Bonjour les Passionnés,
Vaste programme et défi que d’élire mes dix Avions préférés ! Il y en a tellement depuis toutes ces décennies que je les dévore des yeux et les admire dans le ciel, sur terre, dans les magazines, livres et sur les sites d’aviation. Si vous vous en souvenez, je vous avais présenté la liste en deux parties, de mes dix Avions Légendaires en 2024 , liste que j’avais immédiatement différenciée de celle de mes Avions Préférés. Et bien, vous allez enfin découvrir cette dernière, de nouveau en deux parties, et constater que mes « Préférés » ne sont pas vraiment mes « Légendaires » ou inversement. Au fait quelle est la définition de mon Avion Préféré ? Vous allez vite comprendre que ce dernier est d’abord un « Racé », un « Performant », souvent un « Game Changer »…c’est un « Chasseur » ! La quintessence de l’Aviation, celle qui a permis une évolution technologique phénoménale en un siècle.
Avant de démarrer cette lecture, je vous propose de dresser votre propre liste et de la comparer à la mienne…histoire de vérifier si nous avons les mêmes références et goûts, et s’il s’agit d’une question de génération de Passionnés !
Vous êtes près ! Je lâche donc les freins et nous décollons immédiatement dans l’ordre croissant de mes Avions Préférés avec d’abord les 5 derniers de la liste.
10 – Republic P-47D Thunderbolt
A tout chasseur tout honneur, le dixième est une… Cruche ! « The Jug » comme était surnommé le plus lourd et le plus robuste des monomoteurs de chasse américains, le Republic P-47 Thunderbolt ; et plus particulièrement la version P-47D avec sa superbe « bubble canopy » (verrière en goutte d’eau inspirée du Hawker Typhoon ) greffée sur cet appareil à partir de 1944. A noter que la pose de cette nouvelle canopée entraina une instabilité latérale, nécessitant la greffe d’une nageoire dorsale à la base de la dérive. En résumé, « Du Lourd, du Mastoc, en un mot de l’Amerloc » ! Ce surnom de « Jug » lui venait pour certains de sa forme particulièrement massive et arrondie telle une cruche…! Son prototype, le XP-47B vola à partir du 6 mai 1941, et révéla immédiatement aux officiels impressionnés un gros potentiel, qui signèrent rapidement un bon de commande. Pourtant il n’était pas exempt de défauts tels que gouvernes mobiles entoilées rompues en piquée, verrière bloquée, démarreur récalcitrant. Ces derniers seront résolus au cours de la production de la première série de P-47B, considérée en fait comme une présérie; d’ailleurs ces 171 exemplaires commandés ne serviront en fait qu’à entrainer les pilotes au maniement d’un P-47, deux fois plus lourd que les autres chasseurs.
Bien que né « Chasseur Pur », et « Escorteur de bombardiers », il démontra grâce à sa très grande robustesse structurelle, en piquée notamment, et sa puissance de feu, d’énormes qualités de chasseur d’appui-feu ou chasseur-bombardier. Sa mission principale lors du débarquement fut de traquer blindés, canons, camions et fantassins allemands dans la campagne de Normandie puis dans la Bataille des Ardennes. Ces pauvres fantassins allemands terrorisés en gardèrent un très mauvais souvenirs, enfin pour ceux qui survécurent, les surnommant les « Jabos » (Jäger Bomber). En fait le P-47 est un Fairchild Republic A-10 Thunderbolt II ou « Warthog » avant l’heure, c’est bien pour cela, que ce dernier fut nommé « Thunderbolt II » par son constructeur. Une autre anecdote qui caractérisait cet « énorme » chasseur, au fort tempérament, était cette plaisanterie des britanniques sur le fait qu’il était possible pour son pilote « d’échapper à la Luftwaffe rien qu’en jouant à cache-cache dans son gigantesque avion » ! Vraiment celle-là, je ta trouve « savoureuse », j’ Adoorrrrrrre …! A noter qu’il fut l’un des chasseurs américains conçu durant la seconde guerre mondiale les plus produits sinon le plus produit avec plus de 15 600 exemplaires dont près de 13 000 P-47D.

