classé parmi les deux finalistes pour le remplacement des CF-188 Hornet, étant jugé apte à répondre aux exigences canadiennes. Advenant que le Canada aille de l’avant avec une flotte mixte, il n’aura donc pas à recommencer tout le processus d’appel d’offres. Dassault et Airbus doivent s’en mordre les doigts aujourd’hui.
Le premier ministre Carney déposera demain, le 5 novembre, son premier budget à la Chambre de communes. Dans ce budget, y aura-t-il des indiges à propos de l’achat de Gripen par le Canada et de la promesse faite par Carney de dépenser 9 milliards de dollars supplémentaires en défense cette année pour atteindre la cible fixée par l’OTAN à 2 % du PIB des pays membres? Malheureusement, la saga du remplacement des CF-118 se poursuivera encore bien longtemps…
Salut Marcel et les Passionnés,
Même si l’histoire serait belle et attendrissante, voir idyllique pour les défenseurs de l’Ukraine, les Anti-Trump canadiens, et les Européens, ça me semble difficile sans remplir la 1ère condition suivante :
– la chaine d’assemblage de Gripen E/F ne sera effective que si le Canada signe un bon de commande de Gripen à la Suède ! Et ça, c’est inimaginable pour plusieurs raisons :
– le niveau d’intégration des industriels canadiens dans le processus de production du F-35, et le coût financier d’un désengagement même partiel.
– le niveau d’intégration de la Défense aérienne canadienne et américaine au sein du NORAD et l’interopérabilité du F-35 canadiens avec les F-35 US et des autres pays de l’OTAN, possesseurs de ce « volatil » versatile…
– le coût de possession d’une double flotte d’avions de chasse qui plus est de génération différente.
Comme toi Marcel, je suis sceptique sur le devenir de cette affaire quelque peu alambiquée; Wait and see…!
Aéronautiquement,
Il y a bien des choses qui semblaient inimaginables il y un an… Rappelons qu’avant le CF-188 Hornet, l’Aviation royale canadienne a toujours eu une flotte mixte d’avions de combat. Un retour vers le futur ?
Durant les années ’60, l’ARC avait une double flotte d’avions de chasse: les CF-101 Voodoo et les CF-104 Starfighter. Vous oubliez un aspect politique: le ressentiment majeur éprouvé par tous les canadiens envers la guerre commerciale lancée par Donald Trump contre le Canada. Cette animosité se manifeste par l’annulation de voyages vers les États-Unis, le boycottage des produits américains ou encore les huées de l’hymne national lors de rencontres sportives comme le hockey sur glace. Ces actions des Canadiens à l’encontre du voisin américain se multiplient. Ces comportements pourraient perdurer, selon certains experts. Le Premier ministe Carney est à la tête un gouvernement minoritaire et celui-ci doit prendre en considération l’humeur des canadiens.
Salut Simon, Marcel, et les Passionnés,
La double flotte, c’était « Avant », nous sommes en 2025, et on ne peut plus comparer les coûts de possession et d’exploitation d’une flotte de chasse d’il y a 60 ans, voir 40 ans avec les flottes moderne de génération 4.5 ou 5. Par ailleurs les budgets de défense, même s’ils progressent partout dans les pays de l’OTAN, doivent malgré tout demeurer maitrisés et rationnalisés, surtout dans un contexte économique plus contraint comme celui du Canada. La guerre commerciale entre les 2 grands voisins impacte déjà négativement la croissance du pays et le taux de chômage; de plus les barrières commerciales interprovinciales très pénalisantes pour l’économie ne sont toujours pas abolies. De fait le Canada ne peut pas se permettre de largesses, d’autant plus qu’il y a d’autres fers au feu comme le Programme de sous-marins canadiens de patrouille.
Même si le ressentiment des canadiens envers leurs anciens amis reste fort, il ne faut pas oublier que Trump ne restera pas indéfiniment au pouvoirs et que c’est le business qui prime sur le continent Nord américain…
Je demeure donc circonspect sur le choix du Gripen par le Canada comme pis-aller au F-35 et donc sur l’ouverture d’une chaine de production de Gripen au Canada ou au Québec.
