Si pour beaucoup les planeurs de transport et d’assaut restent intimement liés aux opérations anglo-américaines en Normandie et en Hollande, il ne faut cependant pas oblitérer l’utilisation que la Luftwaffe fit de ces avions non-motorisés. L’un des principaux appareils de ce type est sans nul doute le DFS 230, globalement plus petit que la majorité de ses contemporains.
En fait depuis les origines du vol libre l’Allemagne était une nation majeure dans l’étude et le développement des planeurs. Au point même que les Allemands créent un institut qui lui soit spécialement dédié : le DFS ou Deutsche Forschungsanstalt für Segelflug, ce qui en français se traduit par « Institut allemand de recherche des planeurs ». La spécialité du DFS était à partir de sa naissance en 1933 la conception de planeurs sportifs de compétition.
Aussi c’est au DFS que les autorités du Reichsluftfahrtministerium demandèrent au printemps 1936 de développer un planeur d’assaut destiné à la dépose de 10 à 12 combattants dans la plus grande discrétion. En fait les ingénieurs et stratèges du RLM avaient tiré les enseignements de l’engagement nazi en Espagne contre les forces républicaines. Le cahier des charges prévoyait une charge maximale de 2000kg, une vitesse maximale de remorquage de 320km/h, et un rayon d’action après largage d’environ 250km. Sans oublier que le RLM réclamait qu’il puisse emporter une mitrailleuse MG15 de calibre 7.92mm assurant l’autodéfense du planeur.
Bien que très ambitieux ce cahier des charges ne surprit pas réellement les ingénieurs du DFS qui réussirent tant bien que mal à proposer un avant-projet à peine trois mois après la réception du contrat. Un prototype fut officiellement commandé sous la désignation de DFS 230. Il réalisa son premier vol en mars 1937, tracté depuis le sol par un biplan d’attaque au sol Henschel Hs 123 spécialement modifié. Les essais démontrèrent de bonnes qualités, même si celles-ci était légèrement inférieures aux attentes du RLM. Une commande en série fut lancée. Pour des raisons de facilité sa production en série fut confiée au célèbre avionneur Gotha, même si le planeur conserva sa désignation originelle.
Extérieurement, le DFS 230 se présentait sous la forme d’un monoplan à aile haute construit à la fois en bois et en métal. Son pilotage ne nécessitait qu’un seul membre d’équipage qui prenait place dans un cockpit rudimentaire. La cabine accueillait entre six et huit soldats équipés ou bien un side-car démonté. La mitrailleuse de défense, tirant depuis un hublot latéral était servie par le second membre d’équipage, généralement un fantassin de la Luftwaffe. Le DFS 230 ne disposait pas d’un réel train d’atterrissage mais d’un patin double, cependant quelques versions furent dotées de deux roues fixes rajouté au-dessus de celui-ci. Les premiers DFS 230A-1 de série entrèrent en service en septembre 1938.
Rapidement la Luftwaffe commanda quelques exemplaires d’une version biplace d’entraînement, désignée DFS 230A-2. Incapables de réaliser des missions de transport de troupes ceux-ci étaient cependant lestés avec des mannequins rudimentaires remplis de sable. En fait jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale les Alliés ignoraient tout de ce petit planeur d’assaut.
C’est le 10 mai 1940 que le planeur allemand entra dans l’Histoire. Tractés deux par deux par des trimoteurs Junkers Ju 52/3MG une vingtaine de planeurs attaquent le fort belge d’Ében Émael non loin de Liège, provoquant ainsi l’entrée du royaume dans la Seconde Guerre mondiale. À bord des DFS 230 se trouve un commando appartenant aux Fallschirmjäger, les célèbres « diables verts ». Avec une audace impressionnante les troupes d’élite allemandes prennent le contrôle des points névralgiques de cette fortification de première importance, permettant ainsi aux fantassins d’y pénétrer et de le prendre rapidement.
Par la suite les DFS 230 seront de toutes les opérations les plus spéciales et les plus difficiles qu’eurent à gérer les parachutistes et les commandos allemands. Des collines du Péloponnèse aux ruelles enneigées de Stalingrad les petits planeurs étaient partout. Avec plus ou moins de succès.
Mais l’Histoire a surtout retenu deux faits d’armes majeurs. Le premier fut l’opération Eiche qui le 12 septembre 1943 conduisit à la libération de Benito Mussolini par les Waffen-SS d’Otto Skorzeny. C’est à bord de DFS 230 tractés par des Junkers Ju 87R que les planeurs prirent d’assaut la plaine montagneuse du Campo Imperatore sur laquelle était emprisonné le dictateur fasciste. Une fois sur place les soldats purent s’en extraire et se rendre rapidement maître du secteur. Mussolini extrait de sa cellule fut ensuite embarqué à bord d’un avion de liaison Fieseler Fi 156.
En France le DFS 230 est de triste mémoire également. Plusieurs dizaines de ceux-ci furent engagés pour la reprise du massif du Vercors entre le 21 et le 23 juillet 1944. Après plusieurs bombardements réalisés par la Luftwaffe les planeurs déposèrent des Diables Verts qui prirent en tenaille les combattants des Forces Françaises de l’Intérieur. De par leur discrétion les DFS 230 permirent aux soldats allemands de se rendre maîtres de la zone, de nuit, sans être entendu ni vu par les guetteurs français.
Aujourd’hui en partie retombée dans l’oubli le DFS 230, fut pourtant un des principaux planeurs d’assaut de la Seconde Guerre mondiale. Peu d’exemplaires sont pourtant préservés de nos jours. En France la carcasse de l’un deux est cependant exposée dans la commune de La Mure (38) en mémoire des résistants du Vercors.
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