Pourquoi l’Iran emploie t-elle si peu ses drones de combat contre Israël ?

Depuis le 24 février 2022 et le déclenchement par Moscou de «l’opération militaire spéciale» visant à «la dénazification de l’Ukraine» le conflit contemporain est entré dans l’ère de la guerre des drones. Et très vite la république islamique d’Iran est devenue un partenaire de premier plan dans ce domaine pour la fédération de Russie autant grâce à ses drones de combat qu’à ses munitions rodeuses. Aussi la quasi absence de ces aéronefs sans pilote dans le conflit qui concerne Téhéran et Tel Aviv est assez surprenante et dénote d’une réalité stratégique propre au régime des mollahs. Ce qui ici joue le jeu d’Israël.

Dix jours que cette guerre visant officiellement au démantèlement du programme nucléaire iranien a été lancée. Et depuis ce temps pas un seul avion de combat appartenant aux forces de Téhéran n’a pénétré l’espace aérien souverain de l’état hébreu. D’ailleurs aucun n’a même essayé de s’en approcher. Et cela a un lien avec la très symbolique destruction de deux F-14AM Tomcat par Heyl Ha’Avir. La chasse iranienne ne dispose d’aucun avion suffisamment moderne pour venir titiller son adversaire israélienne, qui elle aligne des matériels high tech tous fournis par les États-Unis. La «guerre préventive» décidée par Benyamin Netanyahou démontre la supériorité aérienne de l’état hébreu.

Pourtant quotidiennement les grandes villes israéliennes sont la cible de missiles sol-sol Emad-1, Khorramshahr, Samen, Sejil-2, et Shahab-3. Ces armes extrêmement destructrices et meurtrières franchissent de plus en plus le parapluie de DCA à triple strate d’Israël. De 10% de missiles iraniens le franchissant au 13 juin dernier on est passé désormais plutôt aux alentours de 20%. Et à chaque fois ce sont des dégâts considérables et désormais des morts qui se comptent par dizaines. Même Israël se met à manquer de missile sol-air afin de les intercepter.

Or en plus de ces missiles sol-sol l’Iran est réputée pour la conception (souvent de la rétro-ingénierie à partir de matériels américains) de ses drones de combat HESA Kaman 12 et Kaman 22, HESA Shahed 129 et Shahed 149, ou encore les ailes volantes HESA Shahed 191. Plusieurs de ces modèles auraient d’ailleurs été fournis à la Russie en assez grande quantité dans le cadre de sa guerre contre la démocratie ukrainienne.

Alors si Moscou les emploie régulièrement dans la guerre russo-ukrainienne pourquoi Téhéran n’en fait pas de même dans le conflit israélo-iranien ? Cela relève de deux facteurs principaux, qui se rejoignent. La guerre russo-ukrainienne est un conflit entre pays voisins, un peu comme le fut en 1870 la guerre entre les Français et les Prussiens. Lancer des drones de combat depuis la Russie vers l’Ukraine c’est quelques chose qui ne réclame pas une distance franchissable extraordinaire. La guerre israélo-iranienne se joue quant à elle entre deux pays séparés d’environ 1500 kilomètres entre eux, avec des états souverains au milieu. Si cela ne gène nullement l’aviation israélienne dont les avions de combat ont le rayon d’action nécessaire, moyennant le recours au ravitaillement en vol, c’est un problème insoluble pour l’aviation iranienne.  Comme vu plus haut ses chasseurs n’ont pas les pattes assez longues… et ses drones de combat à priori pas beaucoup plus.

S’ils ressemblent fortement aux productions de General Atomics aux États-Unis les HESA Shahed 129 et Shahed 149 ne disposeraient finalement pas d’une autonomie et/ou d’un rayon d’action similaire. Ce dernier n’excèderait pas 1300 kilomètres, soit pas assez pour inquiéter l’état hébreu. En fait ironie de l’Histoire le drone de combat le plus dangereux pour Israël est une version localement construite sous licence du Beechcraft MQM-107 Streaker connue comme HESA Karrar. C’est donc un drone cible, bidouillé depuis en drone de combat pouvant servir également de munition rodeuse. Il est visible en couverture de l’article. Et avec ses 1600 kilomètres de distance franchissable ce Karrar, s’il est tiré suffisamment près, peut parfaitement frapper le nord d’Israël et notamment Tel Aviv ou le port de Jaffa.

Quant aux munitions rodeuses Shahed 136 c’est certainement à cause de la faiblesse de leur précision qu’elle ne sont pas particulièrement employé. La fragile opinion publique iranienne apprécierait sans doute assez mal que de tels engins ne viennent frapper des immeubles des quartiers «musulmans» des grandes villes israéliennes. Ajoutez à cela qu’elles sont facilement interceptables et vous comprenez que Téhéran a plus intérêt à sortir ses missiles sol-sol que n’importe quelle autre arme aérienne face à Israël. Et ce même si 80 à 90% d’entre eux sont détruits en plein vol. Les débris font parfois autant de dégâts que les armes elles-mêmes.

Photo © agence de presse IRNI.


En savoir plus sur avionslegendaires.net

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

PARTAGER
ARTICLE ÉDITÉ PAR
Image de Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
articles sur les mêmes thématiques
Commentaires

Laisser un commentaire

Seuls les comptes authentifiés sont désormais autorisés à commenter les articles d’actualités. Si vous avez créez un compte, vous devez vous identifier. Si vous souhaitez obtenir un compte personnel vérifié, vous pouvez faire une demande de compte en suivant la procédure (la création n’est ni automatique, ni immédiate et est soumise à contrôle)

Sondage

Lequel de ces pays serait le plus susceptible de renoncer au F-35 au profit du Rafale ?

Voir les résultats

Chargement ... Chargement ...
Dernier appareil publié