Péril aviaire, le cauchemar des compagnies aériennes contemporaines.

Paradoxalement c’est l’apparition de l’aviation commerciale à réaction qui a fait connaître ce danger, alors qu’il existait déjà du temps des avions à moteurs à pistons. Le péril aviaire est le risque que font peser les nuées d’oiseaux sur les avions lors des phases de décollages et d’atterrissages. Ces volatiles peuvent aussi bien percuter et traverser les pare-brises des avions qu’être ingérés par les tuyères des réacteurs, risquant ainsi d’endommager voire de détruire dans certains rares cas ces derniers. Et ce sont les structures aéroportuaires qui sont en charge de le réduire.

Sur ce risque l’aviation civile et le domaine militaire sont ex-æquo. Chacun le subit de la même manière, une nuée d’oiseaux est aussi dangereuse pour un Airbus A320 ou un Boeing 777 que pour un Casa C-101 Aviojet ou un General Dynamics F-16 Fighting Falcon. Plusieurs impacts d’oiseaux sont à l’origine d’éjections de pilotes de chasse depuis l’apparition des avions à réaction.

Pourtant le péril aviaire est quasiment aussi vieux que l’aviation elle-même. Déjà en juillet 1909 lors de son historique traversée de la Manche l’aviateur français Louis Blériot déclara avoir eu un étrange sentiment en voyant s’approcher de son avion deux mouettes alors qu’il venait de décoller. Il hurla et les animaux furent effrayés. Étrangement le bruit du moteur ne semblait pas les perturber, en tout cas moins que la voix humaine.
Un peu moins de trois ans plus tard l’aviateur américain Calbraith Rodgers fut la première victime avérée d’une rencontre entre un aéroplane et des oiseaux. Nous étions en avril 1912. Son biplan Wright Model B heurta violemment une nuée de goélands puis s’écrasa près de Long Beach dans le sud de la Californie. Le pionnier de l’aviation américaine mourut quelques heures plus tard à l’hôpital.

Car aujourd’hui on le soupçonne fortement : le péril aviaire serait à l’origine de nombreux accidents aériens. À un point tel que désormais la totalité des grands aéroports américains, européens et japonais disposent de moyens pour effrayer ces animaux. Car il n’est nullement question de les tuer, juste de les déplacer le plus loin possible des plateformes aéroportuaires.
Pendant longtemps cela a consister en l’émission de bruits dérangeants pour ces animaux comme des coups de feu (à blanc rassurer-vous) ou encore les cris de prédateurs lancés depuis des hauts-parleurs. Aux États-Unis et au Royaume-Uni on essaya même de disséminer des phéromones pour attirer loin des aéroports les oiseaux en question.

Pourtant au début des années 1990 ce sont les militaires qui ont trouvé sans doute la parade la plus écoresponsable : faire appel à des fauconniers. Et désormais on en trouve sur la majorité des aéroports modernes. Leur rôle est simple ; il consiste à effrayer les oiseaux à l’aide de prédateurs naturels. Et au fur et à mesure de leur action les indésirables oiseaux se trouvent de nouveaux endroits ou nidifier.

Malgré toutes ces précautions les avions continuent de percuter des oiseaux. Et le dernier exemple en date remonte à ce lundi 28 octobre 2019 quand une nuée d’oiseaux est venue percuter l’Airbus A330-300 porteur de l’immatriculation SE-REH. Ce biréacteur commercial de la compagnie aérienne scandinave SAS réalisait un vol régulier entre Copenhague au Danemark et Chicago aux États-Unis. C’est au décollage que la collision avec les animaux a eu lieu, obligeant le commandant de bord à faire demi-tour et revenir rapidement à son point de départ.

En fait on peut se dire que malgré toutes les précautions prises le péril aviaire existera toujours et mettra sans arrêt les aéronefs en danger. Pour autant les millions d’euros engagés chaque année pour le réduire ne sont pas en pure perte, car sans ces mesures on peut raisonnablement penser que le bilan des accidents serait bien plus élevé.

Photo © Federal Aviation Administration.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

2 réponses

  1. Les faucons ne sont pas les seuls volatiles à lutter contre le péril aviaire. Il convient de rendre hommage aux gallinacés dont la participation, plus ou moins volontaire, au test du canon à poulets, a fait inscrire ces braves bêtes dans les pages glorieuses de l’aéronautique.

    1. Vincent, les poulets et oies du canada peuvent arrêter de faire des cauchemars avec le canon. On utilise des blocs de gélatine qui les simulent très très bien maintenant. Mieux d’un point de vue éthique et pour le nettoyage du moteur et banc d’essai !

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