L’un des grands défis des puissances militaires que sont la Chine, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, ou encore la Russie est de pouvoir faire face aux besoins sans cesse grandissants de renseignement dans le cadre des guerres asymétriques. Et dans ce cas de figure l’arme aérienne est prépondérante depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais plus encore depuis l’avènement des avions sans pilote à la fin du 20e siècle nous sommes désormais face à des capacités de reconnaissance de plus en plus précises. L’une des possibilités offertes par ces aéronefs très silencieux est désormais d’observer en toute discrétion des rues, places, ou même jardinets et ainsi renseigner au mieux les fantassins en opération. Et dans ce rôle l’un des drones les plus efficaces est l’AeroVironment RQ-20 Puma américain.
C’est au début de l’année 2006 que la société AeroVironment chercha à développer un nouvel avion léger sans pilote de surveillance et d’observation. Forte de son expérience avec le RQ-11 Raven elle savait que le principe d’un drone lancé à la main par un fantassin fonctionnait parfaitement bien. Elle lança alors le programme Puma AE (pour All Environment) destiné à fournir aux forces alliées un moyen silencieux de reconnaissance en zone urbaine. En fait l’entreprise tirait là les enseignements des engagements américains en Afghanistan puis en Irak où les GI’s et les Marines avaient ressenti un fort besoin en renseignement dans les ruelles et allées.
Le développement de l’AeroVironment Puma AE fut assez court puisque le prototype réalisé son premier vol au cours de l’été 2007. Même si le Pentagone s’intéressa rapidement à l’engin, principalement pour les besoins des commandos de l’US Special Operations Command, il n’entra pas en service opérationnel avant fin 2008. Les premiers exemplaires furent déployés par les forces spéciales américaines en Afghanistan mais également lors de missions anti-terroristes dans l’océan indien.
Extérieurement l’AeroVironment Puma AE se présente comme un drone ultra léger pouvant être transporté à dos d’homme dans deux sacoches spécialement conçues. Il est ensuite assemblé en quelques minutes et télé-piloté depuis une console portative elle-aussi. Son autonomie de deux heures et demi, et son rendu d’images en temps réel permettent aux combattants de saisir l’instantanéité de la situation. Les données transmises par le systèmes encryptées AN/AES-256, sont captées par des systèmes de reconnaissance électro-optiques et infrarouges. En outre un système de ciblage laser peut être installé dessus, donnant une autre dimension au drone. Il peut ainsi marquer une cible pour un tir de munition à guidage laser depuis un drone de combat type MQ-9A Reaper ou même un chasseur-bombardier F-15E Strike Eagle.
Son moteur électrique Aveox actionnant une hélice souple en matière composite offre au Puma AE une discrétion redoutable. Il est alimenté par deux batteries rechargeables. Sa puissance représente l’équivalent de 9 chevaux.
Jusqu’en 2012 et sa commande par l’US Army ce drone n’avait jamais reçut de désignation officielle par le Pentagone. Les forces spéciales l’appelaient alors Puma AE. Désormais il devenait AeroVironment RQ-20A Puma. L’année suivante c’est l’US Marines Corps et l’US Navy qui passèrent commande pour ce drone, le premier achetant des RQ-20A identiques à ceux de l’armée tandis que la seconde prenait des RQ-20B plus adaptés à ses besoins. Ce dernier dispose d’une autonomie accrue, gagnant une heure de vol en plus vis à vis du RQ-20A.
Pour la marine des États-Unis le Puma est avant tout un drone permettant d’identifier au mieux une cible de surface repérée au radar. Ils sont donc embarqués sur certains navires de guerre comme compléments aux systèmes de repérages actifs et passifs. Ils sont généralement lancé depuis les plateformes d’hélicoptères. Et comme les fantassins les marins américains les font décoller à la main.
En 2015 l’US Coast Guard s’est intéressé un temps à l’AeroVironment RQ-20 Puma dans sa recherche d’un drone de reconnaissance maritime et de surveillance des zones de pèche. Mais face à son concurrent direct le Boeing MQ-27 ScanEagle il n’a pas tenu la distance. Pourtant les deux machines ne sont pas exactement comparable, la première étant bien plus légère et modulable que la seconde qui nécessite une catapulte hydraulique.
Le retour en force du ScanEagle a peu à peu éclipsé le Puma, y compris sur les marchés à l’export.
AeroVironment n’a en effet réussi à commercialiser son drone qu’à quelques pays étrangers. Et c’est principalement en Europe que ce drone s’exporte. Les armées belges, estoniennes, et lettonnes ont décidé de se doter de quelques-unes de ces machines. Au-delà c’est L’Égypte qui en 2018 a passé commande pour vingt RQ-20B Puma. Des livraisons aux forces kurdes syriennes par le Pentagone ont souvent été avancées par pas mal de médias sans pour autant être jamais confirmées.
Des pistes ont été annoncé avec la Colombie, la Grèce, et le Royaume Uni pour des commandes dans le courant de l’année 2020. Dans ce dernier pays c’est la Royal Navy qui semble intéressée.
Des solutions ont été apportées au RQ-20 Puma. AeroVironment le propose désormais notamment avec des panneaux photovoltaïques permettant ainsi un rechargement en plein vol de ses batteries. Mais surtout le constructeur vend désormais son Puma LE (pour Long Endurance) permettant d’accroitre l’autonomie à cinq heures et demi de vol avec un plafond pratique porté à 1000 pieds, soit environ 300 mètres d’altitude. Cette nouvelle version a été proposé aux forces américaines en 2019 sans pour autant avoir été jusque là commandé en série.
Il est à signaler que depuis juillet 2013 le Puma AE est également le premier drone militaire américain à avoir reçu une habilitation de la Federal Aviation Administration pour une utilisation commerciale privée aux États-Unis.
Contrairement à une idée reçu l’AeroVironment RQ-20 Puma n’est pas un mauvais drone. Simplement il représente trop peu d’évolution vis à vis du RQ-11 Raven pour être considéré comme une véritable réussite. Il est bon de rappeler qu’il ne s’agit pas du premier aéronef à porter ce nom de félin, il l’est également par le célèbre hélicoptère français Aérospatiale SA.330 Puma. Un ULM civil canadien se nomme aussi Puma.
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