09 – Lockheed SR-71 Blackbird
C’est le p’tit frère, enfin tout est relatif, de l’U-2, mais… en plus costaud, beaucoup plus rapide, et excessivement plus coûteux. J’ai nommé le fantastique Lockheed SR-71, tout droit sorti d’un livre de SF. La première fois que je l’ai découvert, je me suis dit, mais « ça existe vraiment ce truc !« . Le SR, comme Strategic Reconnaissance et non RS, comme Reconnaissance – Strike Role (Attaque) initialement prévu, est surnommé « Blackbird« , le Merle, car tout aussi noir que cet oiseau, qui lui donne cet aspect démoniaque ! En fait, le SR était plutôt d’un bleu très foncé, ou nuit, pour des raisons de camouflage et de dissipation de la chaleur par rayonnement. Heureusement que Skunk Works, le bureau d’études des projets secrets chez Lockheed, ne lui a pas greffé un bec…tout jaune !
Une des particularités de cette bête de course en titane d’origine… soviétique, qui débuta ses premières missions en 1968 et qui bourrinait à Mach 3+ et près de 80000 pieds (26000 m), c’est qu’elle fuyait… du carburant, en toute quiétude, sans que personne s’affole ! (cf photo ci-dessous – filets de carburant fuyant sur le dessus des ailes). En fait, la dilatation des matériaux à très haute température lors des phases de vols opérationnels à très haute vitesse et très haute altitude, imposa une construction innovante, incluant des zones de dilatation pour préserver la structure et la solidité de l’avion. D’où un revêtement « ondulé » pour éviter une déchirure de l’enveloppe, et des réservoirs devenant étanches uniquement lors des phases de vols opérationnels, grâce à la dilatation. Évidemment dès que l’avion sortait de sa plage opérationnelle, le revêtement se contractait et l’étanchéité n’était plus assurée, d’où ces fuites de carburant….!

08 – Sukhoï Su-27 Flanker
Après la Cruche qui distribue le « Plomb », le Merle Voyeur « Supersonique », voici la Grue soviétique qui se prend pour un « Cobra »…! C’est le célèbre et puissant Sukhoï Su-27 Flanker, la réponse du berger soviétique à la bergère américaine, dont le Chien de garde ou plutôt l’Aigle de supériorité aérienne de la fin des années 70/début 80, le McDonnell Douglas F-15 Eagle, fut lui-même conçu pour chasser le diabolique Mig-25 Foxbat. D’ailleurs si vous observez bien, ces deux monstres que sont les Su-27 et F-15, ont de nombreux points communs; ce sont des bi-moteurs très puissants (rapport poussée/poids >1), bi-dérives, ailes en position haute, entrées d’air rectangulaires, commandes de vol électriques.
Chasseurs purs de supériorité aérienne à long rayon d’action, ils ont aussi chassé les records de vitesse, ascensionnelle notamment; c’était une question de fierté ou plutôt d’ego national pendant la guerre froide. Ainsi le 11 mars 1987, un P-42, en fait un Su-27 de test, allégé au maximum (exit radar, avionique, IRST, pylônes d’armement, canons et soutes à munitions, peinture, plus radôme et freins allégés) et survitaminé (rapport poussée/poids proche de 2 !) est retenu au décollage, les réacteurs poussés à fond, par deux câbles reliés à un tracteur lourd; lorsque la puissance maximale est atteinte, un crochet commandé électroniquement libère la Grue. En fait, les freins ont tellement été « limés » et allégés qu’ils sont insuffisants pour retenir la bête, moteurs poussés à fonds. Le P-42 aux mains du pilote russe Nikolai Sadovnikov, brise le mur du son pendant sa montée fantastique et atteint les 12 000 m en 57 s et les 15 000 m en 76 s ! Ce n’est plus une Grue mais une fusée ! Le F-15 Streak Eagle est battu respectivement de 2 s et 1 s, mais 12 ans plus tard quand même ! Un an plus tard, le P-42 améliorera encore le record de quelques petites secondes. Evidemment ces deux avions « Record » n’avaient rien d’opérationnel, cure d’amaigrissement oblige.
