Que s’est-il passé le weekend dernier avec le Robin DR-300 de Marck-en-Calaisis ?

Ce fait divers commence à prendre des proportions importantes, et pas uniquement parce que le BEA s’est saisi des investigations. Ce dimanche 24 septembre 2023 c’est l’effervescence sur le tarmac de l’aéroport Calais-Dunkerque sis à Marck-en-Calaisis : des baptêmes de l’air sont réalisés dans le cadre d’un partenariat avec l’association «Un enfant dans le ciel». Seulement voilà en fin d’après-midi un pilote découvre que les deux ailes de l’un des avions de tourisme employés pour l’occasion sont en partie sectionnées par des ficelles très fines, avec un risque certain pour le pilote et ses jeunes passagers. C’est désormais à la justice de trancher entre incident isolé et acte de malveillance ?

C’est donc aux alentours de 18 heures 15 que les deux entailles ont été détectées sur le Robin DR-300-140 affecté à ces baptêmes de l’air. Selon nos sources l’avion en question porte l’immatriculation civile française F-BSPK et a été construit en 1971. Avec sa configuration quadriplace (un pilote et trois passagers) le DR-300 est l’un des avions les plus adaptés à ce type de vol de découverte du monde aéronautique. Construit à «seulement» 392 exemplaires entre la fin des années 1960 et la fin des années 1970 il est bien moins connu que son très populaire successeur, le DR-400. Pour autant le DR-300 demeure très apprécié des divers aéroclubs qui le font voler, que ce soit en France ou un peu partout en Europe. On en retrouve encore aujourd’hui très régulièrement voler sous immatriculations allemandes, britanniques, ou encore italiennes.

On comprend bien l’émoi suscité par cet incident. Les deux entailles, une sur chaque aile, ont été réalisées par une même ficelle d’un diamètre inférieur à un millimètre et d’une longueur de 70 mètres. L’aile droite a ainsi été «creusé» sur 20 centimètres de profondeur et l’aile gauche sur 40. Si l’avion avait redécollé dans ces conditions l’écrasement était quasi assuré, la voilure n’assurant plus sa fonction première de portance. Le DR-300-140 devait reprendre les airs avec trois jeunes passagers de l’association «Un enfant dans le ciel». Trois de leurs petits camarades étaient présents à bord de l’appareil quand celui-ci a littéralement happé la cordelette en question. Fort heureusement ils n’ont été pas été blessé, l’impact n’ayant été découvert que lors de la visite après atterrissage.

Dédié à l’idée que les enfants malades peuvent ainsi voir, je cite : «l’hôpital depuis le ciel et non plus le ciel depuis leur chambre d’hôpital» cette association offre la possibilité à de jeunes patients en longs séjours de s’initier aux joies toutes simples d’un baptême de l’air. C’est l’essence même de notre passion commune pour l’aviation que le président de l’association, monsieur Olivier Prud’homme, et ses bénévoles font vivre avec ces enfants. On ne peut, et je le suis à titre personnel, qu’être admiratif de leur action.

Aussi ce drame évité de peu est effrayant. Savoir que les experts du BEA, le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses pour la sécurité de l’aviation civile, et les enquêteurs de la Gendarmerie des Transports Aériens travaillent pour élucider ce mystère a cependant quelque chose de rassurant. Chacun connait le très grand professionnalisme et la rigueur qui caractérisent les personnels de ces deux entités. Les femmes et les hommes en charge des investigations mettront, nous le savons bien, tout en œuvre pour répondre à une des questions soulevées : acte volontaire et donc malveillant voire criminel ou simple incident isolé ?

Dès lors qu’on parle du Calaisis l’idée d’une ficelle ou d’une cordelette d’un peu moins d’un millimètre d’épaisseur pour soixante-dix mètres de long fait forcément penser à un cerf-volant. Ce joli coin de France, comme d’ailleurs une bonne partie du littoral des Hauts-de-France et de Normandie, se prêtent aisément à la pratique de ce loisir beaucoup plus sportif qu’il n’y parait. L’avion a t-il heurté un tel objet, le sectionnant ? L’hypothèse n’est pas aussi farfelue qu’elle y paraît.

Affaire donc à suivre.

Photo © Brian G. Nichols.

NDLR : Si vous voulez en savoir plus sur cette très jolie association voici leur site internet : Un enfant dans le ciel.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

6 Responses

  1. La première fois que j’ai volé en avion léger c’était sur un DR-300 depuis l’aérodrome de La Panne en Belgique. J’habitais à Bray-Dunes, côté français et j’avais gagné un baptème de l’air. J’en garde un super souvenir, j’avais 13 ans et depuis je n’ai jamais cessé d’aimer l’aviation au point d’en faire mon job même si je bosse dans le 5e arrondissement. Y a rien de plus éloigné du ciel que la rue de Gay-Lussac.
    J’imagine l’horreur du pilote quand il a découvert son avion lacéré. Merci pour l’info je n’en avais pas entendu parler.

  2. Beaucoup de professionnalisme du pilote, même et surtout, si celui ci est un amateur bénévole au sein de l’asso…

  3. Vous les blancs vous êtes bizarres vous mettez vos enfants hospitaliser dans des avions au lieu de les mettre dans des lits avec médicaments et prières. C’est pas en volant qu’ils guérirons !

    1. Après général machin en quoi ça te regarde que des pilotes passionnés fassent ça ? C’est pas au Maliou dans je sais trop quel pays tiermondiste, c’est en France. On fait encore ce qu’on veut pour nos enfants malades. Non ?

  4. Salut Arnaud,

    quel mystère !!!
    Je me sens particulièrement concerné car j’ai obtenu mes ailes, le brevet de base à l’époque, sil y a trente ans au sein de cet aéro-club, sur un DR400, le F-GBAY… J’ai d’ailleurs dû atteindre les 20 heures de vol avant d’apprendre qu’on pouvait atterrir sans 25 noeud de vent de travers . (La piste 24/06 est rarement dans l’axe du vent). Un super club avec de bons profs et des passionnés passionnants…

    Je pense que la piste du cerf-volant, ou plutôt du kite surf dans ce cas de figure, est la bonne. Les lignes (c’est le nom des « ficelles ») peuvent effectivement s’avérer assez coupantes, même si elles ont une résistance en traction maximum au-delà de laquelle elles cèdent.

    Une question se pose : A quelle moment du vol la « rencontre » s’est-elle produite ? décollage? Atterissage? ou radada un peu trop prononcé?… car il fallait voler à moins de 70m, c’est à dire 200 pieds…

    Encore merci Arnaud pour tous tes super articles. Tiens nous au courant des résultats de l’enquête.

    1. Pour l’instant c’est, et on le comprends bien, silence radio du côté du BEA. Laissons leurs enquêteurs mener leurs investigations, et évidemment la piste privilégiée est sans doute une phase décollage ou atterrissage aux vues de la longueur de la ficelle. Merci pour l’appréciation sur l’article.

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