La France a t-elle engagée au Bénin un de ses (rares) ALSR Vador ?

Dimanche dernier un groupe d’officiers mené par un lieutenant-colonel du nom de Pascal Éloge Tigri a tenté de renverser par la force le président démocratiquement élu du Bénin. Patrice Talon n’a dû son salut qu’à l’intervention de forces loyalistes et au soutien du Nigéria et de la France. Cette dernière a notamment engagé un avion de surveillance Beechcraft Super King Air 350 ressemblant fortement à un de ses ALSR Vador. En était ce vraiment un d’ailleurs ?

Le rôle exact de cet avion français dans le maintien au pouvoir du président Talon reste obscur, presqu’une semaine après. Il aurait décollé de l’aéroport de Cotonou, où il était visiblement stationné depuis plusieurs jours. Opérant sous transpondeur l’avion militaire français serait mis en œuvre l’Escadron Électronique Aéroporté 1/54 Dunkerque dans le cadre de missions de lutte contre le terrorisme djihadiste en Afrique de l’Ouest mais aussi afin de contrer l’influence de la fédération de Russie dans la région. Le Bénin est un des derniers alliés fidèles de la France, un des derniers pans de la vieille Françafrique héritée du général De Gaulle et de Georges Pompidou.

Bien que porteurs de marques de nationalités françaises ce Super King Air 350 n’est en fait pas un ALSR Vador. D’ailleurs ceux-ci ne servent plus l’Escadron Électronique Aéroporté 1/54 Dunkerque depuis presque deux ans et demi. Ils dépendent désormais de l’Escadron de Reconnaissance 4/33 Périgord. Mais alors quel est cet avion ? C’est un appareil militaire privé reconnu comme tel depuis le 5 juin 2019 par le Journal Officiel de la République Française. Porteur de l’immatriculation française F-GYEE il appartient au contractor luxembourgeois CAE Aviation qui l’a mis à disposition de l’Armée de l’Air et de l’Espace depuis l’opération Barkhane. Bien que celle-ci soit terminée l’avion vole toujours en Afrique de l’Ouest afin de soutenir les intérêts commerciaux et diplomatiques français.

Des médias français de premier plan sont encore bien implantés en Afrique, à l’image de France 24 et de RFI, en dehors des dictatures aux ordres du Kremlin. En effet le Burkina Faso, le Mali, et le Niger ont forcé ces médias a fermé leurs bureaux afin de ne garantir à leurs populations que des «infos» estampillées pouvoir militaire. Or ce sont France 24 et RFI ainsi que le média Jeune Afrique qui ont en premier soulevé la présence du Super King Air 350 de CAE Aviation au Bénin. Et selon eux des militaires français du COS, le Commandement des Opérations Spéciales, auraient participé au maintien de Patrice Talon à la tête du Bénin.

Les médias prétendument spécialisés en aéronautique et/ou en défense anglophones et francophones qui ont donc affirmé depuis le début de la semaine qu’un ALSR Vador français avait participé aux opérations se sont bel et bien trompés. Ou alors ils ont menti ! Mais alors là c’est grave. En même temps un rapide coup d’œil à l’immatriculation du Super King Air 350, deux trois recherches à droite à gauche et leurs journalistes auraient dénicher les infos que je vous ai présenté. Je rappelle que ni Christophe, ni Marcel, ni moi-même, et pas même notre fondateur Gaëtan ne sommes journalistes. Recouper des données avant de pondre un article et d’offrir une information fiable c’est normalement à la portée du premier venu. J’en suis la preuve.

Au moins ce coup de force béninois raté aura permis de voir que le Super King Air 350 de CAE Aviation réside toujours en Afrique de l’Ouest et opère encore pour le compte de l’Armée de l’Air et de l’Espace. En théorie ce sont des militaires français qui volent à bord.

Photos © Adolfo de Urquia & ministère des Armées.