FOX-3, les missiles à longue portée

Ce contenu est une partie du dossier thématique : Armement Air-Air : les missiles

Pour palier aux défauts des missiles FOX-1, furent développés dans les années 70 les missiles à guidage radar actif qui devinrent les FOX-3 dans la dénomination OTAN. Mais ce programme isolé devra attendre les années 90 pour être rejoint dans sa catégorie par des missiles développés dans le monde entier.

système de guidage d'un R-77
Système de guidage d’un R-77

Les principaux problèmes des FOX-1 : ennemi prévenu à l’avance, impossibilité de quitter le combat, et une seule cible à la fois, venaient du fait que le missile n’emporte qu’un récepteur radar et que l’émetteur n’était autre que l’avion tireur lui-même. La solution fut d’installer un radar à l’intérieur même du missile. Mais vu sa taille, il n’avait pas la portée de détection suffisante pour accrocher une cible à moyenne (15 à 50 km), ou longue portée (au-delà de 50 km). Lorsqu’une ou plusieurs cibles sont identifiées, leurs coordonnées sont transmises aux missiles designés pour les abattre. Ensuite le pilote n’ a plus qu’à les tirer et il peut vaquer à d’autres occupations, généralement , tuer les autres. C’est ce qu’on appelle un missile « fire and forget »: tirer et oublier. Durant la première phase du vol, dit inertiel, le missile se dirige doit vers les coordonnées qui lui sont assignées grâce à une centrale inertielle. A une dizaine de kilomètres de l’objectif, il allume son propre radar, détecte sa cible, et se dirige vers elle jusqu’à l’impact ou jusqu’à ce qu’il passe suffisamment près pour la détruire en explosent. Le risque est que la cible se soit trop déplacée durant le vol inertiel et qu’elle soit hors de portée radar au moment ou le missile allume le sien. Pour éviter cela, il y a deux solutions qui impliquent que vous restiez dans le combat. La première est d’éclairer la cible avec votre radar pour le guider comme un FOX-1. Sinon certains avions sont équipés de LAM (Liaison Avion-Missile) qui leur permettent de transmettre en temps réel les nouvelles positions de l’ennemi, l’avantage étant de ne pas focaliser le radar sur lui, ce qui évite qu’il se rende compte qu’il est pris pour cible.

Au début des années 70, un radar c’était gros et lourd et les missiles étaient petits et légers. La société Hughes trouva une solution simple pour équiper le F-14 Tomcat: concevoir un gros missile. C’est ainsi que naquit le missile AIM-54 Phœnix qui était complètement hors-norme comme tout ce qui concerne d’ailleurs le célèbre chasseur de Top Gun. Il avait une portée de 184 km, une charge explosive de 60 kg, suffisante pour pulvériser un bombardier ou endommager plusieurs chasseurs, il pouvait voler à 30 km d’altitude et à environ Mach 5. Le Tomcat pouvait en emporter six et les guider simultanément sur plusieurs cibles. Le Phœnix est d’abord guidé comme un FOX-1 avant d’activer son propre radar à 18 km de sa cible. Se situant à haute altitude, il pique littéralement sur elle, ne lui laissant presque aucune chance de fuite. Même s’il disparut quelques années avant son fidèle chasseur aux USA, il reste actif dans le seul autre pays à avoir acheté le F-14, l’Iran. Ce pays l’utilisa avec succès au cours de la guerre Iran-Irak, même s’il se révéla inefficace face aux dernières versions du Mirage F-1 équipées de contre-mesures modernes. Après de gros problèmes d’approvisionnement en pièces détachées, les Iraniens on annoncé avoir réussi à développer eux-même une version modifiée et déclaré avoir abattu une cible à 280 km en entraînement.

