Un chasseur chinois J-20 Firefang a t-il vraiment voler entre la Corée et le Japon ?

L’information n’a pour l’instant pas donné lieu à une communication officielle de la part de Séoul ou de Tokyo. La propagande d’état chinoise a annoncé ce vendredi 1er août 2025 qu’un chasseur Chengdu J-20 Firefang avait dans la semaine survolé les eaux du détroit de Tsushima. L’avion furtif n’aurait pas été détecté par les défenses anti-aériennes de la Corée du Sud et du Japon. Si cela est vérifié il s’agit non seulement d’une provocation très grave de la part des Chinois mais aussi de la mise en lumière de carences extrêmement lourdes dans les deux pays en question.

En faire des caisses et surestimer n’importe quel exercice est un peu une spécialité des propagandistes chinois depuis une bonne vingtaine d’années. Mais là ils ont tout de même fait très fort. Ils déclarent qu’un chasseur de 5e génération J-20 Firefang aurait tranquillement, sans avoir été détecté et donc intercepté, survolé le détroit de Tsushima et l’île éponyme. Petit souci diplomatique cette dernière, d’une superficie de presque 700 km², appartient intégralement au Japon. Une population d’un peu plus de 39000 habitants l’occupe. Rappelons que le détroit de Tsushima est la partie orientale du bras de mer qui sépare la Corée du Sud du Japon. La partie occidentale est le détroit de Corée. C’est justement l’île qui assure la démarcations entre les deux détroits. C’est donc une zone hautement stratégique de la Mer de Chine Orientale que Pékin considère comme une mare nostrum.

Si la propagande d’état chinoise n’indique pas clairement à quel moment dans la semaine passée la violation d’espace aérien japonais a eu lieu elle insiste sur le fait que le pilote a pu simuler efficacement des passes de reconnaissance au-dessus de Tsushima. Le J-20 Firefang aurait donc survolé la zone pendant plusieurs minutes. Pourquoi faire une telle déclaration ? Clairement pas pour apaiser les relations entre Pékin et Tokyo ou entre Pékin et Séoul. Car si cette violation s’avère vraie elle est dramatique pour les systèmes de défenses aériennes et anti-aériennes de la Corée du Sud et du Japon. Les Chinois en ont rajouté une couche en rappelant que Japonais et Sud-Coréens accueillent sur leurs sols respectives des avions de combat américains. Et qu’eux non plus n’ont pas pris les air afin d’intercepter l’avion furtif.

Comme pour toute propagande il y a forcément un fond de vérité. Reste à savoir dans quelle mesure les Chinois ont exagéré l’importance de leur acte. Ce qui est sûr c’est que depuis deux ou trois ans Pékin tente de discuter à Washington DC la place de numéro 1 dans la conception d’avions de combats furtifs. Les Chinois savent que les Russes sont hors compétition avec leurs avions à la furtivité discutables et que les Européens se concentrent sur la génération future. Une annonce comme le survol de Tsushima et de son détroit au nez et à la barbe de la Corée du Sud, du Japon, et des États-Unis est forcément un bon argument. À condition bien sûr qu’il soit vrai.

Photo © ministère chinois de la défense