Et si au Bourget le grand gagnant s’appelait Aura Aéro ?

La start-up toulousaine va t-elle réussir le tour de force de griller médiatiquement la politesse à Daher et Dassault Aviation ? Depuis le début de ce 55e Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace le nom d’Aura Aéro est sur toutes les lèvres. Entre son avion de tourisme Intégral E et son avion de ligne régional ERA, tous deux électriques, le constructeur engrange les lettres d’intentions. Sur le marché défense aussi l’entreprise existe, autour d’un futur (hypothétique ?) drone MALE destiné au ministère des Armées.

L’Intégral E c’est la version électrique donc de l’Aura Aéro Intégral, un des biplaces côte à côte les plus intéressants actuellement. En effet ses concepteurs ont eu l’idée géniale de le développer en deux version : Intégral R à train d’atterrissage classique fixe et Intégral S à train tricycle fixe également. Et du coup la version propulsée par le moteur électrique Safran ENGINeUs s’appelle Intégral E mais est commercialisée en version ER et ES. Son usinage fait appel au bois et au carbone. Lundi dernier lors de la cérémonie d’ouverture du Salon du Bourget la famille Intégral a été présentée au premier ministre, monsieur François Bayrou.

Bien plus ambitieux est l’ERA, pour Electric Regional Aircraft. Il s’agit d’un avion à aile haute de construction mixte en aluminium et carbone conçu pour accueillir 19 passagers. Et oui il va directement entré en concurrence avec les Aircraft Industries L410NG, Cessna 408 SkyCourier, et De Havilland Canada Twin Otter 300G Classic. Sauf qu’à la différence des avions américains, canadiens, et tchèques l’ERA n’est nullement animé par deux turbopropulseurs. En lieu et place il dispose de huit moteurs électriques Safran ENGINeUs. Malgré ce que son nom indique l’avion ne sera pas purement électrique puisqu’il devrait accueillir une turbine montée en redondance avec des générateurs électrique et conçue avec l’aide de Safran Helicopter Engines, ex-Turboméca. Esthétiquement parlant l’ERA n’est pas sans rappeler le très élégant Evektor EV-55 Outback tchèque malheureusement demeuré sans suite en 2017.

Avant ce 55e Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace l’Aura Aéro ERA avait déjà engrangé plus de 500 lettres d’intentions, tant le programme est solide et bien avancé. Le premier vol du prototype est prévu pour l’an prochain et à coup sûr l’ERA devrait être la vedette de l’édition 2027 du Salon du Bourget. Jusque là par exemple on savait que la compagnie aérienne française Twin Jet voyait en lui le successeur de ses actuels Beechcraft 1900D Beechliner. Excusez du peu. De nouvelles lettres d’intentions sont apparues depuis ce lundi 16 juin 2025 avec notamment JumpAir en Estonie ou encore Marathon Airlines en Grèce. Les futurs clients de l’avion français se retrouvent aussi en Afrique, en Amérique du Nord, et en Amérique du Sud.

Avion de tourisme, avion de lignes régionales, la start-up toulousaine née en 2018 semble innarretable. Surtout quand on sait que le ministère des Armées s’intéresse de très près à son drone MALE (pour Moyenne Altitude Longue Endurance) Enbata. Celui-ci a été conçu avec le soutien des géants Safran et Thales et de la start-up altoséquanaise Arésia. Ce mardi 17 juin 2025 une compétition est née opposant Aura Aéro à Daher, Fly’R, SE Aviation, et enfin Turgis & Gaillard. L’Enbata est donné pour une autonomie de 55 heures avec une capacité d’emport d’une tonne. Là encore le premier vol est annoncé pour l’année prochaine.

Si 2026 semble bien s’annoncer comme l’année d’Aura Aéro gageons que le constructeur français a déjà gagné son pari : tout le monde parle de lui. Et les journées grand public n’ont pas encore commencé, c’est maintenant qu’il va devoir toucher le cœur des visiteurs. Aux vues du fort capital sympathie de ses avions de tourisme Intégral et de son ERA de ligne, aucun doute qu’il y parviendra.

Illustration & photo © Aura Aéro