Qu’un avion de combat connaisse une panne n’a rien de surprenant, ça reste une machine ! Que ce même avion de combat connaisse une panne durant son voyage de transit entre son pays de construction (les États-Unis) et son pays d’acquisition (la Belgique) là ça devient plus problématique. Mais alors que l’avion en question, un Lockheed-Martin F-35A Lightning II, ne soit toujours pas reparti dix jours plus tard là ça devient carrément risible. C’est vraiment dommage que nos amis belges soient ici les dindons de la (mauvaise) farce.
Lundi 13 octobre 2025 l’arrivée des quatre F-35A Lightning II de la Composante Air et Espace aurait dû être une fête à Florennes, le nid wallon de ces avions de chasse de 5e génération. Le souci c’est qu’après une escale technique sur la Base Aérea N°4 de Lajes aux Açores, une implantation de la Força Aérea Portuguesa, seuls trois avions furtifs ont redécollé. L’exemplaire codé FL011 n’a pas voulu ou pu repartir. Il était en panne. Ça arrive, même aux meilleurs. On croyait alors que l’avion rejoindrait la Belgique 24, 36, ou même 48 heures plus tard. Bah… non.
Dix jours après cette escale açoréenne le F-35A Lightning II FL011 est toujours sur place. Point positif ça permet aux militaires portugais de l’approcher de près et de se rendre compte qu’ils ont bien fait de lui tourner le dos. Point négatif ça décrédibilise totalement la Belgique et sa Composante Air et Espace. Pour ce qui est de Lockheed-Martin et de son avion on en n’est plus vraiment à ça près !
Les médias belges, et pour le coup autant francophones que néerlandophones, commencent à ne plus du tout en rire. La blague a assez duré. Et surtout ils soulignent l’étrange silence de la part du ministère de la défense à Bruxelles, comme si la gêne était désormais plus que palpable. Dix jours après l’immobilisation aux Açores de l’avion personne n’arrive clairement à dire pourquoi il ne redécolle pas. Il a été placé à l’isolement, loin des regards indiscrets. Il semble qu’une équipe d’ingénieurs et de techniciens de l’avionneur soit arrivée des États-Unis mais on doit cette information à des médias portugais. Panne mécanique ? Incident d’avionique ? Réacteur cassé ? C’est le schwartz le plus total, le grand flou absolu. Côté Composante Air et Espace on fait la politique de l’autruche ; et hop la tête dans le sable en attendant des jours meilleurs. Même l’habituellement prolixe ministre de la défense Théo Franken est désormais hyper silencieux sur la question. Pas une communication de sa part, même pas sur son cher réseau social X.
Alors bien entendu on ne se moque pas car nos amis Belges sont vraiment dans la panade avec leurs trois Lockheed-Martin F-35A Lightning II qui devraient être quatre. Et on ignore quand ils récupéreront FL011. Heureusement pour eux les prochains exemplaires seront assemblés en Italie. En cas de panne ils pourront toujours se poser en France et finir le trajet par la route ou le rail. C’est toujours ça de pris.
Photo © Island Aviation Terceira Azores
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3 réponses
Le quatrième appareil paraîtra bientôt, dit-on, sitôt que Touring Secours aura quitté l’asphalte pour le tarmac. Le dépannage routier, nouvelle avant-garde de l’aéronautique nationale : la Belgique innove, parfois sans le vouloir.
Peu importe l’écusson noir-jaune-rouge, le F-35 cultive ses humeurs partout. Et, pour la Royal Navy, ce n’est pas une bluette : deux incidents « mineurs », deux immobilisations d’au moins trente jours. Le premier près de l’Inde, cloué au sol un bon mois pour une peccadille technique. Le second au Japon, même motif, même durée, même patience. Précision utile : si l’attente s’allonge, c’est pour les pièces de rechange. Une vitrine éloquente de la grande qualité logistique de la maison « Lockheed ». Que l’on se rassure : le professionnalisme des mécaniciens n’est en aucun cas mis en cause.
Conclusion arithmétique : si nos F-35 belges attrapent les mêmes caprices, on comptera les heures de vol comme les jours de pluie au Caire — presque aucune — et les pannes comme les averses en Belgique.
Pendant ce temps, un pilote se découvre standardiste en altitude et appelle la hotline de Lockheed pour un problème de train d’atterrissage. L’épisode en Alaska, lui, concernait un appareil et un pilote de l’US Air Force, aux prises avec le givre et l’hiver souverain, et s’est conclu par une éjection en bonne et due forme. Fort bien. Mais pourquoi donc tester un appareil « tous temps » sans penser au grand froid ? Le sérieux a parfois la légèreté d’un flocon. Voilà qui illustre, avec tact et nuance, la fameuse « qualité de fabrication » Lockheed.
Vint alors le grand geste ministériel, ce fameux « tacle » qui congédie le Rafale d’un revers sec. Dommage pour cet excellent appareil, dont la Belgique aurait pu faire un usage raisonnable. Le ministre de la Défense lui préfère l’ombre prétendument furtive, experte à transporter des bombes qui, détail facétieux, ne hantent guère les abords de Kleine-Brogel. Le besoin, discret. L’enthousiasme pour le catalogue d’outre-Atlantique, éclatant.
Au chapitre des affections, nul mystère : l’amour traverse l’Océan, la francophonie, moins. Quant au pays lui-même, le ministre de la Défense l’honore avec une retenue qui rend l’hymne national soudain très silencieux. Il est des patriotismes économes.
Les comptes, eux, parlent sans trembler. On commande de nouveau onze appareils, assemblés en Italie pour Lockheed ; les dividendes prennent la trajectoire la plus directe vers les États-Unis. Le contribuable contemple la manœuvre, admire la précision du vol… des profits. Pendant ce temps, un achat de Rafale eût offert une défense aérienne debout lorsque la flotte de F-35 s’accorde une sieste pour incident « mineur ». La modernité a ses sommeils, il faut la comprendre.
Souvenir d’un précédent acte : à la grande époque, la Belgique alignait déjà des Lockheed. Le F-104, surnommé « faiseur de veuves » dans la Luftwaffe, tenait la chronique sombre pendant que le Mirage V gardait son sérieux. Et ce même Mirage V a épaulé le F-16 sous nos couleurs. À propos, rendons à César : le F-16 est un cas à part, conçu à l’origine par General Dynamics avant d’être repris par Lockheed. Quand on parle de « qualité Lockheed », il serait dommage de lui coller les lauriers des autres.
Ainsi s’écrit l’histoire : stratégie à grand spectacle, garanties en filigrane. Et si Touring Secours devient l’ange gardien de nos pistes, c’est que l’esprit belge conserve, malgré tout, un solide sens de l’absurde. Quant à ce foutu F-35, il promet encore de belles histoires belges.
Signé : un Belge qui aime la force aérienne (pardonnez, la composante aérienne), qui est triste de ce spectacle, et qui préfère en rire.
En attendant, le pilote belge pourrait voler sur simulateur…à distance depuis les Açores, du télétravail en somme.
N’empêche, ils sont forts chez L-M : Réduire M. Franhen au silence, ça n’est pas rien!!