Le Su-27, c’est aussi pour de nombreux passionnés, le « Cobra de Pougatchev », nom de la figure acrobatique exécutée pour la première fois en public au Salon du Bourget 1989 par le pilote d’essai soviétique Viktor Pougatchev. Cette figure nommée Cobra en référence au serpent qui se redresse lorsqu’il se sent menacé, a la particularité d’avoir été exécutée par Poutgatchev avec un angle d’incidence supérieur à 90°, en l’occurrence jusqu’à 120°; c’est à dire que le cockpit est incliné vers l’arrière. Bien que très spectaculaire, cette manoeuvre tient plus de la figure de cirque que de la tactique de combat aérien. En effet, elle ne peut se concevoir qu’en « dogfight » (combat rapproché), donc dans une situation de plus en plus rare à l’heure du combat « bvr » (Beyond Visual Range – au-delà de la portée visuelle), et l’appareil doit être techniquement et structurellement adapté pour réaliser et encaisser la manoeuvre, tout comme le pilote spécialement entrainé, sous peine de catastrophe aérienne !
Ces deux frères ennemis étant assez proches en terme de « hautes » performances, la différence au combat face à face se serait donc faite essentiellement au niveau de l’expérience du pilote; or du côté des américains, le volume et la qualité de l’entrainement des pilotes étaient bien plus importantes que les russes. Contrairement à Arnaud, j’affectionne le design de la « Grue », puissante, agile, gracieuse, avec ce zest d’agressivité qui la propulse à la huitième place de mes Avions Préférés.

07 – Chance Vought F4U Corsair
Une vrai bête de scène cet avion ! Evidemment cette septième place, le Corsair la doit en partie à cette superbe et célèbre série américaine «Les Têtes Brûlées» (« Baa Baa Black Sheep » en version originale) diffusée pour le première fois sur Antenne 2 le 27 mars 1977, et qui l’a élevé au rang de star au même titre que Robert Conrad, alias Major Pappy Boyington. Enfant, chez ma grand-mère, j’attendais avec impatience le dimanche en fin d’après-midi, la musique envoûtante et reconnaissable entre toute de cette saga aérienne de la guerre du Pacifique. Pappy Boiyngton et son Chance Vought F4U Corsair envahissaient l’écran de ma grand-mère, en couleur depuis peu, c’était un évènement, ce qui rajoutait encore au plaisir dominical !
Cet intercepteur et chasseur bombardier de l’US Marine Corp et de l’US Navy, adopte le même moteur que le P-47D, soit le Pratt & Whitney R-2800 Double Wasp, un massif moteur radial de 18 cylindres. Ce monstre mécanique entraine une gargantuesque hélice, à trois pâles sur la version F4U-1 et quatre pâles sur le F4U-4, mesurant plus de quatre mètre de diamètre. C’est justement cet imposant et long moteur qui compliqua et retarda jusqu’en 1944 le retour du Corsair sur les ponts d’envol des porte-avions, car il obstruait la visibilité du pilote lors de l’appontage. L’US Navy décida donc de l’affecter aux Marines comme les « Têtes Brulées » sur les bases terrestres du Pacifique, en attendant une solution fiable. Le Chance Vought F4U accumula alors de très nombreuses victoires et acquit la réputation d’un redoutable chasseur. Selon les statistiques officielles du Pacific Theater, les unités équipées de Corsair revendiquèrent environ 2 140 victoires aériennes pour 189 pertes en combat aérien, soit un ratio de 11:1 en faveur du Corsair ! Son surnom de « Whistling Death » (la mort sifflante), attribué par les Japonais, résulte du sifflement distinctif produit par le flux d’air traversant ses prises d’air montées dans les ailes. Ce bruit spécifique, devançant l’avion bien avant sa visibilité, renforça son image de chasseur impitoyable. Dès le premier épisode des Têtes Brulées, j’ai tout de suite été séduit par sa silhouette massive et musclée, ses ailes en W, et sa couleur bleu marine; cela s’est vérifié à La Ferté-Alais en 2024 lorsque je l’ai découvert réellement; vraiment un plaisir de l’approcher et de le toucher des yeux, et même des doigts….!


