L’un des intérêts des essais en vol menés à Edwards AFB sous la houlette de l’US Air Force c’est que cette dernière puisse établir ce qui lui plait et ce qu’elle apprécie moins sur un nouvel avion. Et quand on parle d’un programme aussi stratégique que celui du Northrop Grumman B-21 Raider c’est encore plus prégnant. C’est ainsi qu’elle veux désormais imposer le retour à bord d’un officier système d’armes. Un vœu qui n’est pas si simple que cela à exaucer quand on sait que le cockpit de ce bombardier furtif a été pensé pour deux pilotes seulement.
Alors certes un vieil adage dit que «le client est roi» mais là il faut remarquer que l’Air Force Global Strike Command, le commandement aérien de l’US Air Force en charge des bombardiers stratégiques, se réveille peut-être un peu tard. N’aurait-il pas fallu intégrer cette demande plus tôt, genre pendant la phase de conception de l’avion ? Toujours est-il que la campagne d’essais en vol de ce B-21 Raider tout autant que les évolutions futures de la stratégie américaine conduisent l’US Air Force à agir ainsi.
Sur le papier remplacer le deuxième pilote par un officier système d’arme n’a rien de très complexe. C’est en fait dans l’opérationnel que cela risque fortement de changer. Car le Northrop Grumman B-21 Raider a été pensé pour des missions stratégiques à longue portée et avec capacité de vols sur zones de combat au-delà des 30 heures. Dans un tel laps de temps de mission le recours à deux pilotes n’est pas un luxe. Quand récemment les Northrop B-2A Spirit sont allés bombarder l’Iran il a fallu près de 37 heures allers-retours, moyennant des pics d’activités lors de la phase de bombardement en elle-même ou bien durant les ravitaillements en vol. L’ordinateur de bord et les pilotes ont géré ensemble la charge de travail, les bombes.
Le dernier bombardier stratégique américain conçu pour accueillir pilotes et officiers systèmes d’armes est le Rockwell B-1B Lancer. Il s’agit en fait là d’un héritage des bombardiers lourds de la Seconde Guerre mondiale, en particulier les Boeing B-17 Flying Fortress et les Consolidated B-24 Liberator. Les ingénieurs de Northrop Grumman avaient donc choisi sur le B-21 Raider, comme sur le B-2 Spirit donc, de se passer d’un WSO. Cette initiale signifie weapon systems operator, le terme anglophone pour officier système d’armes. En lieu et place ils avaient privilégié un truc actuellement à la mode et franchement adapté à ce genre d’avion : l’intelligence artificielle. C’est donc une IA qui aurait dû avoir la charge de la gestion de l’armement avant et pendant les phases de frappes aériennes. Les décideurs de l’US Air Force en ont… décidé autrement.
Reste désormais à savoir si l’avionneur réussira le tour de force de les satisfaire et le cas échéant cela se fera t-il sans pénaliser le calendrier prévisionnel du B-21 Raider. Rappelons que techniquement l’avion doit entrer en service d’ici 18 à 24 mois. C’est un délai très court.
Affaire (évidemment) à suivre.
Photo © US Air Force
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