Aéronatuiquement,
Bonjour Rafaletiger et tous nos amis,
Auriez-vous fait le même commentaire si le Rafale aurait été sélectionné…?
Pour ne citer qu’un exemple, l’Australie a fait le choix d’une flotte mixte d’avions de combat (F-35 et Super Hornet) malgré le fait que sa population (27 millions) et son PIB soient largement inférieurs à ceux du Canada (41 millions d’habitants). Il s’agit donc d’un choix politique plus que de capacité de payer. Personnellement, je trouve imprudent de mettre tous ses oeufs dans le panier du F-35. Notons que le taux d’endettement public du Canada est le moins élevé parmi les pays du G7, faisant même mieux que l’Allemagne et étant largement inférieur à ceux des États-Unis et de la France. Le Canada dispose donc d’une bonne marge de manoeuvre pour accroître significativement ses dépenses militaires, malgré le ralentissement économique mondial causé par la guéguerre tarifaire de Donald. Le Canada fait actuellement face à des vents contraires, mais il saura relever le défi.
Souhaitons bonne chance à nos camarades canadiens, en espérant que le gouvernement US ne mette pas des bâtons dans les roues en agitant le drapeau ITAR.
Bravo pour cette robe érable du Gripen!
Belle photo en tête de l’article… Mais ne serait-ce pas une photo photoshoppée ? Car que je sache, le Canada n’a pas de Gripen.
C’est évidemment une vue d’artiste créé par Saab.
Salut le P’titlulu et les Passionnés,
Réponse au P’titlulu…
Je ne vois pas trop où tu veux en venir ou alors trop bien ! Tu penses que mon chauvinisme exacerbé coutumier et mon aveuglement par le Rafale m’enlèvent toute sorte de capacité d’analyse et de discernement ?
Il ne faut pas s’y méprendre, j’explique juste pourquoi il me semble très optimiste de croire que le Canada choisisse et fabrique le Gripen pour l’Ukraine; je n’y serai évidemment pas contre, au contraire, ce serait un pied de nez à l’Agent Orange que j’affectionne particulièrement comme tout le monde le sait sur le site…
Pour ma part, le choix du F-35, sa confirmation et future reconfirmation, était et sont tout à fait logique au regard des raisons évoquées précédemment (intégration des industriels canadiens au projet F-35, imbrication des économies nord-américaines au sein d’un « marché commun », mais surtout l’existence du NORAD et l’interopérabilité du F-35 avec les américains); c’est bien pour cela que les industriels Dassault et Eurofighter ont très vite décliné « l’invitation » malgré les qualités de leurs rejetons et le concept bi-moteurs bien plus sécurisant qu’un monomoteur dans les zones désertiques arctiques et maritimes…Il n’y avait et il n’y aurait eu aucune chance pour le Rafale de percer aujourd’hui au Canada, surtout pour un Rafale « français », dont le pays constructeur n’appartient même pas au « Five Eyes », une alliance formée après la Seconde Guerre Mondiale et réunissant les services de renseignement américains, britanniques, canadiens, australiens et néo-zélandais.
Donc évidemment, si c’est le Rafale qui avait été substitué au Gripen, non seulement j’aurais évoqué les mêmes raisons, mais j’en aurai évoqué une de plus, celle d’être un avion « français »….
Aéronautiquement,
Bonjour à tous,
Si cela se fait, ce serait réellement une bonne nouvelle, à la fois pour l’Europe et pour le Canada.
Pour revenir sur le coût de possession d’une flotte mixte, rappelons malgré tout que de nombreux pays sont dans cette configuration actuellement. Par ailleurs, les armements sont interchangeables. Enfin, les coûts de maintenance et d’utilisation du Gripen sont bien inférieurs à ceux du F-35.
Alors, certes il y a des obstacles, mais ça reste envisageable…