6 AIM-54 Phoenix sous un F-14
6 AIM-54 Phoenix sous un F-14

Le Phœnix resta un cas unique jusqu’à ce que la miniaturisation des composants électroniques permette la fabrication de FOX-3 de taille raisonnable. Le premier d’entre eux est l’AIM-120 AMRAAM, produit par Hughes (puis Raytheon), qui entra en service en 1991 et qui constitue aujourd’hui encore une référence dans le domaine. Il a une portée d’environ 100 km et même 180 pour la dernière version, l’AIM120D, et possède une charge explosive d’une vingtaine de kg. Il est idéal pour la doctrine de combat aérien des USA qui consiste à nettoyer le ciel en utilisant le combat BVR (Beyond Visual Range, au-delà de la portée visuelle) dans lequel l’avance technologique prime sur les qualités de pilote.

Un AIM-120, en gris, accompagné par quatre GBU-39 orange, dans la soute d'un F-22 raptor
Un AIM-120, en gris, accompagné par quatre GBU-39 orange, dans la soute d’un F-22 raptor

La riposte russe arrive en 1994 avec le R-77 (AA-12 Adder) qui a une portée allant jusqu’à 80 km (160 km pour le Vympel R-77M1 à statoréacteur). Il n’a pas de gouvernes mais quatre grilles repliables et orientables et possède un système de contre-brouillage particulier qui consiste simplement à arrêter d’émettre avec son radar pour se diriger simplement vers la source du brouillage. Il est probable que ce système équipe d’autres missiles, mais les Russes sont les seuls à le déclarer ouvertement.

vympel R-77
Vympel R-77

Le MBDA MICA-EM français est une version FOX-3 du Mica. Entré en service en 1996, il a la particularité de remplacer à la fois l’AIM-9 et l’AIM-120, car il est aussi manœuvrable que le premier, ce qui lui permet d’être utilisé en combat rapproché, et a la portée de 60 km du second, ce qui le rend très utile en BVR. Le constructeur israélien Rafael produit le Derby qui est un développement FOX-3 à portée étendue de la famille des FOX-2 Python, avec une manœuvrabilité comparable à celle du Mica.

MICA-EM sur un rafale
MICA-EM sur un Rafale

Le Meteor européen de MBDA est actuellement en cours de test. Tout comme le R-77M1, il est équipé d’un statoréacteur, en gros un turboréacteur dépourvu de pièces mobiles. Contrairement au moteur fusée qui, une fois allumé, envoie toujours la même poussée jusqu’à son extinction, il peut gérer sa consommation en diminuant la poussée pour étendre la portée, ou l’augmenter pour avoir une meilleure accélération. MBDA déclare qu’il possède une « no-escape zone », une zone dans laquelle une cible n’a aucune chance de survivre, de 60 km. Il devrait être équipé d’une liaison de données bidirectionnelles qui permet au pilote de voir ce que voit le missile. Il est même possible qu’un autre avion (un AWACS par exemple) assure le contrôle par LAM, ce qui permettrait à l’avion tireur de quitter le combat.

Meteor, on peut voir les deux entré d'air du statoréacteur sous le missile
Meteor, on peut voir les deux entré d’air du statoréacteur sous le missile

La Russie travaille sur deux projets de missiles à longue portée pouvant atteindre des cibles à environ 400 km : le Novator K-100 destiné aux chasseurs classiques, et le Vympel R-37 (AA-13 Arrow) destiné au Mig-31.

K-100, anciennement appeller KS-172
K-100, anciennement appeller KS-172

A l’exception notable de ces missiles, les autres FOX-3 ressemblent à l’AIM-120, comme le PL-12 chinois, le Mitsubishi Type 99 japonais ou le Sky Sword II taïwanais.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Thibaut
Thibaut
Je tien d’abords a remercie mes amis du forum (ou je réponds au pseudo de phenix) qui m’ont aidé dans mes rédactions. Pour ma part, ma passion de aviation (surtout les appareils de combat moderne) ma poussé à quitter l’Ardèche pour une entrer dans une école d’ingénieure aéronautique a Toulouse.
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