06 – North American Aviation P-51D Mustang
Certainement le plus séduisant et plus performant chasseur à hélices américain, voir planétaire, de tous les temps; j’ai nommé le North American Aviation P-51 Mustang, dans sa version P-51D coiffé de sa superbe verrière en goutte d’eau. Le Mustang, ça pourrait être aussi un Pur-Sang anglais, puisqu’il nait en 1940 d’un projet anglais de s’équiper d’un avion produit outre-Atlantique puis angliciser en Grande Bretagne, afin de soutenir les Hawker Hurricane et autres Supermarine Spitfire en pleine bataille d’Angleterre. North American Aviation répond favorablement à la demande du gouvernement britannique et fait voler un premier avion de série moins d’un an après l’accord ! Il est vrai que les ingénieurs américains avaient déjà un projet de chasseur en cours….Le Mustang I est né, et même bien né sur le plan aérodynamique mais ce n’est pas encore mon Avion Préféré, loin s’en faut même; le P-51 souffre d’un manque de puissance en altitude, du à un moteur en V et refroidissement liquide américain Allison V-1710, technologiquement en retard par rapport aux production européennes, au niveau des compresseurs notamment. Mais le Mustang va se nourrir du conflit pour évoluer, se bonifier comme le Bourbon Us ou plutôt le Scotch britannique, en adoptant les bonnes idées telles un nouveau moteur anglais Rolls Royce Merlin » Packardé » sous licence, par le constructeur américain de Détroit. Le Mustang, qui aurait pu s’appeler Apache (appellation initiale des appareils américains) est transfiguré par cet apport de puissance à basse mais surtout haute altitude. Dès lors le P-51B, survitaminé et jouissant d’une grande autonomie grâce à sa finesse aérodynamique et ses gros réservoirs d’ailes, peut dorénavant accompagner les bombardiers B-17 déferlant sur l’Allemagne. Il remplace rapidement La « Cruche » (P-47) et le « Diable à Queue Fourchue » (P-38), escorteurs aux pattes ou plutôt aux ailes un peu courtes.
La vrai histoire du Mustang démarre fin 43 début 44, et mon Avion Préféré n° 6 apparait enfin. Superbement métallique sans sa peinture de camouflage pour des raisons d’économie, de trainée et de poids, et coiffé enfin de sa légendaire verrière en goutte d’eau, le P-51C sort enfin de sa chrysalide et se transforme non pas en un gentil papillon mais en un P-51D rutilant, cracheur de feu. La bête aussi racée que performante dévoile enfin tous ses charmes et toute sa puissance, un Avion Légendaire est né ! Et pourtant il ne faisait pas partie de ma liste des Légendaires… ! Ce ne sera pas le cas du suivant de cette liste, tout aussi racé et performant, mais certainement plus connu de ce côté -ci de l’Atlantique grâce aux évènements dont il a été l’acteur principal, d’où son qualificatif mérité de « Légendaire ». Vous avez deviné de quel avions il s’agit ?

C’est déjà la fin de notre première série de mes Avions Préférés. Et vous, quels auraient été vos cinq Avions Préférés dans cette liste du N°10 au N°6 ? et quelle sera votre série pour les cinq premiers ? Les débats sont lancés…ils vont être « passionnés » et « légendaires » comme d’habitude sur notre site…! Bonnes réflexions !
Passionnément,
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
2 réponses
Émouvant article qui permet de mieux cerner qui est le passionné Christophe, difficile travail d’ouverture sur soi dont je serais bien incapable. Et en plus il faut dire qu’on l’a attendu… donc félicitations l’ami.
Salut Arnaud,
C’est toujours avec une certaine émotion, appréhension, mais aussi satisfaction quand je publie un de mes rares articles sur notre site; comme un accouchement, mais en moins douloureux quand même ! Par respect pour les lecteurs passionnés, les rédacteurs du site, et moi-même, j’essaie de toujours donner le meilleur de ma passion, d’où cette durée de gestation un peu longue de mes articles…Vérifications, recoupements, re-vérifications, re-recoupements, et de nouveau re-re…Tu vois évidemment de quoi je parle Arnaud, mais aussi Marcel et Gaëtan, ça en devient presque une gentille Toc aéronautique !
Merci pour tes félicitations, ça fait toujours plaisir de la part d’un personnage de ta trempe.
Au fait, as-tu pensé à ta liste ?
Passionnément,